De retour à l'école, je tente de trouver la taupe au service de Bellatrix. Je me demande qui au sein de Poudlard serait capable d'en savoir autant. Je suspecte quasiment toute l'école. Je n'élimine que peu de personnes. 

Avec son don pour la légilimancie et surtout l'Impéro, la folle peut utiliser n'importe qui à son insu. Je ne pense pas qu'elle utilise un enfant, trop peu fiable à son goût, je vois plus un professeur.

Je note toutes les informations anciennes et les nouvelles qui parviennent au manoir, le temps qu'il faut pour y parvenir et surtout la manière dont les événements sont perçus. 

Je comprends vite que l'espion peut envoyer des hiboux, certains nouveaux éléments mettant moins de quarante-huit heures pour que Bellatrix me demande ma version des faits. Cependant, de nombreuses choses ne semblent pas connus de cette personne.

Ce n'est donc pas quelqu'un de très proche de la bande, voir même quelqu'un à l'extérieur de Poudlard. Peut-être un habitant de Pré au lard qui vient assez souvent à l'école. Je penche de plus en plus pour cette option. 

Maeve et moi, nous amusons même à modifier la version des faits de la taupe pour que Bellatrix la pense non-fiable. Nous essayons de discréditer cette personne, toutefois, en ignorant de qui il s'agit, cela devient difficile.

J'envoie de nombreux hiboux à mon arrière-grand- mère sous prétexte de me tenir au courant et de lui raconter les derniers méfaits du monstre alias Maeve. Bellatrix a totalement oublié la présence de Charline et son lien avec Maléfque. Elle ne se concentre que sur les actes magiques de la brunette et ses colères, ses très nombreuses colères, toutes contre Oliver. 

Ces deux-là passant leur temps à s'étriper. Cela réjouit Bellatrix qui devient demandeuse de potins. On pourrait croire qu'elle a un cœur d'artichaut et se comporte comme une midinette s'extasiant sur l'histoire d'amour de deux ados.

En réalité, elle est heureuse qu'Oliver et Maeve se détestent. Comme ça, lors du choix final, c'est mon cousin qui mourra. Ce qu'elle n'a pas compris, c'est que Maléfique a de l'affection pour lui. C'est juste qu'ils ont tous les deux le même caractère infernal. 

Je m'aperçois vite que ces deux-là sont très souvent de mauvais poil et ont décidé, d'un accord commun de se crier dessus pour ne pas s'en prendre aux autres. Tant qu'ils se battent l'un contre l'autre, ils peuvent exploser un bon coup au sens propre du terme si j'en crois les vitres de Poudlard, sans prendre le risque de blesser quelqu'un.

Je me mets à apprécier leurs disputes ou plutôt la façon qu'ils ont ensuite de se réconcilier. Si je raconte en amplifiant les engueulades des deux paquets de nerfs à ma famille et surtout Bellatrix, je cache ou minimise les pardons. 

Les bouquets de fleurs, les demandes de pardons publiques, et les câlins rapides ou secrets, je me réjouis de les voir ensuite retrouver leur complicité jusqu'à la prochaine dispute. Ils sont infernaux ces deux-là.

Bellatrix est ravie de chacun de mes rapports. Elle ne cesse de me congratuler sur mon incroyable capacité à prendre des renseignements discrètement et avec autant de détails. Elle ignore que je suis très souvent dans les parages de mon cousin. 

En plus, entre Louise la commère, Sarah la pipelette et Maeve qui se confie à moi, je sais quasiment tout même ce que je préférerais ignorer comme les amours des filles de Serpentards. Bellatrix m'envoie des hiboux presque affectueux, tout comme Mère. Les Lestrange sont fiers de moi.

Louise m'assiste vraiment beaucoup dans mon entreprise de renseignements. Son réseau de copines de tous âges couvrent quasiment tous les événements de Poudlard. C'est incroyable cette capacité qu'ont certaines personnes et souvent des filles d'être au courant de tous. 

Ma douce amie est même copine avec les trois-quarts des fantômes de l'école. Elle a un charme et une apparente innocence qui fait fondre quiconque la croise sauf Oliver et Maeve. Ce sont les seuls à résister à son charme bien que Maléfique apprécie la blondinette.

