Le Tome Six : Chapitre 4
« ? »
Tom vit la surprise modifier son point de vue sur cette affaire : pas un personnage ? L’aigrefin était-il un simple mot, comme lui ?
Les bougies s’éteignirent alors avec un courant d’air, plongeant soudain la salle à manger dans une marée de tén…
— Ah, non !
Aussi vif que l’éclair, l’homme jeta une poignée de braises au fond de sa cheminée pour y faire naître les ardents pétales du feu. L’obscurité fut chassée comme elle était venue : entre deux phrases.
— C’est fréquent aussi, reprit-il. Ne t’inquiète pas.
Tom s’efforça de suivre son conseil, malgré l’affreuse silhouette qu’il avait aperçue derrière lui pendant ce furtif éclat de noirceur. Il priait pour ne pas avoir à s’attarder dans ce récit.
— Je dois parler à cet aigrefin, vous avez une idée de comment le trouver ?
L’homme parut réfléchir, si bien qu’un hiéroglyphe ridé se dessina sur son front à la folle lueur des flammes.
— Il ne vient pas souvent par ici… admit-il. Si tu veux l’attirer, il faut que tu sois un peu plus qu’un simple mot. Tu dois devenir intéressant.
— Comment ? Je n’ai aucune idée de ce qui pourrait l’intriguer ! Et puis, ce n’est pas facile de se rendre captivant quand on est comme moi.
— Tu te trompes ! assura l’homme en se saisissant d’une serviette de tissu (il alla essuyer les rebords de sa cheminée qui commençaient à suinter de sang). Regarde : tu as réussi à venir jusqu’ici en te fondant dans le champ lexical du château, n’est-ce pas ? Pourquoi ne pas essayer de réunir ton propre champ lexical ? Au lieu de t’adapter aux idées que tu rencontres, change-les ! Un mot, c’est extrêmement puissant. Tu peux être un adjectif, un verbe, un nom propre… Si tu parviens à te servir un peu mieux de ta nature, tu pourrais peut-être enthousiasmer l’aigrefin pour le faire venir à toi.
Tom acquiesça lentement. Ce personnage disait vrai ; après tout, il avait réussi à créer d’autres mots autour de lui… Cette simple action suffisait à impacter les concepts qu’il rencontrait sur sa route. Alors, s’il parvenait à les renouveler assez, il devait avoir une chance de trouver son chemin vers la sortie des Oubliettes – là où résidait sûrement l’aigrefin. Il fallait qu’il essaie.
« ! »
Le fil de ses pensées s’interrompit aussi net que la mise en page autour de lui.
Comment l’homme en savait-il autant ?
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