Chapitre 3

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Les jours qui ont suivi se sont parfaitement déroulés. Jusqu'au jour où Kayli et moi étions assises ensemble, elle s'est tournée vers moi et m'a demandé de l'accompagner à une fête d'anniversaire pour Hugo, un de mes meilleurs amis.

"Est-ce qu'elle sera là ?" lui ai-je demandé.

Elle a hoché la tête.

"Oui, je suppose que c'est une amie d'enfance."

Je lui dis alors que je ne viendrai pas. Je ne veux plus la voir. La voir tous les jours en classe, c'est suffisant. Elle a toujours été jalouse de ma relation avec Jerem' et Hugo. Nous sommes un trio depuis deux ans maintenant. Et elle ne manquait jamais une occasion de me démolir devant tous les handballeurs de la classe. Dans notre classe c'était simple, il y avait le groupe des gymnastes, le groupe des footballeurs et le groupe des handballeurs. Ce dernier point était de loin le plus problématique. Ils aimaient créer des rumeurs sur quiconque se mettait en travers de leur chemin. Et à ce moment-là, ils m'avaient dans leur viseur, et je ne voulais pas que tout cela se reproduise.

« Tu n’as pas d’amis, personne sur qui compter, tu es juste une pute. Et les putes finissent toujours seules, quoi qu’il arrive. »

Non, je ne voulais pas que ça se reproduise. Je ne le supporterais pas. Pas encore. Mais c’était l’anniversaire d’Hugo, il m'en a parlé toute la semaine, il me suppliait de venir car ce serait ma première cuite. Je n’ai jamais touché une goutte d’alcool de ma vie, ça ne me donne pas envie et je suis une sportive après tout. Je vis pour mon sport, pourquoi je gâcherais tout à cause de ces substances ? De plus, mes parents m’ont toujours bien informée sur les dangers de l’alcool et de toute autre substance. Mais ce vendredi-là, Hugo et Jerem’ m’ont regardé avec des yeux suppliants, et je n’ai pas pu dire non. Je suis donc allée à ma première fête.

Le samedi est vite arrivé, Kayli était venue chez moi pour se préparer. Mon père allait nous emmener. Il n'était pas rassuré alors je lui ai dit qu’il n’y aurait pas d’alcool. Je sais qu'il n'y croyait pas mais il a quand même accepté de nous emmener et de venir nous chercher le lendemain matin pour ramener Jérém chez lui.

Elle m'a demandé si j'étais prête, je l'ai regardée, habillée en robe, et toute maquillée. Je lui ai rappelé que c'était juste une fête dans une forêt où nous allions camper, rien pour de quoi nous mettre sur notre 31. J'étais habillée comme d'habitude. Un jean simple, et un sweat-shirt ample. Plus de vêtements fantaisie comme avant, c'était fini pour moi, depuis le collège.

"Regarde comme tu t'habilles, tu ne veux pas t'habiller normalement pour une fois ? Avec ton pantalon à motifs, tu me dégoûtes. Tu ne vaux vraiment rien."

Kayli m'a demandé si je voulais au moins me maquiller un peu. J'ai donc accepté le mascara juste pour lui faire plaisir. Je ne faisais pas ça pour mon plaisir ou pour me sentir jolie. Je ne l'étais pas. J'étais juste bonne en gymnastique. J'étais la meilleure de la section, en fait. Ce qui a fait que Juliet, de notre section gymnastique, est partie avec les handballeuses. Elle était toujours jalouse quand on nous demandait qui était le plus fort dans notre sport et que les regards se tournaient vers moi.

Retour à notre soirée, une fois prêtes, nous nous sommes dirigées vers la forêt où allait se dérouler la fête. Plus nous avancions, plus j’avais envie de supplier mon père de nous retourner et de passer une soirée films avec Kay.

