2.2.8 Maman de substitution

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Je suis revenu au manoir assez rapidement après ma petite pause chez les Nott. Mère et Bellatrix cherchent partout après mon cousin. Je m'amuse à les voir fouiller le monde magique et moldu. Chacune de leurs pistes foireuses me met en joie. Voir revenir bredouilles ces deux folles m'apporte un bonheur immense. J'aime qu'elles échouent et les mener en bateau. Je m'imagine dans la peau de Severus Rogue, jouant double jeu auprès des Mangemorts. J'espère juste que cela finira mieux pour moi.

Lorsque Bellatrix est absente, je m'occupe de mon oncle et ma tante. Bien que Carrow va rester un bout de temps à l'hôpital, je veille à ce que personne ne leur fasse de mal. Tout le manoir sait que je suis le seul autorisé à leur parler et à les interroger en l'absence de Bellatrix. 

J'ai envoyé quelques Doloris pour tous les terroriser et assurer de ma capacité à torturer chacun d'entre eux s'ils me contrarient. Lors de mes séances d'interrogatoires, je ne tolère aucun spectateur, fermant les portes à clé et lançant un sort diffusant des hurlements dans tout le manoir. En réalité, ils ne subissent rien d'autre qu'une discussion amicale.

Je passe de longs moments avec eux à papoter. Je sais qu'ils font semblant d'être encore sous le coup de l'Impero. Maeve m'a prévenu qu'ils n'étaient plus sous l'emprise. Lors de nos bavardages, ou parfois auprès des mangemorts, ils essayent de recueillir des informations afin de pouvoir protéger leur fils. 

Mon oncle est plus doué pour le mensonge que ma tante. Mais tous les deux se débrouillent plutôt bien. Je les aide de mon mieux sans griller ma couverture. Je leur fournis un maximum d'informations, les couvrant si besoin.

Je les interroge sur les anecdotes concernant mon cousin, sur ce qui lui est arrivé depuis six ans. C'est un sujet facile. Ils peuvent répondre librement sans craindre de se faire découvrir. Ma tante est intarissable dès qu'on parle d'Oliver. 

J'ai l'impression de vivre ma jeunesse aux côtés de mon cousin quand j'écoute ma tante me parler avec autant de détails et d'anecdotes. Je bois ses mots avec plaisir et une pointe de jalousie. Elle aime tellement son fils. Ma tante est si différente de Mère sa sœur, si maternelle, si bienveillante.

Je fais mine de lui donner un ordre très facile. Veiller sur moi avec autant d'attention que si j'étais Oliver. J'utilise donc le prétexte de l'Impero pour me faire chouchouter. Les autres la croient sous un sort. Je n'ai rien lancé et elle se croit protéger par Maeve. 

Elle fait mine d'obéir, moitié pour sa couverture, moitié par affection pour moi. Ma tante se prête au jeu de très bonne grâce. Elle sait que je ne reçois pas beaucoup de tendresse de la part de Mère. Elle a toujours été très gentille avec moi.

Ma tante écoute mes confidences sur mes tracas d'adolescents. Elle soigne mes petits bobos. Elle me fait même des gâteaux elle-même et de la citronnade. Je suis couvé comme un petit poussin par une maman poule. Je sais que ce que je lui demande n'est pas bien difficile. 

Ma tante tient beaucoup à moi et ce sort est un excellent prétexte pour prendre soin de son neveu. Je me rapproche d'elle et me confie bien plus qu'Oliver ne le fait. J'aime me faire dorloter, ma tante aime me border le soir, en me caressant les cheveux et me chantant une berceuse comme pour un bébé.

Mon oncle est moins tactile que ma tante. Cependant, je profite de sa présence pour avoir une figure paternelle. Il m'évoque les moments de complicités viriles qu'il a pu passer avec Oliver. Nous regardons quelques matchs de Quidditch ensemble, hurlants comme deux fous. Nous mangeons des cochonneries salés. 

Lui aussi écoute mes tracas d'adolescents. Pas les mêmes que ceux que je raconte à sa femme. Il me rassure sur les petits soucis hormonaux que je rencontre et m'aide à relativiser. Il me parle d'avenir et me montre comment me raser pour le jour où ma barbe poussera.

