Nous arrivons dans ce cadre majestueux dans notre tenue habituelle, short, t-shirt auréolé et croquenots crottés. Le jeune réceptionniste, en professionnel averti, ne fait aucune remarque.

— Une chambre avec un lit double ! Parfait. Chambre 112, au premier.

En quittant le comptoir, je me retourne. Il nous regarde et nous détaille avec un sourire ravi. Je lui lance un clin d’œil. Il y répond avant de reprendre son masque. Un confrère !

La chambre est immense, le lit est immense, la vue sur le parc immense est splendide.

Il est tard.

— Une petite douche avant le diner ?

J’acquiesce. La douche est immense et Pierri, sans façon, me rejoint. Nous nous lavons chacun de notre côté. Jamais nous n’avons été aussi proches sans, encore, nous toucher.

Le diner est fin, interminable. Souvent, nous nous prenons le bout des doigts et le bout des yeux. Nous allons faire l’amour, tout à l’heure, et nous sommes émus, l’un et l’autre.

Malgré mes expériences, je le ressens comme ma première fois. Pour Pierri, c’est sûr : il m’a dit qu’il ne s’était même jamais masturbé. Des copains scouts lui avaient montré, mais il n’avait pas voulu essayer sur lui. Une vierge intégrale !

Chaque seconde des heures que nous allons vivre est gravée dans le granit de ma mémoire, ineffaçable à jamais.

Je n'arrive pas à parler, tellement l'émotion est forte. J'évite son regard, car j'y lis amour, tendresse, envie, abandon.

Nous sommes devant la porte. Je tremble tellement que je n'arrive pas à l'ouvrir. Il me prend doucement la main et m'aide à tourner la clé.

— Ça va aller, ne sois pas inquiet !

C'est lui qui me rassure ! Je le veux tellement et j’ai tellement peur d’abimer quelque chose !

Nous sommes face à face.

— Usem, je le veux vraiment, j'ai envie d'aller où tu veux, avec toi. Quoi que nous fassions, ce sera bien !

Je l'attire. Nous nous embrassons délicatement, pour faire connaissance et nous imprégner de l'autre. Le temps est arrêté. Je sens ses mains passer sous ma chemise. C'est lui qui mène et j'adore me laisser guider par son inexpérience. Nos chemises ont volé. Sentir son torse caresser le mien est une douceur.

— Tiens, sens ! me murmure-t-il en mettant ma main sur son sexe.

Au travers de son pantalon, je sens le barreau de son désir.

— Tu vois, je suis prêt ! Je réagis comme toi. Usem, vas-y sans retenue, s'il te plait…

Ma main reste sur cette dureté. Je continue de l'embrasser, de le caresser. Cette longue préparation est douce, relâche mon appréhension et mes freins. J'ai besoin de me sentir lui, d'être lui, avant que nous soyons deux, puis un.

Nous sommes nus. Je tiens son sexe soyeux dans ma main, allant de sa touffe à ces bourses. Quelles merveilles ! Lui aussi explore mon anatomie, sans gêne, comme habitué aux volumes qu'il caresse.

Nous nous mettons sur le lit, tête-bêche. Je regarde mon Graal, enfin découvert. C'est encore plus beau que dans mes rêves. Ces poils blonds, chauds, sur la blancheur de sa peau sont d'une grande délicatesse. Ce que j'admire le plus est son prépuce, si long que son gland n'apparait pas malgré son érection. Je ne connais pas ce morceau de peau, l’ayant perdu lors d'une cérémonie dont je ne me souviens pas. Doron est comme moi. J'ai toujours été jaloux de mes partenaires chrétiens ! Mais jamais je n'avais vu une telle splendeur. Cette dissimulation de son extrémité est d'un érotisme éprouvant.

Je ne veux rien lui dire, rien lui expliquer. Il caresse toujours mon sexe, me lançant des décharges à chaque mouvement de doigt. J’abaisse ma tête. Quand je l’enfourne, je sens une crispation, une interrogation, puis un abandon quand il ressent l'effet que je lui apporte. Un gémissement et il s'abat sur le dos, les yeux fermés, m’offrant son corps.

Je suis bien à l'accompagner, à percevoir et à travailler ses ressentis. Ma langue s'est glissée sous son prépuce, si facilement ! Chaque tour déclenche un gémissement. Je repousse maintenant toute sa peau. Je suis rassuré, tout glisse bien, le frein est long. Il ne se fera pas mal s’il veut me posséder. Je veux la perfection pour lui.

Alors que je reprends mon souffle, il se redresse. Il a ouvert les yeux. Je vois son bonheur, sa reconnaissance. Pourtant, nous n'avons rien fait encore. Je vois son hésitation, une fraction de seconde. Je sens qu'il m'a avalé. Il reproduit avec douceur ce que je viens de lui faire. Il veut me donner les mêmes sensations. Je me remets au travail et nous partageons à l'unisson dans cette montée.

Brusquement, je me recule, le mets sur le dos et relève ses jambes. Il se laisse manipuler sans retenue. Je vois enfin la porte du paradis, enfouie elle aussi dans cette blondeur. Quand ma langue commence ses investigations, je sens à nouveau la surprise suivie du relâchement. Je fais durer cette exploration, pendant que mes mains couvrent le velours de ses cuisses et de son sexe. Je sais qu'il n'est plus là, qu'il m'appartient en totalité. Lui, Pierri, mon créateur ! Cette confiance absolue est un stimulant autant qu'un garde-fou. Ne lui donner aucune douleur, seulement des sensations d'infini.

Je ne sais pas si je dois rendre compte de ce que nous avons vécu. Je n’ai jamais raconté mes aventures sexuelles. En plus, celles-ci sont tellement importantes pour moi ! Si c’est trop détaillé ou trop cru, tu me le dis.