Le dîner

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Dring driiing. On sonne à la porte. Clémentine se précipite, du haut de ses talons, jusqu'à la porte d'entrée. Tac tac tac sur le carrelage, on entend qu'elle se dépêche. Elle est juste derrière la porte maintenant, prête à accueillir ses amis, mais elle se fige. Elle sait que quand elle ouvrira, la soirée commencera. Plus le temps de se laisser aller à la rêverie, plus le temps de regarder le vide pendant des heures sans se lasser ; elle sera débordée entre le repas, la vaisselle, les questions des invités, et elle s'attend même à recevoir quelques réflexions piquantes auxquelles elle devra faire face dignement. Alors, elle profite de ses derniers instants de tranquillité. Un long soupir pour se relaxer, Tout ira bien se dit-elle, et c'est parti ! Elle ouvre finalement à ses amis, souriant machinalement pour les accueillir.


- Entrez, entrez donc ! s'exclame-t-elle, faisant la bise à chacun d'entre eux.

- Oh ! T'as bougé tous tes meubles ? J'adore !

- Merci Vic ! Installez-vous dans le salon, j'arrive tout de suite.


La jeune femme est nerveuse. Elle s'éclipse dans la cuisine une minute, pour se préparer aux heures qui vont suivre. Ce soir, elle doit mettre le paquet. Il faut jouer le grand jeu. Elle n'a pas le droit d'échouer ; ils doivent aimer sa cuisine et son service ! 


- Tu as besoin d'aide ? hurle Marie du salon.

- Non, restez bien assis, je m'occupe de tout !


Clémentine fait tomber un toast. Zut... C'est toujours comme ça quand on la déconcentre. Elle ne peut pas faire deux choses à la fois. Les autres éclatent de rire tous en même temps alors qu'elle ramasse les miettes par terre ; elle a raté une blague de Joe. Tant pis, elle les connaît déjà toutes par cœur.


- Alors Clem ? C'est pour aujourd'hui ou pour demain ? On est venus pour te voir, pas pour t'attendre ! taquine Francis.


Ils s'esclaffent tous en cœur.


- Laisse-la donc tranquille ! lance Vic tout en riant.

- Voilà, voilà, j'arrive !


Elle rejoint enfin ses amis et leur présente ses petits fours. 


- Qu'est-ce que c'est que tous ces toasts ?

- Pierre, tu vas adorer ! répond-t-elle, excitée. Ceux-là, c'est du guacamole aux tomates cerises, là c'est du houmous aux poivrons rouges, et celui que tu tiens dans la main il est au fromage végétal.

- Fromage végétal ? s'étonne-t-il.

- Oui, on appelle ça du "vromage". 

- "Vromage", répète-t-il en pouffant. Vous ne savez plus quoi inventer...


Et de une. Le combat a commencé, et Clémentine vient de prendre un coup dans le ventre. Elle ne s'aventure pas à lui répondre, pour préserver sa relation avec son ami.


- Goûte donc celui-là, moi je trouve qu'il est même meilleur que les fromages avec du lait d'origine animale.


Il croque dans le toast. Une petite moue... Il est dubitatif. Clémentine ne tient plus en place. Il a aimé ou pas ? Est-ce qu'il a détesté ? Pitié, faites qu'il n'ait pas détesté...


- Alors ?...

- ...

- Dis quelque chose. Tu n'aimes pas ?


Il fronce les sourcils. Mon Dieu, il n'a pas aimé ! Tout son dîner est fichu...


- Eh bien, finit-t-il par articuler, ce n'est pas mal du tout !


Clémentine est soulagée. Lui qui n'aime jamais rien d'habitude... La course est lancée, et pour l'instant elle est en tête.


La soirée se passe bien. On plaisante, on taquine, on se souvient, on chahute, on réveille les voisins d'à côté, on trinque à l'amitié, au bonheur et à la vie, on éclate de rire, puis on se saute dans les bras, on grignote encore quelques toasts, on chante à tue-tête et on danse la macarena. Un apéro banal pour cette bande d'amis. Mais l'effort, ça creuse, et les convives commencent à avoir faim.


- Alors, qu'est-ce que tu nous as préparés ce soir ? lance Joe.

- Sûrement pas des crevettes... Vous vous souvenez quand elle avait gonflé comme un ballon ? rit Francis.

Marie rebondit :

- Ah oui ! Tu avais une de ses têtes ma chérie ! C'était hi-la-rant !


Ils éclatent encore une fois de rire. Certains ont déjà mal aux joues à force de sourire, et l'imitation du phoque de Vic n'arrange rien. Clémentine finit en pleurs, par terre au milieu du salon, ne sachant plus reprendre sa respiration tant elle rit de cette humiliation chaleureuse !


