2.1.2 Bracelet Brisé
Tout va bien jusqu'Octobre. Mon cousin, Benoît Lestrange me colle durant le week-end précédent les vacances. Je me demande bien pourquoi il se décide soudain à me parler des filles. Lui aussi est joli garçon et les demoiselles lui tournent autour. Je ne vois pas où il veut en venir.
Je l'aime bien au fond de moi. Seulement, ses idées un peu connes, notamment à propos des sangs purs, ont le don de me mettre en colère. J'essaye de me débarrasser de lui avant de rejoindre mes camarades, il s'accroche et se tape l'incruste. Mes potes et surtout mon petit canard font la tête en le voyant.
En quelques minutes de discussion, les yeux de Maeve passent du violet rieurs au rouge de colère, verts de rage puis noisettes inexpressifs. Line hérisse le poil en le voyant. Benoît parle avec mépris des moldus. Je vois mon petit canard qui se contient. J'essaye de faire changer de sujet mon cousin et n'hésite pas à le remettre à sa place. Je n'approuve pas ses idées et il le sait. Mon petit canard se rapproche de moi et me murmure :
- Pour toi majesté, je vais rester calme et pas lui exploser sa sale gueule. Parce que c'est ton cousin et que tu l'aimes. Je vais m'éloigner pour sa sécurité.
Je la vois partir calmement en silence, la pointe de ses cheveux est verte. Maeve a dans la main une petite boule de feu bleu et orange. Horace aussi s'éloigne et la rejoint. C'est vrai que son grand-père est moldu. Tous les deux se dirigent vers le groupe d'Alice et de Rodrigue. Je ne peux pas les retenir. Je les comprends.
Mon cousin est insupportable parfois. Il me reproche mes fréquentations. Benoît me parle de Louise Nott une fille de mon âge qui est folle amoureuse de moi depuis la maternelle. Une demoiselle à qui je n'adresse quasiment pas la parole. Il me gonfle à la glorifier ainsi en dénigrant les autres filles. Ok c'est une sang pur avec qui il s'entend bien mais à force, il est casse-couilles.
- T'as qu'à la draguer si elle est si parfaite. Ça m'en débarrasseras. Lui dis-je d'un ton rageur.
- Elle est trop jeune pour l'instant, mais quand elle sera plus âgée, si tu ne changes pas d'état d'esprit pourquoi pas. Sa famille est puissante, riche et pure. C'est un bon parti.
Mon cousin me dégoûte en disant ces mots. Il n'a aucun respect pour Louise en fait. Pour lui, elle est juste un objet pour servir ses idéaux. J'ai envie de lui mettre mon poing dans le nez. Voilà en plus la donzelle qui pointe son nez, toute penaude et rougissante. La blondinette vient nous parler que ses parents organisent un bal pour Halloween. Elle doit se trouver un cavalier parmi les familles invitées.
- Tu sais qui est invité ? Je lui demande poliment.
Elle énumère les noms. Que des sangs purs ou des mêlés situés à des postes importants. J'ai l'impression de me trouver cent ans en arrière. J'entends Horace rire aux éclats et tourne la tête. Alice est en train de lui faire des chatouilles. Elle est à califourchon sur lui et il se tord dans tous les sens.
- Le petit peuple n'a vraiment aucune tenue ni classe, dit mon cousin d'un ton méprisant.
-Tu sais ce qu'il te dit le petit peuple connard ?
Mon cousin vole dans les airs et se retrouve propulsé dans une mare de boue. Maeve est venue récupérer son chandail et nous a entendus. Elle a réagi avant moi. Benoît essaye de se mettre debout, des seaux de fumier de cheval et de bouse de vache se déversent sur lui. Tout comme les filles de dernières années il y a un an, Benoît ne parvient pas à se libérer de l'emprise puante.
- Putain Maeve. C'est mon cousin.
Je la bouscule et le rejoins pour l'aider à se redresser. Il est con certes, il ne mérite pas d'être traîné dans la boue de cette manière devant tout le monde. Maeve est en pétard, les yeux violets. Pour la première fois, sa colère ne se dirige pas vers moi. Mon cousin risque gros, mon petit canard se modère avec moi et je suis capable d'encaisser ses coups. Benoît, j'en suis moins sûr. Je m'interpose et tente de calmer mon amie.
