Posté devant la fenêtre, j’admire le ciel. Un morceau de soleil s’allume et darde ses rayons scintillants sur l’orée sylvestre.

Une quiétude extrême s’empare de moi.

J’enfile mon caban anthracite, mon écharpe en mohair rouge et noire et j’ouvre la porte. Je me dirige vers une phosphorescence éblouissante.

Une promenade enivrante, une quête euphorisante.

Au détour d’un layon terreux, je la vois, silhouette gracile se dessinant dans le clair-obscur. Ma déambulation incertaine m’a amené au sein d’une forêt inextricable, les feuilles râblées teintées d’une lueur fauve contiennent les rayons du soleil curieux.

Je me tiens, aussi fermement que possible, dans ce sentier où la boue aspire à devenir du sable mouvant. Elle tente de m’enliser pour que je ne puisse me dérober face à cette apparition ineffable. Ce que je ne veux pas. Je me plais à contempler cette ombre avenante qui danse et tournoie dans les sillons d’une brume diaphane. Ses gestes suaves m’emplissent d’une joie impétueuse.

Un rai solaire réussit à transpercer la protection végétale et caresse délicatement les cheveux auburn et soyeux de celle qui me vole mon regard. Laineux, sa chevelure virevousse dans l’air changeant et mon imagination s’envole avec elle.

Un autre trait de lumière la baigne d’une lueur coruscante et j’aperçois un visage séraphique, les traits fins et mystérieux. Une peau lactescente et glabre, futur lieu de rencontre de mes doigts tremblants et indiscrets. L’ébauche de son sourire illuminé happe mon regard et je me noie dans ses lèvres suborneuses. Je ne veux qu’une chose : goûter au nectar de cette déité gracieuse à la puissance érotique incommensurable.

Le monde s’arrête dans sa course, les grains de la clepsydre temporelle se figent.

Un feu ardent naît et croît en moi, mes entrailles se tordent et mon cœur pulse ses rigoles pourpres. Un désir indicible s’empare de moi, je ne veux qu’arpenter les terres vierges de son corps céleste. Je me porte en tant qu’explorateur passionné et je devine déjà ses formes séduisantes sur lesquelles j’apposerai mon envie suprême.

Personnification même du plaisir ultime, elle s’approche, lévitant somptueusement à quelques centimètres du sol qui n’aimerait qu’une chose : se laisser piétiner par cette éclatante figure. La voûte astrale prête ses étoiles à mes yeux, un émerveillement idyllique m’enrobe.

Mes paupières frémissantes se ferment, honteux de pouvoir admirer une beauté opaline capable de scintiller dans les ténèbres. Je ne suis plus qu’un réceptacle de désir lorsque sa main doucereuse effleure ma joue, laissant son empreinte invisible.

Elle brise mes barrières sentimentales, transcende la moindre de mes envies et chuchote les désirs de mon âme.