Au-Dela des Etoiles
Il était une fois, une maman chat appelée Céleste qui avait mis bas. Elle eut 5 petits chatons, tous aussi beaux les uns que les autres. Un des petits était malade, il se nommait Éden. Selon le vétérinaire chez qui vivent les chats, le petit Éden aurait un cœur qui bat très lentement. Une maladie sur laquelle on ne peut rien faire. La seule chose pour aider ce petit chat, c’est de ne pas lui faire peur, car ça peut lui être fatal.
Une après-midi, alors qu’Éden faisait sa sieste habituelle, il fit un cauchemar. Il miaula de peur en dormant. Céleste et les petits, suivis de près par l’humaine, accoururent pour l’aider, mais que faire ? Ils attendirent tous que le petit se réveille pour le réconforter, ce qu’il ne tarda pas à faire. Malheureusement, il ouvrit les yeux une dernière fois. Céleste miaula à en faire pleurer tout le monde. L’humaine appela le vétérinaire qui ne tarda pas à venir.
Éden se retrouva dans un jardin aux mille et une couleurs. Des fleurs et des arbres partout où il pouvait regarder. Le soleil caressait son joli museau, le vent était léger. Au loin, il vit un chat âgé. Il s’approcha de lui timidement. En avançant, il sentit l’herbe sous ses coussinets, la terre lui entrer entre ses griffes. “Que c’est bon d’être dehors” pensa-t-il.
Le chat âgé, Ébène, le vit et décida de lancer la conversation :
— Que fais-tu là, chaton ? dit-il avec sa douce voix.
— Je ne sais pas…
Ébène regarda attentivement ce jeune, et lui demanda :
— Que te souviens-tu avant d’être arrivé ici ?
Éden s’assit par terre et réfléchit à voix haute :
— Je me souviens de m’être réveillé d’un affreux cauchemar. J’ai vu ma maman, l’humaine et mes frères et sœurs me regarder. Je me sentais bien et je me suis rendormi de fatigue.
Le chat âgé vit que Éden ne savait pas où il était. Pour lui, cela pouvait être un rêve. Ébène s’assit alors à côté de lui et expliqua :
— Petit chat, tu es dans un monde parallèle, plus précisément dans un monde où les chats viennent quand ils ont fini leur vie sur terre…
— Mais je n’ai pas vécu moi, s’exclama le petit chat. Je veux retourner auprès des vivants.
Ébène vit que la situation était compliquée, alors il continua de parler :
— Tu étais malade, non ?
— Je ne l’ai pas choisi.
Ébène posa doucement une patte sur l'épaule d'Éden, exprimant une compassion silencieuse. Puis, d'une voix douce, il continua :
— Éden, je comprends que cela puisse être difficile à accepter. Dans notre monde, il n'y a ni douleur ni souffrance. C'est un endroit où les âmes des chats viennent après avoir quitté la Terre. Ton passage ici n'est pas un rêve, c'est une réalité différente.
Éden, perplexe, regarda autour de lui, essayant de comprendre la signification de ces mots.
— Mais je ne veux pas être ici, murmura-t-il. Je veux être avec ma maman, mes frères et sœurs, et l'humaine.
Ébène hocha la tête avec compréhension.
— Je sais que c'est difficile, petit chat. La vie sur Terre peut être douloureuse, mais ici, tu ne ressentiras plus jamais de peine. C'est un lieu où les âmes trouvent la paix après leur temps sur terre.
Éden, cherchant à comprendre, demanda :
— Alors, c'est la fin pour moi ?
Ébène lui sourit avec sagesse.
— La fin d'une étape, mais le début d'une autre. Tu porteras toujours la lumière de ta vie passée ici, dans ce jardin aux mille couleurs. Les chats défunts vivent paisiblement, et ils ont chacun leur histoire à partager. Tu n'es pas seul ici, Éden.
Le petit chat baissa la tête, absorbant lentement la réalité de sa situation.
— Prends le temps de t'habituer, jeune chat. Nous sommes là pour t'aider à traverser ce passage, et avec le temps, tu découvriras la beauté de ce nouveau monde. Si tu veux, je peux te montrer quelque chose qui devrait t’aider, je pense.
Éden, perplexe, suivit Ébène vers un gros chêne. Le vieux chat gratta la terre jusqu’à ce qu’un bouton, de la forme d’une patte de chat, apparaisse.
— Éden, je t’invite à appuyer sur le bouton tout en pensant à la personne que tu aimerais voir.