- Famille de consanguins tarés, crache t'elle en notre direction.
Mon cousin lève sa baguette en sa direction. Il veut lui lancer un sort. Je suis entre deux sorciers puissants en colère, tentant dans une mission suicide de les apaiser tous les deux. Je fais signe à Benoît de baisser sa baguette, il ne m'écoute pas.
- Expelliarmus , lance t'il.
Non seulement Maeve garde sa baguette, mais en plus l'éclair qui sort de la baguette de mon cousin se transforme en ballon de baudruche se dégonflant dans un bruit de pets. Je vois les cheveux de la brunette commencer à se colorer en vert. Je me tourne vers elle et m'avance pour la prendre dans mes bras. Je ne peux pas bouger. Mon petit canard fait souffler le vent et d'un geste de la main, elle nous expédie dans le lac de Poudlard.
- Je vais me plaindre en haut lieu. La faire virer de l'école. J'ai des connaissances. Benoît hurle de colère en nageant vers le bord.
- C'est ma meilleure amie. Enfin, elle l'était jusqu'à ce que t'arrive tout foutre en l'air. Putain pourquoi t'es devenu aussi con en grandissant ? Tu me fais honte.
Je lève ma baguette et le renvoie dans le dortoir avec violence. Je suis tellement en colère contre lui. Comment le gamin espiègle de mon enfance a pu devenir aussi débile et méchant ? Je regagne le rivage, voyant Sarah et Jamie venir à mon secours.
Je crie, furieux contre Benoît, Maeve et moi-même. Mon impuissance à prévoir le drame et à réagir me donne envie de me frapper. Toute la semaine, je tente de reparler à mon petit canard ainsi qu'à Horace et Alice. Ils me snobent. Nous partons en vacances fâchés.
En novembre, la colère de mon pote et de la rouge et or est passée. Tous les deux comprennent que ce n'est pas de ma faute si mon cousin est un abruti. Pas Maeve. Elle reste vindicative et ne m'adresse plus la parole. Si je m'approche, je me prends des seaux d'eau dans la tête. Horace tente sans succès de plaider ma cause et se retrouve avec la bouche cousue dès qu'il m'évoque. La brunette l'a menacé de le tremper lui aussi s'il continuait à me défendre.
Elle s'est éloignée de nouveau du groupe et s'isole avec son chat. Elle assiste aux cours et s'enfuit dès la fin pour contrer toute tentative de discussion. Je sais que Sarah et Louise ont voulu lui parler, Maeve s'est enfermé dans une bulle, les empêchant d'approcher et installant ses écouteurs sur ses oreilles, refusant de communiquer. Les élèves l'évitent de nouveau.
Au cours de défense contre les forces du mal, notre duel ravage la salle. Je suis furieux qu'elle ne daigne pas m'écouter. Elle me prend pour mon cousin. Des flammes, des araignées, des sorts de désarmements, des éclairs, ... Ce n'est plus gentillet. On enchaîne les sorts comme deux boxeurs sur un ring. Nous sommes en colère l'un contre l'autre. Nous dialoguons et nous engueulons par sorts interposés.
Maeve me lance un dragon de flammes, bien plus puissant qu'il ne le devrait. Je le contre avec un sort instinctivement. Mon petit canard ne se contrôle plus, elle ne se modère pas. Elle vient clairement d'essayer de me faire très mal. Alors que je reste stupéfait de sa violence, je me retrouve face à un énorme serpent enragé, un bébé Basilic. Le Professeur Bordial, venu aider à la demande de l'enseignant principal, s'interpose aussitôt. Il se place entre moi et le reptile.
- SUFFIT.
Le serpent s'évapore. Quelque chose tombe sur le sol. Mon précieux bracelet est brisé. Il fond et ne ressemble plus à rien. Il est devenu une tache d'argent liquide informe. Mon petit canard me déteste. Elle vient de me retirer son amitié. Je ne peux même pas essayer de le ramasser, le liquide bout soumis à une chaleur intense. Maeve sort en courant de la salle.
- MISS TEYSSIER. REVENEZ TOUT DE SUITE VOUS EXCUSER.