En arrivant, j’ai vu mon père scruter l’horizon, il m’a dit de l’appeler si jamais je voulais revenir. Il me connaissait. Il savait que j’étais hors de mon élément et que j’avais seulement accepté pour faire plaisir à Kay. La première personne que j’ai vue était Jerem, qui m’a serrée dans ses bras. Je n’étais pas à l’aise. Je n’ai jamais été à l’aise avec le contact physique. Que ce soit de la part de mes parents ou d’un inconnu, peu importe. Je ne lui ai pas rendu mon étreinte. Mais il savait que je l’aimais quand même. Hugo est alors venu nous rejoindre et nous a fait visiter les lieux. Une petite cabane était installée au milieu de nulle part et je voyais déjà les bouteilles d’alcool s’empiler. J’avais envie de partir. Hugo m’a demandé si j’étais prête pour ma première beuverie, j’ai ri nerveusement mais je n’ai pas répondu. Je n’avais pas prévu de boire ce soir.

Le copain de Kay est arrivé et soudain je n'existais plus à ses yeux. Alors je suis restée avec Jérém. Il a toujours eu le béguin pour moi, je le sais. Mais je ne suis pas prête pour une relation, avec qui que ce soit, j'ai trop de blessures qui ne sont pas cicatrisées et je pourrais lui faire du mal. Il m'a présenté à tout le monde et je l'ai vue. Agatha. Elle était là. On s'est regardés pendant quelques secondes qui m'ont semblé des heures, et j'ai détourné le regard.

Plus tard dans la soirée, Jerem m’a emmené à la table des boissons et m’a demandé ce que je voulais boire. Je lui ai dit que je n'y connaissais rien à l’alcool, donc je ne savais pas. Il m’a servi un mélange de vodka et de jus de pomme, j’ai trempé mes lèvres dans le mélange et j’ai frissonné de dégoût. Je ne voulais plus boire. Jerem s’est servi un verre et nous nous sommes assis sur une bûche où un feu était allumé. Agatha a proposé de jouer au jeu « je n'ai jamais ». Le but est de dire « je n'ai jamais » et d'ajouter une action et si vous l'avez fait, de boire une gorgée.

Bien sûr, elle a commencé.

« Je n'ai jamais eu le béguin pour personne ici. »

J'ai ignoré les autres et j'ai regardé Jerem et Hugo qui ont tous deux baissé les yeux vers leurs verres pour prendre une gorgée. Agatha m'a regardé avant de prendre une gorgée à son tour. Le jeu a continué et je pouvais sentir le liquide dans mon verre devenir chaud, je ne buvais pas alors j'ai mis mon bras derrière la bûche et j'ai vidé le verre dans la terre. Je me suis levée et je suis allée à la table des boissons et je me suis servie un verre de jus d'orange. Au moment où je suis revenue, l'hilarité s'était répandue dans toute l'assemblée. En effet, un gars montrait ses parties intimes devant tout le monde, visiblement ivre.

« C'est la première fois que tu vois ça, n'est-ce pas, Violette ? » a demandé Agatha avec un sourire narquois.

J'ai ressenti le besoin urgent d'y aller et je me suis isolée. Je me suis levée et j'ai couru dans la forêt. Les larmes ont commencé à couler toutes seules sur mes joues. Je ne voulais pas être là. J'ai sorti mon téléphone et j'ai commencé à envoyer un message à mon père pour qu'il vienne me chercher. Puis j'ai changé d'avis, pensant que ce serait probablement encore pire de partir au milieu de la nuit.

"Violette?"

Je poussai un soupir de soulagement. Jerem était là. Il le serait toujours.

"Kayli m'a envoyé te chercher, elle a dit que tu n'allais probablement pas bien."

Pourquoi n'est-elle pas venue me voir elle-même ? Elle était probablement trop occupée à rouler des pelles à son copain.

"Je ne veux pas de ta pitié."

Il me serra de nouveau dans ses bras. Je me remis à pleurer.

"Tu n'es qu'une pute. Une pute."

"Je suis désolé que tu perdes ton temps avec moi, profite de la fête."

