Miroir, montre-nous ta face silencieuse,
Jamais on ne l’atteint avec nos propres yeux,
Trace sur notre dos la marque des aveux,
Son verre est éclatant, apparences trompeuses,

Lisse comme du bois que l’on aurait verni,
Fait de matériaux qui se laissent répandre,
Mais rien n’est éternel, la glace peut se fendre,
Des promesses brisées, les mots s’étant ternis,

Regards vitreux et froids, dès lors qu’on les dévoile
Amas de vérités coincées dans les accrocs,
L’ œuvre d’un miroitier présente des défauts,
Tout comme les vitraux au temps des cathédrales,

Tu ne sais même plus discerner les reflets,
Te noyant dans l’enfer façonné par les autres,
Au jugement dernier, ils ne sont pas apôtres,
Te reconnais-tu donc dans leur réalité ?

Ramasse les morceaux qui sont tombés à terre,
Fais un tri et prends ceux dont la face est polie,
Le revers inconnu, choisis tes favoris,
Garde-les près de toi, si tu les récupères

On avance avec un miroir parfois cassé
Sa face cachée peut s’avérer intenable,
Et notre vision du monde en est instable,
Il nous faudra choisir qui va le réparer