C'est par l'intermédiaire de ma petite chérie que j'apprends des informations capitales dans ma recherche de l'informateur de Bellatrix. Ce qu'il relate ne concerne que les incidents impliquant des garçons. Quand cela parle de filles et uniquement d'elles, la folle ne le sait pas via cette source. Louise est donc convaincu qu'il s'agit d'un garçon ou d'un homme.

De plus, ce qui se passe au sein des dortoirs autre que Serpentard est aussi ignoré. L'informateur n'a donc accès qu'aux communs et au dortoir des garçons des Serpentards. 

Maeve a une confiance totale envers le Professeur Bordial, seul adulte autorisé dans le dortoir des Serpentards. Donc, ce n'est pas un adulte, mais un pensionnaire. Je pense qu'un Mangemort se fait passer pour un élève.

Louise met le doigt sur un fait important, les incidents relatés rapidement sont ceux survenant durant le week-end. Ceux arrivant en début de semaine mettant une semaine à parvenir à Bellatrix. 

Effectivement, les hiboux de la folle arrivent souvent le mardi ou le mercredi, soit deux jours après nos sorties à Pré au Lard. Le mangemort doit prendre l'apparence d'un élève durant le week-end.

Je communique l'idée à mes deux copines qui aussitôt sont d'accord avec moi. Louise me parle d'une potion permettant de prendre temporairement l'apparence de quelqu'un : le polynectar. Il nous reste à découvrir qui est le pauvre malheureux qui se fait voler son identité. 

Je ne pense pas qu'il fasse partie de ma chambrée. Je connais trop mes potes, Horace, Jamie et surtout Oliver pour détecter une telle supercherie. Toutefois, je pense qu'il est de notre année, par rapport à de petits détails dont il est au courant. Je vais continuer mes recherches doucement.

Louise m'adore. Depuis le bal d'Halloween où elle a cessé d'être amoureuse d'Oliver, elle est encore plus proche, me confiant vraiment tous ses secrets, comme à un grand frère protecteur. Mon amie est fille unique et je pense que cela lui a pesé pendant très longtemps. 

Elle se venge de ses années de solitude en me racontant tout ce qui lui traverse l'esprit. Elle n'a plus aucune limite ou frein. Maintenant qu'elle sait que je partage son opinion sur la non-suprématie des sangs-purs et toute cette pression familiale imposée, Louise parle librement.

C'est déjà une pipelette à la base. En grandissant, au lieu de se calmer, cela empire pour mon plus grand bonheur. Ma douce amie s'est mise en tête de me trouver une chérie, pour me sortir Charline de l'esprit. 

La voilà qui joue à son tour les entremetteuses, recrutant parmi les filles de Serpentards principalement. J'adore l'entendre vanter mes louanges. Je fais le joli cœur pour lui faire plaisir et surtout pour éviter qu'elle me gronde.

L'avantage, c'est que comme on vient à peine de fêter nos treize ans, les pseudo-amourettes sont gentillettes et ne durent pas. Je fais attention à ne pas blesser les jeunes filles, plutôt leur faire réaliser que je ne suis pas assez bien pour elle. 

Ce qui en un sens est vrai, puisque je ne suis pas capable de voir leurs qualités, trop occupé à des choses plus importantes comme me renseigner pour Bellatrix, manger mon pop-corn face au soap-opera que sont Maeve et Oliver et surtout, continuer de rêvasser à Charline.

Maléfique a de l'affection pour moi. Elle la dissimule aux yeux des autres, mais me parle avec douceur mentalement. Elle maîtrise la communication par télépathie avec une facilité déconcertante. Maeve tente de me l'apprendre, cela étant proche de la légilimancie. 

J'ai encore du mal, je ne parviens pas à le faire correctement sauf avec elle et à transmettre un sentiment ou une émotion à Louise. Avec de l'entraînement, j'y arriverais.

Maeve et moi passons beaucoup de temps ensemble à la bibliothèque ou bien la nuit dans la salle commune quand tout le monde dort. Nous nous câlinons avec tendresse. De la même manière qu'avec Horace, Maeve se blottit dans mes bras, m'embrasse sur les joues ou me tient la main. Nous nous racontons nos secrets. Tous nos secrets. Je deviens aussi proche si ce n'est plus de Maléfique que je ne le suis de Louise. Mais pas au grand jour.