Il m'expliqua alors que la soirée avait un peu dérapée. Et quand je lui demandai pourquoi, il eut l'air paniqué et me dit qu'il fallait absolument rester cachée dans la forêt. L'ennemi d'Hugo, l'ex d'Agatha, était venu à la fête avec une hache, dans l'intention de tuer des gens. Il était visiblement saoul.

J'entendis un bruit venant de ma droite et je me raidis automatiquement. Jerem passa son bras autour de mes épaules.

"Tout va bien se passer."

Kayli et son copain sont arrivés, elle m'a murmuré qu'il fallait appeler la police car les choses dégénéraient. Elle était visiblement trop saoule pour le faire. J'ai composé le numéro. Du coin de l'œil, j'ai vu Jerem s'enfuir. Il était hors de question que je le laisse partir seul. Je l'ai suivi tout en expliquant la situation à la policière. Elle m'a demandé si j'avais bu ou pris de la drogue et je lui ai répondu que non. Elle m'a rassurée et m'a dit que la police était en chemin.

Je suivais toujours la piste de Jerem. Arrivé au feu, un ami d'Hugo m'a regardé et m'a dit de ne pas rester là. Mais j'ai refusé de quitter Jerem. J'ai pris sa main mais il m'a repoussé et m'a dit de m'enfuir. C'est là que je l'ai vu. L'homme à la hache. Il poursuivait Hugo. J'ai voulu intervenir, mais je ne savais pas quoi faire alors je suis restée là.

"Tu es vraiment inutile"

J'ai pris mon courage à deux mains et malgré l'appel de Jeremy, je me suis dirigée vers l'homme.

"Pourquoi fais-tu ça ?" lui demandai-je.

Il me dit de m'écarter de son chemin sinon il me tuerait aussi.

"Tu es vraiment inutile"

Je reculai et sentis la peur m'envahir. Je veux sortir d'ici. Je n'aurais jamais dû venir, je le savais.

Heureusement quelques minutes plus tard, cachés derrière des buissons, nous vîmes la police arriver et maîtriser l'homme en question.

Le soir tomba rapidement après cet incident. Même Agatha n'osait plus ouvrir la bouche.

"Je crois qu'il est temps d'aller se coucher" dit un des amis d'Hugo.

Je regarde mon téléphone. 2h56. Oui, il est temps de terminer cette soirée. Mon père vient nous chercher à 8h.

En me dirigeant vers la tente de Kayli et de son copain, je les entends coucher ensemble. Il n’est pas question que je dorme avec eux.

« Tu peux dormir avec moi si tu veux », me propose Jerem en s’approchant de moi.

J’accepte, je n’ai pas d’autre choix de toute façon. Nous entrons dans la tente et je m’allonge, épuisée.

« Bonne nuit », me murmure Jerem.

Bonne nuit, me dis-je avant de m’endormir. Je sens le bras de Jerem s’enrouler autour de ma taille, mais ça ne me dérange pas. Je sais qu’il fait ça pour me rassurer du mieux qu’il peut.

Quelques heures plus tard, je suis réveillée par un flash, et des rires. C’est en entendant les téléphones sonner autour de moi que je comprends ce qui se passe. Je prends mon téléphone. Plus de batterie. Je prends celui de Jerem et je vois une notification sur le groupe de la classe et provenant d'un compte Instagram.

Une photo de moi et de Jerem endormis, avec la légende "Elle a vraiment besoin de tous les avoir, cette salope. Regarde-la dormir à poings fermés, ils ont dû baiser toute la nuit. Salope."

J'ai jeté le téléphone et les larmes ont commencé à me monter aux yeux. Mais je les ai repoussées. Et je me suis reposée encore quelques heures.

Et quand mon père m'a demandé le lendemain dans la voiture comment s'était passée la soirée, je lui ai dit que tout s'était bien passé et que je n'avais pas touché une goutte d'alcool. Ma réponse a semblé lui convenir.

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