Je suis enfin de retour chez moi. Enfin, je veux dire à Poudlard. Quel soulagement. Mère m'a donné des nouvelles. Le procès s'est mal passé. C'est-à-dire que le ministère n'a mis aucune condamnation envers la jeune meurtrière.

Ils ont estimé que deux sorciers adultes, de surcroît venant d'une famille puissante pour l'homme, auraient dû être capables de se défendre contre une fillette de six ans qui n'avait jamais entendu parler de magie et ignorait ses pouvoirs. La légitime défense lui a été accordée.

Le ministère a refusé toute surveillance de la demoiselle et son identité n'a pas été révélé aux membres de la famille du défunt ni aux autres sorciers. Seul le gouvernement magique connaît son vrai nom. Le ministère a lancé une enquête à propos d'un retour de Voldemort ou d'un de ses descendants et des recherches pour retrouver Morgane. J'apprends que Bellatrix a réussi à se faire passer pour la fée millénaire et a ainsi brouillé les pistes.

Je découvre aussi que la folle a enfanté la meurtrière. Mère enrage. Elle espérait faire tuer la fillette. Je réponds à son hibou d'un ton peiné afin de faire le bon fils. Je jubile de cette décision. L'enfant s'en sort indemne. Le ministère va fureter et contrarier les plans de ma famille. C'est génial. C'est une excellente nouvelle.

Je dois m'assurer que la fillette est bien Maeve. Il faut absolument que je lui parle. Je me demande toujours comment aborder le sujet et surtout, je m'inquiète pour celle que je considère comme une amie. Cet été as dû être si difficile pour elle. Je croise enfin la brunette dans la salle commune. Nous sommes seuls. Elle semble amorphe, comme sortie de son corps.

- Eh Maléfique ? T'as passé de bonnes vacances ? J'ai plein de musiques pour ton iPod, lui dis-je pour lancer la discussion.

Je me retrouve plaqué au mur. Je n'arrive plus à respirer. Je sens mon cœur qui s'affole. Maeve est rouge de colère, cheveux verts, yeux violets injectés de sang, la main levée dans ma direction. Elle se met à crier comme possédée et se tient la tête entre les mains tandis que je suffoque. J'ai hyper chaud. Le foyer de la cheminée est un brasier vers lequel je me dirige doucement. Je vois qu'elle halète elle aussi avec difficulté.

- SALETÉ DE LESTRANGE, hurle-t-elle.

Elle se met à pleurer. Je m'écroule par terre. Le foyer s'éteint. Je retrouve une chaleur corporelle normale. Je m'approche doucement. Elle recule, apeurée. Son visage est ravagé par les larmes. Je retente de m'approcher.

- Maeve ? Qu'est-ce qui se passe ?

- NON ! NE ME TOUCHE PAS SALE LESTRANGE. NE ME TOUCHE PAS OU JE TE TUE ! NE M'ADRESSE PLUS JAMAIS LA PAROLE ! JE NE VEUX PLUS TE VOIR ! PLUS JAMAIS !

Je suis de nouveau plaqué sur le mur avec violence. Maeve s'enfuit en pleurant. Je n'ai plus de doute. Mon amie est bien celle qui a tué Père. Elle a appris le nom de son agresseur. Elle me déteste maintenant, à cause de mon nom de famille. Je ne peux pas lui en vouloir. Sa haine me brise le cœur.

Je me suis confié à Louise. Mon amie a bien essayé de parler à Maeve. Maléfique ne lui a pas fait de mal cependant, elle lui a interdit de lui ré adresser la parole. La brunette nous évite comme tout le monde. Elle fait acte de présence avec la bande de mon cousin quand ceux-ci la forcent à rester avec eux, mais c'est un zombie sans réaction.

Louise a déposé un cd de musique sur son lit. Cela fait près d'un mois qu'il reste emballé sur la table de chevet. Mon amie me dit que Maeve n'écoute même plus son iPod le soir comme avant. Maléfique se contente de caresser son chat en silence.

