Il aimait les couleurs,

Sa mère et sa douceur,

L'odeur du pain,

Dans la maison,

Les moustaches de lait,

Les confitures,

Et, les chansons,

De son père,

Avant son départ,

Au matin.

Il aimait les rues pavées,

Éclaboussées de soleil, l'été,

Luisantes de pluie au printemps.

En automne,

Elles devenaient rivières d'or.

Il les dévalait en glissant, l'hiver.

Il aimait courir sur les remparts,

Avec ses copains de la cité,

Malicieux, ils se dérobaient,

À la vue perçante des sentinelles,

Volaient parfois les drapeaux du château,

Et, jouaient aux guerriers partant en guerre.

Puis un jour tout bascula ; le jeu devint réalité,

Le ciel de lumière se mua en obscurité,

Les rires ? Envolés, et les larmes déversées,

Sur le corps des siens : massacrés.

Depuis il avance, affamé,

Sur les landes dévastées,

Les pieds nus saignants,

Le regard égaré, les yeux brûlés

Consolations oubliées.

Sa rage au ventre le tient encore vivant,

Pour combien de temps ?

Son esprit hurlant,

Quand à lui,

Errera sans doute à jamais.