Chapitre 3 (Gallie)

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Malgré la douleur atroce dans mon bras, je suis folle de rage. Tant mieux. Cette tension sous adrénaline m’empêche de sombrer, mais je sens que mon corps menace de s’effondrer d’un instant à l’autre.

Qu’est-ce qu’ils m’ont fait ?

Je suis lessivée. Comme si on m’avait siphonné toute mon énergie, vidée de l’intérieur. Une sensation bien plus étrange que la simple fatigue. Même pendant mes entraînements intensifs, je n’ai jamais ressenti une telle faiblesse musculaire. Ont-ils utilisé une drogue ? Une sédation ?

Mes jambes tiennent à peine sous mon poids, mais je refuse de rester passive. Alors je marche. Je tourne en rond dans cette cage comme une lionne traquant une faille invisible. Il faut que je comprenne.

Où est Max ?

Je serre les poings, les souvenirs me reviennent en rafale. Le parking souterrain. Une attaque. Des silhouettes invisibles. Max que je voulais protéger. Puis une force incroyable. Un choc brutal. Le noir total.

Ensuite…

Un homme masqué. Une dégaine sortie d’un mauvais film de science-fiction. Il s’est jeté sur moi dès mon réveil. J’ai essayé de me défendre, malgré mes jambes entravées et mon bras en moins. Ma seule arme, c’était mes dents. Alors j’ai mordu. Fort. Avec l’intention de lui arracher un morceau de chair.

Il n’a même pas essayé de riposter. Juste un soupir et un regard, comme s’il s’attendait à ce que je me débatte. Puis il m’a enfermée ici. Sans me fouiller.

Grave erreur.

Je glisse ma main sous mon pantalon. Mes doigts trouvent aussitôt le petit canif dissimulé dans la couture. Merci papa d’avoir toujours insisté sur le fait qu’une femme doit savoir se défendre.

Mais avant de penser à l’utiliser…

Où suis-je ?

Je scrute mon environnement.

Un hôpital militaire ? Une salle de quarantaine ?

Non. Quelque chose cloche.

L’odeur. Métallique. Ionisée. Rien à voir avec un simple établissement médical. L’air ici est trop pur. Filtré.

La pièce est petite, sans fenêtre. Un cube aux murs d’un métal lisse, sans aucune aspérité. Une seule ouverture : une porte coulissante encastrée dans la paroi, sans poignée visible. Aucune serrure.

Je tire mon téléphone de ma poche. Toujours là. S’ils n’ont pas pris la peine de me fouiller, ils sont plus négligents que prévu.

Je lève l’appareil vers le plafond, tendant le bras dans chaque recoin de la pièce en quête d’un signal. Allez, une barre, une seule…

Rien.

Pas même l’icône du réseau. Comme si je n’étais plus sur Terre.

Une décharge glacée traverse ma colonne vertébrale. Ne dis pas de conneries, Gallie.

Soudain, un bruit de ballon qui se dégonfle retentit.

La porte coulisse dans un souffle artificiel.

Je me plaque immédiatement contre le mur, dans l’angle mort de l’entrée. J’attends.

Une silhouette s’engouffre.

Je frappe.

Mes jambes s’enroulent autour de son cou en une prise implacable, le projetant violemment au sol. Je mets tout mon poids dans ma réception, mais la douleur me foudroie instantanément.

Mon bras brisé explose sous l’impact. Un cri aigu m’échappe.

Erreur fatale.

Mon adversaire en profite. Une main de fer s’empare de mon poignet blessé et tire d’un coup sec.

La souffrance est si violente que je manque de perdre connaissance.

L’espace vacille autour de moi, des points noirs dansent devant mes yeux.

Non… Reste éveillée !

Je me débats, mais il est trop fort. Il me retourne comme une crêpe, m’écrase contre le sol et se plaque sur moi, verrouillant mes mouvements.

Sa chaleur corporelle irradie dans mon dos. Son souffle brûlant effleure ma nuque. Je suis prise au piège.

Je hurle de frustration.

Son odeur…

Un mélange familier de café noir et d’aftershave boisé.

Non… Impossible.

— C’est comme ça que tu accueilles un collègue de bureau ?

Je me fige.

Cette voix.

Une vague d’émotions me submerge.

La rage. Le soulagement. L’incompréhension.

Je tente de tourner la tête, croise deux yeux d’un bleu perçant.

— Max… ?

Mon corps cède. Je relâche toute la tension accumulée, comme une poupée désarticulée.

Max se redresse légèrement, scrutant mon visage avec une douceur troublante. Je lève une main tremblante, effleure sa joue du bout des doigts. Il est là. Réel.

Je ferme les yeux. Le noir m'absorbe. Je suis sauvée.

  • Des voix, lointaines.

Mon corps est lourd, engourdi.

Je flotte entre conscience et sommeil.

Un murmure me parvient. Grave. Inconnu.

— Je vais devoir faire une reconstruction du radius et du cubitus. Vous ne l’avez pas ratée, Commandant.

Commandant ?

Où suis-je… ?

Une sensation douce et chaude enveloppe mon bras. Un cocon réconfortant.

Un autre murmure. Cette fois, une voix familière.

— Commandant… Son état est stable. Elle va bientôt se réveiller.

Max ?

Je veux parler.

Mes lèvres s’entrouvrent, un mince filet d’air s’échappe.

Mais aucun son ne sort.

Je veux bouger.

Mon corps refuse d’obéir.

Un frisson me parcourt. Des larmes de frustration roulent sur mes tempes.

Bon sang, qu’est-ce qui m’arrive ?

Une pression légère sur ma joue.

Un contact chaud. Apaisant.

Quelqu’un… essuie mes larmes.

— Commandant, elle pleure…

Un choc électrique parcourt mes nerfs.

Commandant.

Max n’est pas un simple collègue.

Je ne suis pas dans un hôpital.

Je ne suis pas sur Terre.

Un vertige me prend. Je rassemble toute ma volonté.

Mes paupières frémissent.

Allez… Encore un effort…

Je force mes yeux à s’ouvrir.

D’abord flou, puis plus net.

Deux silhouettes.

L’une d’elles… Max.

Son regard azur croise le mien.

— Gallie…

Sa voix tremble. D’inquiétude ? De soulagement ?

Il serre doucement ma main, sa chaleur se propage en moi.

— Repose-toi, Alien. Je veille sur toi.

Un murmure rassurant.

Et c’est à nouveau le trou noir.

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