Le petit chat intrigué s’approcha du bouton, pensa à sa maman et appuya. Un écran apparut lui montrant sa maman en train de griffer l’homme qui l’avait examiné à sa naissance. Éden ne comprit pas pourquoi, jusqu’à ce que sa maman attrape son corps par la peau du cou et sorte de la maison suivie par ses frères et sœurs. On les voit aller au fond du jardin. Céleste posa son chaton sur la terre, épuisé. Elle miaula si fort qu’un chien errant la rejoignit. L’humaine au loin, voyant la scène, voulut chasser le chien, mais le vétérinaire la retint.
Le chien s’approcha de la maman chat, s’assit et lui demanda :
— Que t’arrive-t-il, ma vieille amie ?
— Éden est mort, lui répond-t-elle en lui montrant le corps du chaton allongé à ses pattes.
Le chien renifla le corps et gémit de confirmation. Il reprit :
— Je te vois épuisée, ma belle amie, veux-tu que je creuse un trou pour ton petit chaton ? Je le ferai avec la délicatesse qui se doit.
La maman hocha la tête, et le chien s’attela à la tâche tout en racontant une
anecdote :
— Tu te souviens de quand je n’étais qu’un bébé chiot ? Ma maman m’avait laissé près de chez ton humaine dû à ma malformation de mon museau. Tu étais si gentille avec moi. Tu avais partagé tes repas, quitte à te sacrifier pour que je mange et que je grandisse. Maintenant c’est à mon tour de t’aider.
Le trou fini, Céleste se leva et prit son chaton dans sa gueule. Elle le porta jusque dans le trou fait par son ami. Elle le déposa avec tendresse et le lécha. La maman chat renifla son chaton une dernière fois et laissa la place à ses autres enfants. Chacun des quatre chatons s’approcha, renifla leur frère et repartit entourer leur maman. Dès que tout le monde fit ses adieux, Céleste se leva et mit un peu de terre sur Éden. Les autres chats firent de même. Le chien attendit qu’ils repartent s’asseoir et termina de recouvrir le petit.
Le trou rebouché, l’humaine vint les voir. Le chien, pensant qu’il allait être mis à la porte, commença à grogner, mais une patte venant de la maman chat le rassura. L’humaine s’approcha et sortit une pierre de sa poche. Elle expliqua :
— Céleste, j’ai gravé le nom d’Éden sur cette pierre, j’espère que ça te plaira.
L’humaine s'accroupit à sa hauteur et lui montra la pierre. La maman chat renifla et sentit que les intentions étaient bonnes venant de sa maîtresse, alors elle s’écarta pour la laisser passer. L’humaine déposa la pierre sur la tombe improvisée et fit une prière.
L’écran s’éteignit, laissant Éden face à ses émotions.
— Merci, Ébène, de m’avoir permis de les voir une dernière fois.
Ébène lui fit signe de le suivre, il n’avait pas fini de faire le guide dans ce nouvel endroit.
Ébène continua à guider Éden à travers le jardin aux mille couleurs. Les deux chats passèrent devant des scènes paisibles, où d'autres chats se prélassaient au soleil ou jouaient sous les arbres. Éden était toujours en train de s'habituer à ce monde étrange, et bien que les couleurs et les odeurs soient magnifiques, son cœur restait lourd de la nostalgie de sa vie passée.
Alors qu'ils marchaient, Ébène décida de partager un peu de la sagesse accumulée au fil des années.
— Chaque chat ici a une histoire unique, une vie qui a laissé son empreinte dans ce jardin. Certains sont venus d'environnements difficiles, d'autres d'une vie de luxe auprès d'humains aimants. Chacun a sa propre leçon à enseigner.
Ébène continua à guider Éden à travers le jardin aux mille couleurs. Marchant le long des sentiers bordés de fleurs chatoyantes, ils croisèrent d'autres chats qui vaquaient à leurs occupations paisibles. Le cœur d'Éden, bien que rempli de nostalgie, commençait à s'ouvrir à la beauté de cet endroit unique.
Ils arrivèrent près d'un étang entouré de saules pleureurs, où trois chats élégants et colorés étaient réunis en train de discuter doucement. Ébène sourit à Éden.
— Vois-tu ce trio là-bas ? Ce sont Éclair, Pistache et Negrotte. Elles ont vécu des vies très différentes, mais le destin les a réunies ici. Peut-être que leurs histoires pourraient t'apporter un peu de réconfort.
Éden regarda les trois chats, intrigué. Il pouvait sentir l'énergie particulière qui émanait d'eux.
— Éclair, la belle chatte d'intérieur, avait un amour particulier pour les fleurs en plastique. Elle s'amusait à jouer avec elles et trouvait une joie infinie dans ces petits objets. Pistache, une chatte d'extérieur recueillie par une merveilleuse famille pendant un hiver glacial, apportait son énergie vive et joueuse au jardin. Quant à Negrotte, la calme et câline, elle aimait passer son temps près des radiateurs, observant par la fenêtre les pigeons virevolter.