J'aide mon amie dans ses recherches sur Voldemort, Bellatrix et Morgane. Nous ne comprenons pas bien pourquoi cette sorcière moyen-âgeuse est évoquée dans la prophétie. Ce que m'en a dit la folle est très succinct. Je sais juste que son nom apparaît, comme il a été cité lors du procès de Maeve, sans pour autant en comprendre l'importance. Nous ne trouvons rien de bien intéressant pour le moment.

Maeve et moi, nous nous amusons beaucoup d'effectuer nos recherches pour trouver notre taupe. Ce qui nous fait le plus rire, c'est quand Maléfique s'amuse à dire des âneries devant certains mecs de Serpentards et de voir comment cela arrive à Bellatrix. Cette chipie ne me tient pas informée de tout et je me retrouve à devoir lui demander des explications sur ses propos.

Je me rappelle encore mon fou rire quand mon hibou m'informa que Maeve aurait été vue en train de bécoter un vampire dans le canapé de la salle commune Serpentards. Ce sale gosse avait transformé la peluche de sa sœur en pseudo-élève, qui s'envola en chauve-souris dès qu'un groupe de mecs entra. Elle joua une petite comédie à destination des messieurs, s'échappant en faisant semblant de rougir. Le pire dans l'histoire est qu'elle ne l'a fait que pour faire me faire rager.

Une autre fois, Maeve s'entraîna à la boxe, avec un punching-ball à l'effigie d'Oliver, toujours en plein milieu de la salle commune. Cette saleté le fit un soir, après le repas devant tout Serpentard, y compris Oliver. Elle cogna dur et avec un tel acharnement que je me pissais dessus. 

Mon cousin tenta de modifier l'aspect du défouloir, Horace alla parler à Maeve, rien ne l'a fit changer d'avis jusqu'à ce que Charline soupira, prit un verre d'eau et le lança au visage de Maléfique qui lui courut après. Le punching-ball avait deux yeux au beurre noir, et le vrai Oliver, hésitait entre enrager et rire aux éclats.

Toujours pour me faire criser, Maeve dragua ouvertement un de nos camarades, devant ses potes de chambrée, le glorifiant sur ses pseudos talents aux échecs version sorcier. À la base, elle voulait juste lui redonner un peu confiance en lui, ses camarades se moquant de lui. Puis, trouvant ce jeu marrant, Maléfique squatta une place sur son lit toute une fin d'après-midi pour que le pauvre garçon lui explique en détail les règles. Les potes de chambrée se méprirent et une rumeur courra dans toute l'école, propagée par Sarah et Louise avec la complicité de la brunette, aidant à rendre plus populaire ce gentil jeune homme.

Nous avons identifié cinq chambrées suspectes. C'est beaucoup trop. Il nous faut encore éliminer davantage de garçons. Finalement, cette enquête m'amuse beaucoup. J'ai l'impression d'être un agent double, un espion avec sa fidèle collaboratrice Maeve et ses informatrices. Il me faut une bonne semaine pour comprendre la référence quand Maléfique m'offrit un chapeau melon et un parapluie.

Oliver et Maeve s'engueulent, comme d'habitude. Cette fois, mon cousin est vraiment de mauvais poil. Le ton monte dangereusement. La blondinet a des paroles malheureuses, qui dépassent sa pensée. Maléfique devient très bizarre. Ses yeux blanchissent. J'ignore ce qu'elle fait, les yeux d'Oliver deviennent blancs eux aussi. Leurs visages expriment des tonnes d'émotions. Peur, colère, douleur, tristesse, colère de nouveau. Puis ils s'écroulent tous les deux au sol.

Je me précipite. Mon cousin marmonne des propos incompréhensibles pour d'autres, pas pour moi. C'est du Fourchelangue. Maeve lui a fait voir la nuit de l'attaque, celle où elle a tué Père et d'autres choses aussi apparemment. Oliver fait des cauchemars et pleure en dormant la nuit. Il parle de Morgane ou des sorciers menteurs. 

Maléfique refuse de me dire ce qu'elle lui a montré exactement. Elle me confirme juste pour Père, me racontant lui avoir simplement montré les défauts des sorciers. Vu l'état choqué de mon cousin pendant près d'un mois, elle n'a pas dû y aller avec le dos de la cuillère.