Louise l'a plusieurs fois entendu pleurer durant la nuit. Elle a voulu lui parler pour la consoler. Notre amie lui a jeté un sort à chaque fois et Louise s'est réveillée le lendemain dans son lit. Sarah tente aussi de discuter avec Maeve dans les dortoirs, sans succès.

Même son pyjama licorne qui nous faisait tous sourire a disparu. Maléfique est devenu un robot. Cela préoccupe beaucoup mon cousin et ses amis. Ils sont désemparés et ne savent pas comment retrouver leur amie.

Je ne vois même plus Maeve. Parfois, je sais qu'elle est dans la salle, j'entends Sarah ou Horace lui parler, mais je ne la vois pas. Je ne l'entends pas. Même en cours. Louise m'indique où elle est assise, je vois un banc vide.

Maeve m'a sûrement jeté un sort pour m'empêcher de la voir et de l'entendre. J'ai beau potasser tous mes livres de magie, je ne trouve pas cet enchantement. J'interroge les professeurs avec discrétion. Ils ignorent l'existence d'une telle chose.

Défense contre les forces du mal. Aujourd'hui, on aborde les duels. Je suis distrait et préoccupé. Je me fais sortir dès le premier tour par Louise. Je prétexte avoir voulu faire preuve de galanterie pour sauver l'honneur, ma pote n'est pas dupe et se fiche de moi.

Il ne reste plus que quatre personnes. Alice, Rodrigue, Oliver et Maeve. Oliver gagne face à Rodrigue. Les deux filles s'affrontent, ou plutôt Alice se fait ridiculiser en trois secondes par un sortilège du saucisson. C'est interdit. Personne n'a entendu les mots.

Oliver va affronter Maeve. Oh bordel, je veux voir ça. Je suis soudain excité comme une midinette en chaleur devant son boys-band préféré. Louise me frappe avec son écharpe pour me calmer. Tout le monde observe le duel avec attention.

À la surprise générale, Oliver lance un canard sur l'estrade. Le silence se fait. C'est quoi ce sort de merde ? Le canard se transforme en cygne majestueux noir, puis en serpent venimeux et en lapin en chocolat sous la baguette de Maléfique.

Put... Naise. J'ai pigé. Oliver veut faire réagir la petite. Il la surnomme petit canard. Cela explique le volatile. Cette andouille recouvre l'estrade de combat de pâquerettes. Il est malin le coquin. Il n'attaque pas Maeve, il la titille seulement.

Ça semble fonctionner, vu la réponse. La petite chipie se moque de son côté noble en asseyant mon cousin sur un chiotte avec une couronne en or sur la tête. Les Français disent parfois aller au trône pour dire qu'ils vont aux toilettes. Oliver va y. Continue !

Je me retiens avec difficulté de crier tel une groupie. La moitié de la salle se marre. L'autre se demande ce qui se passe. Oliver lance un sort de fou rire. Maeve le recouvre de fourmis. Oliver la déguise en pyjama licorne, le retour. Maléfique lui colore les cheveux roses. Une chamaillerie de gosse. Une querelle d'amoureux. Il ne me manque plus que le pop-corn. Je profite du spectacle comme un bon film comique.

Oliver réfléchit puis se décide pour une peluche de petit chat avec un serpent qui l'étrangle. Je me marre. La peluche devient un tigre avec un boa de plumes rose. S'ils continuent comme ça, je vais me pisser dessus de rire. Horace, Alice, Rodrigue, Sarah et Jamie sont dans le même état que moi. Louise et mes potes aussi. Le prof semble désespéré.

C'est le duel le plus minable depuis un bail. Oliver attire l'iPod de Maeve. La réaction est immédiate. Oliver fait un vol plané sur plusieurs mètres. Maléfique lui a pris sa baguette. Mon cousin a perdu le duel toutefois, il a un sourire de parfait crétin fier de lui.

Louise me décrit que la miss exprime enfin une réaction. Oliver voit ses cheveux redevenir roses. Ils changent de couleur toute l'aprem avec toujours des couleurs ridicules. Il est heureux. Je ne peux m'empêcher d'être fier de lui. Bien joué cousin.