Joe, hilare, se tourne vers son hôte et s'exclame :


- T'as au moins un avantage d'être végane, c'est que tu n'enfleras plus comme ça ! 


Deuxième pique. La troisième entaille sera assez profonde pour lui briser le cœur. 


- C'est plutôt un inconvénient pour nous du coup ! répond Pierre.


Clémentine sourit de plus belle.


- Vous avez fini de vous moquer de moi ? dit-elle, feignant d'être triste.

- C'est toi qui a choisi d'être différente, répond Joe. Maintenant on est obligés de t'embêter avec ça !

- Je suis juste végane. Il n'y a vraiment pas de quoi en faire tout un plat...


Elle tente de faire bonne figure, mais l'épuisement se fait entendre dans sa voix. On sent que ses nerfs vont bientôt lâcher, lassée d'entendre à longueur de journée les mêmes répliques et de prononcer les mêmes réponses... C'est un trop plein de tout et de rien, ou juste un trop plein de champagne Cattier, vegan friendly, le seul qui lui fait tourner la tête aussi délicieusement que la petite serveuse du bar en face de l'immeuble.


- C'est vrai, continue Pierre, excuse-moi. On ne va pas en faire un "vromage"...! 


Un petit clin d’œil pour accentuer la blague. Tout le monde rit, évidemment. La frustration de Clémentine se dissipe très vite. La joie est toujours intense lorsqu'ils se réunissent, les petits tracas du quotidien s'envolent avec leurs hurlements. Ils dérangent tout l'immeuble, mais qu'importe, puisqu'ils sont ensemble. C'est tout ce qui compte.


- Bon, vous venez à table ou vous continuez de m'humilier ? ironise Clémentine.


Chacun s'installe, prenant soin de laisser la place libre au bout de la table pour notre hôte. Avant de retourner en cuisine, elle vérifie que tout est là : couverts, serviettes, assiettes, verres à vin et à eau, carafes, pain frais, sel. Tout a l'air bon. Elle peut maintenant apporter l'entrée, une simple salade verte à la vinaigrette. Tout le monde se sert puis fait passer le saladier à son voisin. Certains noient leur assiette dans la sauce, d'autres préfèrent la manger nature. Joe rajoute du sel, comme à son habitude.


- Tu sais, dit Marie, c'est mauvais pour ta santé de consommer autant de sel.


Le débat commence. 


- Et grignoter des cochonneries toute la journée, c'est bon pour la santé ? s'énerve-t-il.

- C'est différent.

- Non, c'est exactement pareil.


Silence. La tension est pesante pour nos amis qui n'ont pas l'habitude de se fâcher. Pour l'apaiser, il ajoute :


- C'est juste du sel...

- D'accord.


Le groupe est mal à l'aise, alors pour détendre l'atmosphère Joe blague un peu :


- Mieux vaut manger trop de sel qu'être végane, hein Clem ?


Il lui fait un clin d’œil, pendant que les autres rient. Pas de sa remarque, mais de lui, de son inconscience, son audace. Sa lourdeur, aussi. Joe est lourd, et tout le monde le sait. C'est sans doute ce qui le rend si attachant : sa bonne humeur, et ses blagues toutes plus nulles les unes que les autres.


- C'est vrai que tu devrais faire gaffe, ajoute Marie.


Toujours inquiète cette Marie. Une amie indispensable, qui cherche toujours à ce que les autres se sentent bien. Altruiste dans l'âme, qui est heureuse en faisant attention à ce que ses proches le soient.


- Je vais bien, vous le savez.

- Tu t'es bien évanouie la semaine dernière, alors on s'inquiète nous. Peut-être que tu as tout faux sur ce régime, continue-t-elle, lui prenant la main.

- Je sais que je suis en bonne santé. La semaine dernière, il faisait affreusement chaud. Je me suis levée trop vite, voile noir, puis boum, je me réveille par terre. Ce n'était rien d'autre qu'un malaise vagal. Rien à voir avec mon véganisme.

- Comment peux-tu en être aussi sûre ? Ton corps a besoin de protéines, tu le sais. C'est impossible de les retrouver ailleurs que dans la viande.

- Marie, ne commence pas... Je trouve toutes les protéines dont j'ai besoin, je te l'ai déjà dit des centaines de fois. Pourquoi tu ne me crois pas ?

- Parce que tu n'es pas spécialiste.

- Toi non plus. J'en connais quand même un rayon sur la chose, et c'est déjà un rayon de plus que toi, alors on peut parler d'autre chose maintenant ?

- Mais j...

Elle lui coupe la parole, agacée :

- Je sais que tu ne veux que mon bien, mais tu n'as pas à t'inquiéter, je t'assure. Changeons de sujet.


