- Pâle copie -
Assise au bord d'un pont, une jeune femme étendait la main comme pour saisir la lune. Le silence régnait dans ce monde obscur que seul un miaulement lointain brisait. La lumière astrale semblait caresser sa peau, la faisant luire d'un éclat argenté. Elle ne quittait pas des yeux sa main, comme hypnotisée par elle, l'examinant sous toutes les coutures.
Elle se demandait si, après tout ce temps, cette main était toujours la sienne, si ce corps lui appartenait toujours. Peut-être n'avait-elle plus le droit de l'appeler sien ? Cette larme amère sur sa joue, venait-elle vraiment d'elle ? Ou bien celle qui occupait avant ce corps, en était-elle la propriétaire ?
Les pensées qui se bousculaient sans cesse dans son esprit, le chahutant dans un boucan assourdissant. Qui en était l'auteur ?
"Probablement la peur." Murmura-t-elle d'une petite voix fluette.
La jeune femme balançait ses jambes dans le vide. Leurs ombres remuaient sur les eaux calmes du fleuve endormi.
Elle prit une inspiration et retînt sa respiration. Tout était calme, si silencieux. Il n'y avait qu'elle et ces pensées sombres. Uniquement elle et sa peur incessante.
Il n'y avait nul endroit en ce monde où lui échapper. Elle avait tout essayé : fuir, ignorer, accepter, se cacher, oublier, elle ne pouvait rien contre elle.
Telle une ombre, l'anxiété la traquait, s'épanouissant en son esprit tel une fleur empoisonnée.
Alors, lentement, elle se pencha en avant.
Délicatement, elle se laissa tomber.
Le vent l'enveloppa, caressant ses cheveux et l'eau lui donna un baiser glacé. Elle sombra.
Les yeux clos, elle souriait. Tout était si paisible, la quiétude l'envahissait, dévorant la noirceur qui était en elle.
Instinctivement, elle tendit de nouveau la main que nul n'a voulu saisir et elle se laissa aller. Ses pensées se turent, laissant place au néant.
Perdu dans le silence, le jeune être égaré s'évanouit tandis que son corps brûlait une dernière fois de vie.
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