Durant une semaine, je vois Oliver subir de nombreuses représailles. Dimanche matin, je comprends que Maeve s'est endormie la veille avec son chat dans le lit d'Horace. Tiens le chat aussi, je ne le vois pas, j'y pense. Je me dirige pour prendre le petit déj à la suite des autres gars. Nos tables se couvrent de viennoiseries françaises.

Du soir, même surprise. Les garçons des trois autres maisons ont droit à des chocogrenouilles. Ceux de Serpentards, sauf Oliver et moi, ont des dragées surprises de Berthie Crochue. Jamie reçoit également des bonbons pour imiter les cris d'animaux. Horace un serpent en chocolat. Mon cousin Oliver et moi, des pastilles de gerbe. Je revois enfin Maeve. Elle a levé son sort.

Heureux, je tente de m'approcher d'elle dans la soirée. Le regard qu'elle me lance m'en dissuade. La haine qu'elle éprouve à mon égard est si visible que son regard me foudroie. Deux jours plus tard, elle est de nouveau seule dans la salle commune. Je prends mon courage à deux mains et me rapproche d'elle.

Son chat me souffle dessus en me voyant, il cherche à me griffer, couche ses oreilles. Ses pattes me lancent des coups de griffes dans le vide. Même son chat me déteste. Je tente d'éloigner le petit tigre avec un sort de lévitation, cependant Maeve ne m'en laisse pas le temps. Je suis projeté avec violence contre la fenêtre donnant sur le lac et ne peux plus bouger. Maléfique se met à hurler.

- VA-T’EN !

- Maeve, je veux juste te parler !

- VA-T’EN SALETÉ DE LESTRANGE !

Le foyer s'embrasse. Maléfique aussi. Je vois des flammes gigantesques envahir la salle. Le chat est protégé dans une bulle de protection, les meubles sont en train de se consumer, l'air vient à manquer. Comme la dernière fois, je me mets à suffoquer, les flammes se rapprochant de plus en plus et commençant à me faire transpirer et paniquer.

Maeve est au milieu du brasier, furieuse et vindicative à mon égard. Elle s'est transformée en torche humaine dont j'admirerais la splendeur et la puissance dans d'autres circonstances. Là, j'ai juste peur pour ma vie.

- VA-T’EN SALETÉ DE LESTRANGE ! VA-T’EN SALETÉ DE LESTRANGE ! C'EST LA DERNIÈRE FOIS QUE JE TE LE DIS !

Je suis dans l'incapacité de lui répondre. La chaleur de la pièce m'assèche la bouche. Les fumées me font tousser et l'intensité lumineuse des flammes me fait mal aux yeux qui pleurent. Maeve est en colère et ne se calme pas. Il ne reste plus rien dans la pièce. Si elle continue, elle va cramer Poudlard.

La chaleur devient insupportable. J'ai l'impression de bouillir de l'intérieur. Mon cœur s'affole, mon esprit tente des sortilèges informulés, ne pouvant utiliser ma baguette. Tout ce que je réussis à faire est une bulle d'air qui m'amène un second souffle.

- Aqua sequi, je murmure, espérant faire apparaître un peu d'eau pour me rafraîchir.

D'un coup, je me sens plus frais. Ma main est devenue de l'eau ainsi que le reste de mon corps. J'ignore ce qui se passe, cette magie diminue l'attaque de Maeve et me permet de la supporter. J'arrive à me décoller du mur et essaye de m'approcher de mon ancienne amie avec difficulté.

Alors que je suis presque arrivé à sa hauteur, elle lève la main, pour me lancer un sort encore plus puissant. Je tente de lui saisir la main pour l'empêcher de m'achever et un phénomène étrange se produit.

La vapeur entre nos deux paumes forme un dessin. Entre nous, un cœur qui bat apparaît. Cette vision nous trouble tous les deux. Maeve s'évapore dans un nuage violet avec son chat et je me retrouve à genoux, au milieu d'une salle commune ravagée par les flammes et inondée. Les meubles se reforment peu à peu pendant que je reprends mon souffle et mes esprits. Je ne parviens pas à comprendre ce qui s'est passé.