Chacun regarde son assiette. Personne n'ose parler, personne ne sait quoi dire après cela en fait. Qui sera l'audacieux bavard ?


- Sinon...


Ce sera Francis.


- Sinon... Vous avez vu le coup de gueule de Lacourt aux JO ?

- Oui ! C'était E-NORME ! s'exclame Pierre.

- Il n'avait pas tort en même temps ! ajoute Vic.


La conversation reprend, fluide et intéressante. Chacun donne son avis, quelques uns plaisantent. Les tensions se dissipent et la bande s'entend encore à merveille. Les assiettes se vident, Clémentine va chercher le plat principal. 


- Alors, qu'est-ce que tu nous as concoctés ma petite Orange ? demande Pierre.

- Si tu continues à m'appeler comme ça, je veillerais à ce que tu ne le saches jamais !
Elle disparaît dans la cuisine, accompagnée par les bavardages qui viennent de la salle à manger. Elle sort le plat du four, se brûle un doigt au passage. 


- Aïe !

- Tout va bien là-bas ? s'inquiète Marie.

- Oui, oui ! Je me suis juste brûlée avec le plat !


Joe enchaîne sur une blague qu'elle n'entend pas, tout le monde rit. Tant pis (bis). 


- Attention les yeux ! s'écrie Clémentine en entrant dans la pièce les mains pleines. Voilà le plat principal.

- Mais c'est quoi ?

- Ça, mon cher Francis, ce sont des lasagnes.

- Oh ! Et tu as mis quoi dedans ?

- Tomates, courgettes, crème fraîche, pâtes... Tout végane, tout simple et tout bon. 


Elle sert ses amis. Chacun appréhende de goûter ses lasagnes. Des lasagnes "véganes", ça peut en rebuter certains. Pierre est le premier à se lancer. Tout le monde l'observe, attend un indice, un signe concret pour avoir une idée du goût de l'aliment. Plusieurs secondes passent, lourdes et silencieuses. Il finit par avaler sa bouchée et avouer :


- C'est vraiment bon.


Tout le monde l'imite alors, et Clémentine sourit.


- Ah oui, j'aime beaucoup !

- Je préfère même celles-ci aux lasagnes traditionnelles.

- Tu me donneras la recette ? Que je fasse goûter à Marion.

- C'est un peu écœurant quand même...

- J'aurais dû mettre moins de tomates, s'excuse Clémentine.

- Ben moi, j'adore ! Tu me ressers s'il-te-plaît ?


Elle est ravie ! Ils ont aimé, ils ont même adoré ! 


- Je retire tout ce que j'ai dit, la cuisine végane est vraiment délicieuse.

- Merci Pierre ! Venant de toi, ça me fait vraiment plaisir.


Les ventres se remplissent, les cœurs s'apaisent, les bouches sourient. On contemple l'approche d'une certaine sérénité, la conscience s'allège et les papilles sont satisfaites : que demander de plus ? Les esprits s'ouvrent à une nouvelle façon de vivre, peut-être plus saine, qui leur correspond sans doute mieux, qui renforce leur lien avec mère Nature.
Chacun finit son assiette, prenant soin de ne pas en laisser une miette.


- Quelqu'un veut du fromage ? 

- Moi, répond Francis, je prendrais bien un peu de vromage.

- Oui, moi aussi, s'exclame Vic.


Finalement, tout le monde se sert un morceau. 


- Je suis calé, perso.

- Oui, moi aussi. Je ne peux plus rien avaler.

- Pierre n'a plus faim ??? s'étonne Joe. Il va neiger demain, c'est sûr !


Rires à l'unisson.


- Bah oui, manger des plantes ça remplit le ventre mine de rien, explique Clémentine.

- Faut quand même être taré pour bouffer que ça, affirme Joe.


Tout le monde soupire.

- C'est bon, Joe. Tu ne vas pas recommencer.

- Bah quoi ? C'est vrai !


Clémentine s'agace :

- Je crois que tu inverses un peu les rôles. Qui est le plus taré de nous deux ? Celui qui viole, mutile et exploite, ou celle qui refuse la torture ?

- Je fais ce que je veux. Faut arrêter votre propagande un peu, et comprendre qu'il s'agit d'un choix personnel : chacun a sa propre vision des choses.

- Pitié, NOUS faisons de la propagande ? Regarde un peu autour de toi quand tu marches dans la rue : des pubs pour le MacDo, les réductions au rayon boucherie, les pubs de lait qui passent à la télé, ça ce n'est pas de la propagande ? Et ne me parle pas de choix personnel, ça ne concerne pas seulement ta personne dans la mesure où tes actes entraînent la mort d'autres animaux.

- Arrête de me faire culpabiliser. 