Mon oncle agit comme sous Impero. Je vois dans ses yeux qu'il se pose des questions sur le fait que je ne l'interroge pas vraiment, et même pas du tout. Il se doute que je le protège lui et ma tante. Il me voit agir en parfait petit con, héritier du pire monstre de l'histoire, auprès des mages noirs. 

Mon oncle est très intelligent. Il a conscience de ma dualité et se taira tant que nos intérêts seront communs. Plusieurs fois, il m'a sorti en train de me faire dorloter par sa femme. Il a juste souri et je lui ai répondu avec mon air de gosse satisfait. Pas besoin de mots pour comprendre que je profite à ma façon de la situation.

Je donne régulièrement des nouvelles de mon oncle et ma tante à Maeve. Cette chipie se moque de moi, me traitant de petit bébé à sa tata ou de gamin en manque de câlins. Je ne peux qu'accepter les taquineries qui sont une vérité. J'ai manqué d'affection pendant treize ans. Je me rattrape comme je peux et fais le plein durant ce petit mois où j'ai ma tante et mon oncle rien que pour moi. Je n'ai même pas honte de me comporter comme un bébé exigeant.

Maeve me renseigne sur la santé d'Oliver. Entre son lien télépathique avec lui et les nombreux hiboux qu'il lui envoie, elle est parfaitement au courant de ce qu'il fait ou pense. La dernière trouvaille de mon cousin est mon lien génétique avec Bellatrix et Voldemort. 

Il a relié Maeve à Morgane, toutefois, il n'a pas encore compris l'identité de la mère de Maléfique. Il faudra d'ailleurs que ma brunette m'explique un jour comment le professeur Bordial sait tout cela et pourquoi il a dirigé les Aurors sur la piste de Morgane et non de Bellatrix au procès.

Pour l'instant, Maeve refuse qu'on divulgue la survie de Bellatrix et surtout son lien filial avec elle. Je me demande bien les raisons qui la motive. Mon amie m'a dit que c'était pour me protéger, les Aurors risquant de me harceler encore davantage, et aussi, elle m'a révélé avoir honte de sa mère. 

Sur cela, je peux la comprendre. J'aime Maeve infiniment. J'ai confiance en elle, bien que je pense qu'elle me cache des choses. Je fais tout mon possible pour l'aider. On est dans la même galère familiale, bloqué par une même prophétie merdique.

Ma tante est inquiète. Je la vois tracassée, personne ne sait où est mon cousin. Elle n'a pas pu voir par elle-même qu'Oliver est bien en vie et en bonne santé. Je l'ai surprise à pleurer hier soir. Je me rappelle être rentré dans sa chambre. Elle a séché ses larmes à toute hâte. Je me suis assis auprès d'elle et j'ai mis mes bras autour de sa taille pour un petit câlin.

- Oliver te manque n'est ce pas ?

- Oui. c'est mon fils. Mais je vous obéirez, Maître.

- Oublie ce titre quand on est seuls tata. Je ne suis pas d'accord avec ce qu'ils veulent faire à mon cousin. Je vais te permettre de le voir. Il est à Poudlard, en vie et en bonne santé. Je vais trouver le moyen de t'y envoyer avec mon oncle pour que tu le constates de toi-même. Mais quand vous reviendrez, vous devrez dire que vous ne l'avez pas trouvé. Je sais que tu n'es plus sous le joug du sortilège. Je ne dirai rien si tu tais mon secret à tous, y compris à mon oncle. J'ai confiance en toi tata. Ne me trahis pas.

J'ai décidé de lui apporter un peu de réconfort. Avec Maeve, je réfléchis à un moyen d'aider ma tante. Nous avons une solution qu'il me faut proposer habilement à Bellatrix. Il faut fouiller Poudlard. Je ne peux y aller puisque c'est les vacances. Les sortilèges de protection interdisent l'accès aux mangemorts et de nombreux Aurors rodent dans les parages.

Alors, pour assurer la sécurité de mes précieux serviteurs, je propose de donner l'ordre de fouiner mon école à mon oncle et à ma tante. Je prétexte vouloir envoyer ma tante et mon oncle à la recherche d'Oliver. En tant que parents d'un fugueur, ils n'attireront pas l'attention des Aurors et seront légitimes à vouloir s'assurer de la présence ou non de leur fils.

