CHAPITRE 06 : « Première rencontre » « Florian »
CHAPITRE 06 : « Première rencontre » « Florian »
« Salle d’attente des urgences, au même moment. »
René est debout à observer la grande salle qui pour une fois semble quasiment vide, le personnel en ressentant l’effet par une tranquillité d’esprit malheureusement trop rare.
Il repense à cette matinée passée avec ce garçon peu commun, la présentation avec le directeur du centre hospitalier, qui semblait pour sa part en connaître suffisamment sur son compte pour ne pas marquer l’étonnement quand il lui a narré cette histoire d’empoisonnement.
La conversation lui revient alors à l’esprit.
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- Pourquoi croyez-vous que nous ayons autant insisté pour qu’il partage son temps entre nous et la faculté ?
- Ah !! Parce que la demande vient de nous ? Première nouvelle !
- Vous comprendrez vite les raisons qui nous ont motivés, surtout après avoir passé quelque temps avec cet énergumène à l’intelligence et aux compétences hors normes.
- Vous allez l’affecter dans mon service ?
- Hum !! J’y pense… mais je ne suis pas sûr que cela satisfasse tout le monde après quelque temps passé parmi nous. En attendant gardez-le avec vous pour aujourd’hui, n’hésitez pas à le tester en lui présentant les cas les plus désespérés qui séjournent chez nous en ce moment.
- Qu’attendez-vous de lui exactement ?
Le directeur réfléchit un moment avant de soupirer en donnant sa réponse.
- J’ai entendu et lu sur ce garçon des choses qui demandent à être vérifiées, ce matin il a révélé une facette de lui qui démontre ses connaissances, mais aussi un formidable sens de l’observation, continuons dans ce sens aujourd’hui pour avaliser l’idée que nous nous en faisons déjà.
- Bien monsieur !!
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Un mouvement qu’il capte du coin de l’œil le renvoie au présent, reconnaissant le petit rouquin revenant de déjeuner se dirigeant vers lui.
- Comment as-tu trouvé le service de la cafétéria ?
La grimace des plus explicites le fait sourire.
- Tu comprends maintenant pourquoi j’amène mes sandwichs ! Hi ! Hi !
- Le cuistot doit avoir des actions avec la morgue de la région, comment requinquer un malade avec ce qu’il leur sert !!
René préfère botter en touche d’une discussion qu’il a trop de fois eue et qui de toute façon n’aide en rien à l’amélioration des choses.
- Bien !! J’aimerais que tu m’assistes à ma visite aux malades pour l’après-midi, tu me donneras discrètement tes observations si quelque chose te surprend par rapport aux traitements ou aux diagnostics rendus.
René n’attend pas de réponse qu’il part déjà d’un bon pas en direction des chambres, retrouvant son staff d’infirmiers et d’internes qui l’attendaient dans le couloir précisement là où il commence toujours ses visites.
Un petit signe de bienvenue suivi d’une présentation rapide du petit rouquin, qui sans même s’en rendre compte amène déjà le sourire sur les lèvres de l’équipe devant son look pour le moins inhabituel pour ce genre de lieu.
La première porte s’ouvre sur une chambre à deux lits où deux hommes d’âges mûrs cessent leur conversation pour tourner leur regard vers les nouveaux arrivants.
L’après-midi passe ainsi de chambre en chambre sans véritables problèmes rencontrés, jusqu’à ce qu’ils arrivent dans une énième chambre double où deux jeunes filles étrangement calmes y sont allongées.
Florian suit le staff qui s’approche d’un des deux lits, quand un son lui parvient de l’autre lit qui l’amène aussitôt au chevet de la malade à tendre l’oreille et à lui prendre le pouls.
René s’aperçoit enfin de l’intérêt du jeune rouquin pour la deuxième patiente, alors que jusqu’à maintenant il se contentait de suivre le reste de l’équipe.
- Quelque chose à dire sur cette jeune fille ?