La brunette se retourne. Ses cheveux deviennent verts, elle se met à siffler avec une langue fourchue en direction de la classe. Le professeur est plaqué contre le mur sans pouvoir réagir dans une énorme explosion. Line qui dormait sur les genoux d'Horace, miaule avec rage contre elle. Maeve baisse les yeux sur son chat.
Elle se met à vaciller. Ses prunelles violettes redeviennent noisette puis mon petit canard éclate en sanglots et s'évanouit. Horace se précipite vers elle. Elle est inconsciente. Son nez et sa bouche saignent. D'autres professeurs arrivent, alertés par le bruit. Le professeur Bordial revient à lui. Il ramasse Maeve délicatement et la porte dans ses bras.
- Charline, suis-moi à l'infirmerie. Ta sœur va avoir besoin de toi.
Il part en compagnie du petit chat, nous laissant tous dans l'incompréhension la plus totale. Je tente de rassembler les morceaux avec mes potes. Même Horace ne comprends pas les propos du professeur ni ce qui s'est passé. La colère de Maeve est disproportionnée. Ce n'est pas la première fois que mon cousin dit des âneries sur les moldus. Horace m'avoue que la brunette est imbuvable depuis les vacances. Elle est à fleur de peau.
Mon pote pense qu'elle nous dissimule quelque chose à propos de son été. C'est la raison de son inaction au début d'année et aujourd'hui de sa fureur incontrôlable. Je ne dis pas à mes amis que cette fois, Maeve a vraiment cherché à me faire mal. Son tigre n'était pas un simple sort.
Elle a utilisé la formule interdite sans la prononcer. Je me suis protégé avec un écran d'eau qui s'est évaporé aussitôt tellement la chaleur était forte. Un autre que moi aurait fini brûlé vif. Je ne veux pas qu'Horace ou quelqu'un d'autre ait peur d'elle, toutefois je suis inquiet.
Je cogite le restant de la journée, m'interrogeant sur les raisons qui poussent Maeve à ne pas se confier. Ces propos sur la consanguinité de ma famille me trottent dans la tête. J'avais l'impression que sa colère était personnellement dirigée contre moi et Benoît. Je veux dire au-delà des paroles idiotes de mon cousin. Quelque chose chez nous deux la mise en colère, faisant ressurgir un truc qui l'irrite au plus haut point.
Est ce notre statut de sang pur ? Non. Louise n'a subi aucune violence et n'a pas semblé énerver Maeve. En plus, même si elle ne croît pas à la suprématie du sang, mon petit canard ne méprise pas les sangs purs pour autant. Elle est si étrange depuis la rentrée. Ses réactions deviennent imprévisibles. Je me torture l'esprit, songeant que quelque chose que j'ignore doit dévorer celui de mon amie.
Dans la nuit, je fugue du dortoir et me dirige vers l'infirmerie en secret. J'aperçois Maeve inconsciente dans un lit. Une petite fille aux cheveux roux se tient à côté d'elle et pleure, la tête dans ses mains. Plusieurs poches dont une de sang sont placés en transfusion dans les bras de la brunette qui est pâle. Une sorte de bulle isole les deux filles. Horace et Alice ont eu la même idée. Ils se tiennent à distance en cachette. Aucun de nous n'ose approcher.
La rouquine se retourne soudain. Elle a des yeux noisette semblables à ceux de Maeve. Elle nous aperçoit et se focalise sur mon pote, à qui elle sourit timidement.
- Ils sont là. Je te l'avais dit qu'ils viendraient tous les trois. On fait quoi ? Moi, j'en ai assez. Je leur dis si tu ne te réveilles pas de suite.
La bulle éclate comme si elle était de savon. La petite fille nous fait signe de s'approcher. Maeve ouvre les yeux. Ils sont noisettes inexpressifs. Fait chier. Elle observe le plafond sans nous regarder et déclare d'une voix éteinte:
- Je vous présente Charline. Ma petite sœur moldue. Ma seule famille. Oliver, casse toi. Je ne veux plus te voir. Tu n'es plus mon ami. Ne t'avise pas de t'approcher d'elle ou de la toucher sinon je te fais exploser de l'intérieur.
J'ai comme une main qui me tire en arrière et me renvoie dans ma chambre sans que j'arrive à lutter. Je ne peux pas en sortir, une barrière invisible bloque la porte et les fenêtres, mais uniquement pour moi.
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