Ébène s'approcha du trio et annonça doucement :
— Éclair, Pistache, Negrotte, permettez-moi de vous présenter Éden. Il vient de rejoindre notre jardin et cherche à comprendre ce nouveau monde.
Les trois chats tournèrent leurs regards bienveillants vers Éden. Éclair, toute noire avec sa queue d’une forme comme son nom, sourit chaleureusement.
— Bienvenue, Éden. Nous sommes ici pour partager nos expériences et apprendre les uns des autres.
Éden, un mélange de curiosité et de gratitude, s'inclina légèrement devant le trio de chats.
— Merci de m'accueillir. Je suis nouveau ici, et je suis curieux d'en apprendre davantage sur chacun de vous. Éclair, Pistache, Negrotte, pourriez-vous me raconter un peu de votre histoire ?
Éclair, toujours souriante, commença :
— Je suis née d’une fratrie, mais je n’ai que peu de souvenirs de ça. Quelque temps après ma naissance, je suis allée dans la maison d’une jeune fille et de sa maman. La maison avait un étage. Je jouais beaucoup en bas, dans le salon, pour attendre ma jeune maîtresse qui rentrait de l’école. J’aimais aussi bien me cacher derrière un grand frigo et même dans un plaid. Ce qui était bien avec mon pelage, c’est que je pouvais me mettre sur la grosse doudoune de ma maîtresse, elle ne me trouvait pas. J’ai un pelage sombre, ça sert bien. Ensuite, elles ont déménagé dans un studio. Sur la route, j’ai découvert de beaux paysages, mais j’avais peur de sortir. J’ai fait plusieurs tailles d’appartement, mais mon endroit préféré reste les bras de mes humaines.
Pistache, les yeux pétillants d'une étincelle espiègle, partagea ses souvenirs d'une voix empreinte de réflexion :
— Avant de rejoindre ma merveilleuse famille humaine, mes souvenirs sont un peu flous. Il y avait le père qui prenait soin de moi, la fille dont les affaires traînaient un peu partout, et la petite amie du papa qui, comme je l'ai découvert plus tard, était la jeune maîtresse d'Éclair. Vivre chez eux était un réconfort bienvenu comparé au froid glacial de cet hiver, et les repas variés étaient une véritable bénédiction par rapport à la monotone gelée.
Negrotte, plus réservée, ajouta doucement :
— J’ai connu la maîtresse d’Éclair quand elle habitait chez ma maîtresse. Elle venait toujours me voir sur mon radiateur près de l’évier. Elle bougeait le rideau pour que j’aie un rayon de soleil sur mon pelage. Elle me parlait beaucoup de vous deux et disait que je ressemblerais beaucoup à Éclair si elle avait eu mon âge. Il y avait deux autres chats qui vivaient où j’étais. Moumousse, un jeune mâle qui avait un peu peur des humains, mais qui finalement adorait les caresses, et Chipie qui miaulait souvent pour avoir de l’attention. Parfois, on se chamaillait, mais on était de bons amis. Quand la maîtresse d'Éclair est venue, il y avait un autre chat, Pandora, mais malheureusement je ne l’ai pas connu. Merci, Chipie. Sur mes derniers jours, j’ai eu le droit à une mousse qui de base était à Pandora, mais elle me l’a laissée pour reprendre du poil de la bête…
Negrotte pleura en se rappelant ses souvenirs. Elle avait rejoint ce monde il y a peu et était bien contente d’avoir trouvé ses deux amies, maintenant trois en comptant Éden. Les cinq chats se firent un câlin de réconforts et une alarme retentit. Ébène expliqua :
— Un humain est en détresse. C’est à vous d’aller essayer de les réconforter. Je vais vous laisser. Je dois guider d’autres chats. Passez une bonne journée.
— Bonne journée à toi, Ébène, et encore merci pour la visite, répondit Éden.
Les quatre chats - Éden, Éclair, Pistache et Negrotte - partirent en direction du “Jardin partagé” comme on aime l'appeler ici. Là-bas, se trouvaient des humains en quête de réconfort. Il y a de toutes les histoires. Certains étaient là depuis des années, attendant de voir un visage familier, et d’autres venaient d'arriver dans ce monde et ils avaient du mal à s’y faire. Les chats arrivèrent face à une centaine d’humains. Certains étaient assis sur des bancs, d’autres à même le sol, mais une petite fille retint l’attention d’Éden. Sans prévenir, il courut vers elle. Il se mit près d’elle et commença à ronronner. La petite fille leva la tête et vit le chaton. Elle le prit dans ses bras. Éden venait de devenir l’ange gardien de cette fille.
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