Officiellement, ils seront des parents inquiets pour le ministère. Officiellement, ils seront des esclaves sous Impero pour Bellatrix. La folle valide mon plan au-delà de mes espérances, me permettant de lancer moi-même le sortilège. 

Bien sûr, je le simule, mon oncle et ma tante continuant leur comédie. La folle me fait tellement confiance qu'elle n'est pas présente au moment de leur mission. Personne mise à part moi, ne voit la lueur de joie dans les yeux de mon oncle et de ma tante.

Je les fais partir. Maeve a envoyé un hibou au professeur Bordial pour lui dire de laisser Oliver voir ses parents de loin et réciproquement. Je ne sais pas trop comment cela s'est passé. J'ignore s'ils se sont vus ou parlé. Mon oncle et ma tante, censés être sous Impero, jurent devant les mangemorts ne pas avoir vu leur fils à Poudlard. Ma tante et mon oncle ont un sourire heureux qui ne me ment pas.

Quand je rejoins ma tante dans sa chambre du soir pour parler, elle me serre la main et me murmure un merci silencieux au bord des larmes. Je lui fais une bise sur la joue. Avoir une maman pendant un mois rien qu'à moi, c'est vraiment génial. Je dois regagner Poudlard. Je lui fais me promettre de faire attention à elle. En échange, à chaque vacance, je lui parlerais des derniers potins concernant son fils.

Ma tante me regarde étrangement. Elle me caresse les cheveux en me souriant. Embrassant mes cheveux, elle me serre fortement dans ses bras et me berce comme un bébé. Je la laisse faire. Ma tante a besoin de réconfort. Je peux comprendre combien cette situation lui pèse. Oliver est tellement aimé, il n'a pas conscience de la puissance de cet amour. Je laisse ma tante se calmer.

- Ne t'inquiète pas Tata. Je ne laisserais pas cette folle réussir à faire du mal à Oliver.

- Je sais que tu feras tout pour nous aider Benoît. C'est pour toi que je m'inquiète. Si seulement j'avais compris combien tu souffrais avec ma sœur, je serais intervenue. Je t'aurais retiré et élevé comme Oliver. Pardonne-moi de ne pas avoir compris.

- Tu ne pouvais pas savoir Tata. Personne ne pouvait savoir. Je n'ai compris ce que je manquais que récemment. Fais attention à toi. Je veillerais de loin. Ne prends pas de risques. Oliver est à l'abri à Poudlard. Moi et Maeve, on le protège.

- Cette fille... Elle semble si puissante. Sais tu pourquoi Bellatrix veut la tuer?

- Oui et non. Une intuition. Effectivement, Maeve est puissante. Malgré ce que tu entends à propos de ses disputes avec Oliver, la chipie le protège. C'est juste que ... Ils ont tous les deux un caractère de chiottes. Ils se bouffent le nez, mais ils tiennent à l'autre.

- Oui. J'avais compris qu'Oliver apprécie cette jeune fille dès la première fois où il m'a parlé d'elle. Je connais assez mon fils pour déplorer son sale caractère. Si elle a le même, je comprends mieux les rumeurs. Et toi ? Qu'éprouves-tu pour elle ?

- Moi ? Je l'aime comme un frère, comme j'aime Oliver sans arriver à lui dire, comme j'aime Louise. Ces deux-là me font rire et m'épuise en même temps. La blondinette est la seule à qui je peux montrer publiquement mon affection et cela me pèse. Tata ? Tu crois qu'Oliver me déteste ?

- Non. Jamais. Je pense qu'il est coincé comme toi. Il ne sait pas ou ne peut pas être libre de faire ou dire ce qu'il veut. On est des sangs purs et nos convenances sont si pesantes.

- Je sais Tata. Profite de mon faux Impero pour libérer ton besoin de mère poule et couve moi comme un poussin. Je te promets de veiller sur Oliver et de faire en sorte que toi et tonton puissiez avoir des nouvelles régulièrement, tout comme je lui donnerais des vôtres secrètement.

Ma tante embrassa mes cheveux une dernière fois en écrasant une larme. Demain, je pars pour Poudlard. Je sais déjà qu'elle va me manquer et je m'inquiète pour elle. 

Suite dans le tome 2 : Séparation et Révélation

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