Requiem d'un château
Les chants des troubadours,
L'adresse des jongleurs,
Les rires des dineurs,
L'ivresse des buveurs.
Ainsi était ma cour.
Marbre blanc, pierres solides,
Oriflammes dans le vent,
Douceurs tendres collines.
Les Dames et Demoiselles,
Fleuries, parées de perles,
De teintes arc-en-ciel,
Sur leurs brillants atours.
Ainsi était ma cour.
Les fumets des volailles,
Émanant des cuisines,
Qui faisaient gronder ventres,
D'la graille aux odeurs fines.
Mais tous faisaient ripaille.
Ainsi était ma cour.
Chevaliers fanfarons,
Joutes, armoiries et flonflons,
Ladies en pâmoisons,
Princes et rois sans tourments.
Ainsi était ma cour.
Puis âges sombres sont venus,
Mes murs ont abattu,
Ont noirci les drapeaux, les rideaux,
Ont brisé les statues,
Et souillé les tableaux.
Si je pouvais pleurer !
Lacérés mes tapis,
Écroulé mes donjons,
Éclipsé les jours clairs,
Les ont ensanglantés.
Et jonchés de corps morts.
Mes larmes répandues.
Ma fin fut proclamée,
Ma cour n'existe plus.
Les hordes me l'ont volée !
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