- C'est toi qui insultes mon combat, je ne fais que te répondre.

- Ton "combat" ? Excuse-nous Madame l'Activiste. Vous ne vous prenez vraiment pas pour de la merde vous. Au fond, vous savez très bien que votre idéologie n'est que le fruit de votre égoïsme, alors redescendez un peu sur Terre.

- Je rêve ? Il t'a fallu combien d'années d'entraînement pour être aussi CON ?

- C'est bon, j'en ai assez entendu pour ce soir !

Il se lève.

- Ils t'ont complètement lavée le cerveau, tu es endoctrinée ma pauvre fille, continue-t-il en la pointant du doigt. Extrémiste !

- C'est l'hôpital qui se fout de la charité, là.

- Eh oh, ne prends pas ton air supérieur avec moi. Ouvre les yeux un peu.

- Renseigne-toi donc un peu avant de parler de quelque chose que tu ne connais pas. J'ai la chance de connaître l'omnivorisme ET le véganisme, tu ne connais qu'un seul des deux. Fais des recherches, on en reparlera après.

- Ne t'inquiète pas. Je sais au moins que dans dix ans tu seras très mal en point. Souviens-toi de cette conversation, tu sauras un jour que j'avais raison !

Clémentine, levant les yeux au ciel :

- Bien sûr Joe, évidemment que tu as raison.

- Mais ma pauvre amie. Tu es ridicule.

- Oui, tu as tout-à-fait raison Joe. La porte, c'est là-bas.

Joe, se moquant d'elle :

- Oh oui, tu as tout-à-fait raison Clémentine.


Il claque la porte, laissant derrière lui le silence pesant d'une bande d'amis qui éclate de l'intérieur. Personne n'ose parler. On débarrasse son assiette, toujours sans rien dire. On se regarde, mal à l'aise, ne sachant que faire. Faut-il la laisser tranquille ou rester auprès d'elle ? Parler de cette dispute ou faire comme si de rien n'était ? La table est propre à présent, chacun se rassoit à sa place ; il y a un espace entre Vic et Marie. C'est le vide que Joe a oublié de prendre avec lui. Clémentine éclate subitement en sanglots.


- Vous n'imaginez même pas à quel point c'est épuisant... De se répéter continuellement, de devoir se justifier, supporter les réflexions sans pouvoir y répondre sous peine d'être traitée d'extrémiste.


Elle renifle avant de continuer :


- Ce dîner, j'ai passé des jours à le préparer. Je voulais que tout soit parfait, que vous vous régaliez pour que vous cessiez enfin de répéter à longueur de journées les mêmes clichés sur les véganes, toujours les mêmes stéréotypes, les mêmes idées reçues. Il m'arrive tellement souvent de vouloir abandonner, juste pour qu'on me foute la paix. S'il-vous-plaît, foutez-moi la paix avec ça. Je veux parler à mes amis, pas à des politiques. Je veux discuter, pas débattre. Je suis fatiguée, si vous saviez... Les arguments, je les connais par cœur, et les réponses aussi, et les insultes, et les compliments des très rares personnes qui m'admirent mais qui sont trop lâches pour me suivre dans ce mouvement. Je pensais que cette soirée allait tout régler, que vous me lâcheriez enfin avec ça. Mais c'est tout l'inverse qui s'est produit... Vous supportez mon homosexualité, pourquoi pas mon véganisme ?


Les autres se taisent. Que répondre à ça ? Vic se lance, hésitante.


- On n'avait aucune idée de ce que ça te faisait. C'était juste pour rire, tu sais ?

- Oh, Vic, s'il-te-plaît. On a passé l'âge du "C'était juste pour rire".

- C'est juste que c'est nouveau pour nous tout ça.

- Et donc tout ce qui est nouveau vous le rejetez ? Je ne pense pas que nous soyons à blâmer.

- Ecoute, je suis désolée...

- Non, ça va... Rentrez chez vous, je vais aller me coucher. 

- ... D'accord. On se voit demain alors.


Clémentine raccompagne ses amis. Tac. Tac. Tac. On entend que son cœur est plus lourd que tout-à-l'heure. L'amitié allège le corps jusqu'à ce qu'elle disparaisse ; alors elle devient enclume sur le cœur de la victime. Clémentine est sur le palier maintenant, prête à dire au revoir à ses amis. Elle sait que quand elle fermera, la soirée se finira. Alors elle sera seule avec ses souvenirs, la voix de Joe qui résonnera dans sa tête jusqu'à ce qu'elle s'endorme, les yeux gonflés d'avoir trop pleuré. Un long soupir pour évacuer un peu de chagrin, Tout va mal se dit-elle, et elle claque la porte en espérant que cela ferme le livre de sa vie aussi.

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