- Aube Fraîche -
Dansant entre les lueurs roses, dorées et violettes de l'aube, un jeune mais puissant soleil perçait de son éclat l'obscurité des arbres. Tout était paisible, rien ne bougeait, aucun signe de vie, hormis le faible écho du chant matinal des oiseaux qui se faisait entendre au loin. La fraîcheur de l'hiver envahissait l'horizon, répandant dans l'air un sentiment de sécurité. La neige, elle, avait fini de tomber, elle restait maintenant silencieuse, recouvrant le sol de son manteau éclatant.
Il y eut un mouvement. Délicatement, un petit être sortit des fourrés enneigés, faisant tomber leur contenu sur sa tête qu'il s'empressa de secouer. C'était un minuscule chaton, blanc comme neige, n'ayant probablement pas plus que quelques lunes de vie.
Il releva la tête, son petit museau rose s'agitant afin de capter chaque senteur contenue dans l'air matinal. La lumière se reflétant dans ses yeux bleus comme la glace y faisait naître une myriade de nuances plus belles les unes que les autres. C'était comme si un arc-en-ciel vivait dans son regard curieux.
Ses mignonnes oreilles rousses remuèrent soudain: elles avaient entendu les faibles bruissements des ailes d'un papillon. L'insecte voletait, insouciant, dans ce décor hors du temps. Fasciné, le félin le fixait du regard; ses pupilles noires contrastant avec le bleu glacé se réduisirent en deux fentes tandis qu'il ne perdait pas une miette des déplacements de sa cible. Une fine patte fendit l'air, s'abattit sur l'insecte et l'attira vers le sol. L'insecte était maintenant à terre, se tortillant avec fougue sous la patte du chaton. Celui-ci pencha son petit corps chétif pour venir renifler sa proie. Les ailes lui chatouillèrent le museau et il éternua de surprise, relâchant au même instant le papillon qui s'empressa de reprendre sa danse hypnotique.
Le jeune félin l'observa encore un moment, le dévisageant de son regard curieux et fasciné, les oreilles tressaillant d'intérêt, puis entreprit de faire sa toilette.
Tout en délicatesse, il secoua sa patte pleine de neige avant d'y passer sa langue pour réchauffer son coussinet endormi. Il passa ensuite sa patte derrière son oreille plusieurs fois avant de la ramener vers l'extrémité de sa face. Il était très consciencieux dans son travail et ne ratait pas un seul centimètre de ses doux poils laiteux. Une fois sa tête parfaitement propre, ses fins poils étant impeccablement lissés, il s'attaqua à son frêle et fier poitrail.
Cela fait, le chaton reprit sa route, faisant de petits bonds silencieux afin de ne pas s'enfoncer dans la poudreuse. Il marcha longtemps, se mouvant sans bruit dans le paysage paisible, telle une ombre glissant sur le sol, allant de fourrés en fourrés, de cachettes en cachettes afin d'être le plus discret possible.
Il arriva enfin à une petite caverne entre deux rochers gelés. Il se faufila sans problème dans l'ouverture. Le chaton pénétra dans la grotte obscure et rejoignit une sorte de nid fait à base d'herbe et de plumes où il se coucha. Puis, se roulant en boule, ramenant à lui sa fine queue rayée de roux, il poussa un ronronnement de bien-être.
Peu à peu, ses yeux se fermèrent, telle la glace qui fond au soleil, et poussant un dernier soupir, il s'étira, ramenant ses petites pattes toutes douces contre son museau tout chaud.
Et le chaton s'assoupit, la tête pleine de pensées et l'esprit emplit de rêveries.
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