Anxiété
Récemment j'ai découvert une nouvelle émotion, quelque chose qui me prend aux tripes, torture mon esprit mon corps, paralyse mes pensées, mes gestes, mes sens.
A chaque instant mon ventre se serre, mes entrailles se tordent, mes yeux s'embrument et mes membres tremblent. Sans prévenir mon visage se refroidit, ma tête s'alourdit, mon coeur s'accélère et je ne contrôle plus.
J'ai découvert cette émotion, que je ne souhaite pas appeler une maladie, un lundi matin sur la route en rentrant de chez mes parents, direction le travail à deux heures de routes. Sur l'autoroute, chantant à tue-tête mon album préféré, mes poumons se sont compressés, mon esprit s'est évadé, ma vision s'est rétrécie. J'ai cru tomber dans les pommes, juste une petite chute de tension. J'ai préféré m'arrêter sur le bord de la route pour respirer et m'assurer que tout allait bien. Seulement je ne pouvais plus démarrer. Coincée sur la bande d'arrêt d'urgence j'étais paralysée. Les camions faisaient trembler mon habitacle. Les voitures continuaient leurs trajets, inconscients de mon mal-être, du combat que je subissais. Paralysée par la peur, je ne savais plus quoi faire, j'ai pensé appeler une ambulance pour me débloquer, j'ai pensé dormir, là sur ce bord de route dangereux.
N'étant pas du genre à m'abattre j'ai redémarré, 90km/h entre deux camions j'attendais la prochaine aire d'autoroute. Un panneau, vingt kilomètres, j'ai cru pouvoir y arriver. Une bourrasque de vent et je me suis arrêtée de nouveau. J'ai attendu et recommencé. Cinq fois avant que je puisse garer ma voiture sur une place adaptée, à l'abri, sur une aire où je me sentais enfin en sécurité.
J'ai attendu une heure pour me sentir en confiance et redémarrer. Repartie, les deux mains sur le volant, j'étais déterminée à arriver à temps au travail. Seulement, après cinq minutes, un échangeur d'autoroute et je m'arrête. En pleurs j'appelle ma copine et demande de l'aide, quelque chose , un avis, une motivation, un miracle. Elle me réconforte, j'avance et prends la première sortie d'autoroute.
Sortie de cet enfer de goudron, de vitesses, d'accélération, de six voies, de conducteurs solitaires; j'ai pu de nouveau respirer. J'ai continué mon chemin sur les routes de campagne, beaucoup moins peuplées où je me suis sentie libérée bien que la tempête d'émotions ressentie peu de temps auparavant menaçait de réapparaitre. J'ai pris mon temps, j'ai regardé devant moi.
2h de retard ce jour-là au travail, un trajet normalement de 2h15 s'est transformé en une aventure de 5h. Arrivée j'ai cherché un médecin, le soir même un diagnostic est tombé.
Ce que je croyais une hypotension avait un bien autre nom : la spasmophilie, aussi appelé l'anxiété.
Un terme qui m'était familié car beaucoup employé dans les médias par les célébrités mais dont je ne comprenais pas sa signification.
Aujourd'hui, 6 mois après j'en souffre encore. En écrivant ce texte je ne me sens pas bien, mais je ne laisse pas cette émotion me trahir, m'affaiblir. Je suis forte, je me lève chaque matin, je ne subis pas cette sensation. Je l'accepte mais elle ne me submergera pas.
Je travaille à ne plus la ressentir, j'ai décidé il y a deux mois de cela, de me faire aider, je vais voir une psychologue deux fois par mois. Il y a plusieurs façons de vaincre l'anxiété, j'ai décidé de ne pas prendre d'anti-dépresseur, cette thérapie c'est ma façon de me soigner, de regagner le contrôle.
Si vous souffrez de cette maladie, car il faut que je l'assume c'en est une, je suis de tout coeur avec vous.
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