- Je crois qu’elle va faire une fausse couche, le pouls du bébé est haché, inégal et beaucoup trop faible.
René s’empresse de prendre la fiche de la patiente, celle-ci n’étant pas hospitalisée du fait de sa grossesse mais d’une bactérie affaiblissant sa respiration.
- Comment ça enceinte ?? Ce n’est pas indiqué sur sa fiche !!
- Pourtant elle l’est bien.
- Tu en es arrivé à cette conclusion comment ??
- Son pouls indique clairement deux pulsations différentes, mais…
Il lui prend des mains la fiche pour vérifier la posologie du traitement, il fronce alors les sourcils en tapotant sur un médicament prescrit.
-… Il faut absolument cesser ce traitement, il a des particularités abortives reconnues !!
- Comment une telle erreur a-t-elle pu arriver.
- Ce problème peut attendre, il faut contrecarrer l’effet de cette médication rapidement !! C’est déjà limite pour le fœtus !!
Ils le voient tous sortir un petit carnet avec un crayon, notant dessus rapidement quelques mots puis le tendant à l’un des deux internes en le détachant de la souche d’un geste sec.
- Il lui faut un lavage d’estomac et lui nettoyer le sang avec ce produit ajouté à son « goutte à goutte » !!
L’interne prend le papier en le tendant à son chef de service qui y jette un bref coup d’œil en lui faisant signe ensuite qu’il a son accord pour qu’il suive les instructions.
Il s’approche à son tour de la jeune fille pour lui prendre le pouls, n’y trouvant rien que ce qu’il est habitué à percevoir et cette histoire de double pulsation le fait se tourner vers le petit rouquin qui termine d’ausculter la patiente.
- C’est quoi cette histoire de double pouls ?
- Hein !! Ah ça !! Vous autres occidentaux ne pratiquez pas la médecine en tenant compte des expériences du passé, vous vous servez exclusivement des dernières découvertes que ce soit médicamenteuses ou électroniques, ce qui fait que certaines méthodes éprouvées ne sont plus connues et donc que la sensibilité nécessaire à les pratiquer, n’est plus inscrit dans les critères principaux pour l’obtention d’un doctorat. Pourtant il fut une époque où les médecins qu’on appelait alors apothicaires, n’avaient que ces perceptions pour donner un diagnostic fiable la plus part du temps sur l’état de santé de leurs patients.
Voyant qu’il captive son auditoire par ses explications, Florian sourit en remerciement de l’intérêt qu’ils lui portent et qui du coup l’invite à continuer jusqu’au retour de l’interne.
- Saviez-vous que les médecins royaux du temps des empereurs orientaux, étaient capables à la simple mesure du pouls de diagnostiquer tout un tas de maladies et d’infections, allant jusqu’à prédire le temps de vie qu’il restait au patient. Ils étaient au sein du palais aussi précieux que la famille impériale, du fait de la rareté de trouver des personnes aussi douées.
René hoche la tête en se rappelant vaguement avoir eu cette information à une époque où il s’intéressait à la médecine asiatique.
- Et donc tu aurais cette sensibilité à ressentir de telles choses ?
- Il semblerait en effet, pourquoi ?
- Avoue que nous pouvons nous en retrouver fortement étonnés, nous allons faire des examens plus conventionnels sur cette jeune fille pour avaliser ton diagnostic. J’ai validé ta prescription parce qu’elle n’a aucun impact sur la maladie en traitement et que le médicament de substitution est l’un de ceux que nous prescrivons également.
- La personne qui lui a fait prendre ce traitement aurait dû ne prendre aucun risque, pourquoi lui avoir donné cette molécule alors que d’autres moins agressives existent ?
René se retrouve gêné de répondre à cette question qu’il a également posée en son temps et dont la réponse purement financière l’avait à l’époque mis dans un état de forte colère sur les lobbyings et leur main mise au détriment des finances publics, mais aussi parfois de l’intérêt du malade.
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