CHAPITRE 16 : « Shanpaï » « Takumi »
CHAPITRE 16 : « Shanpaï » « Takumi »
« Le matin, une heure avant la reprise de cours. »
Naoki remonte les escaliers quatre à quatre pour traverser ensuite en trombe le couloir qui mène à sa chambre, il entre toujours avec cette impression d’urgence qu’il a donnée à tous ceux qui ont croisé son chemin depuis sa sortie de la cafétéria.
Son premier regard va pour le lit de son compagnon de chambre, suivi d’un soupir rassuré quand il aperçoit la touffe de cheveux roux sortant de sous la couette.
- Debout Takumi !!
- Muuuuuhhh !! Pourquoi tout ce tapage si tôt ?
- Si tôt ?? Tu l’as bonne toi !! Tu as vu l’heure au moins ?
Il voit la moitié d’un visage apparaître, qui fixe le réveil avant de s’en retourner d’où il venait.
- Il n’y a pas le feu !!
- Si tu le dis !! De toute façon je ne venais pas pour ça, mais plutôt pour les types qui te cherchent partout depuis plus d’une heure !!
- C’est qu’ils ne sont pas très futés alors, puisque je suis dans ma chambre !!
- Sérieux Takumi, je ne les sens pas !!
La tête réapparaît entièrement cette fois, le regard vert émeraude plongeant dans celui de son coloc qui du coup en ressent le contrecoup en s’y laissant prendre de façon quasi hypnotique.
- Tu as peut-être le nez bouché ou encore c’est qu’ils ne se sont pas lavés ! Hi ! Hi !
Naoki déglutit avec difficulté, tentant par ce biais de se détacher du regard si spécial qui lui traverse l’âme.
- Tu ne devrais pas plaisanter avec ça, je te jure qu’ils sont flippants.
- Bah ! C’est sans doute encore pour cette enquête, qu’ils mènent sur moi suite à l’accident cardiaque du directeur.
- Hum !!
- Dis-moi plutôt à quoi tu penses ?
Le visage du grand costaud marque l’hésitation qu’il a à poser la question qui le turlupine, Florian l’encourage de la tête à poursuivre.
- Je… enfin… ce ne serait pas plutôt à cause du rôle que tu joues depuis ton arrivée.
- Tu crois que je suis quoi ? Un criminel en fuite ? Un violeur ? Enfin un truc chelou du même genre ?
- Chelou ??
- Pftt !! En plus il faut tout vous apprendre !! Chelou… « louche » si tu préfères !!
- Ah… ça… mais non !! Qu’est-ce que tu vas chercher encore !! C’est juste tout ce qu’on entend sur ta véritable identité.
- Ah, nous y voilà !! Ils me chercheraient donc pour cette raison ?
- Ça en a l’air en tout cas, vu les questions qu’ils posent.
- Ils me cherchent ou ils posent des questions ? Faudrait savoir !!
- Holà camarade !! T’emballe pas après moi comme ça, je suis juste venu t’avertir.
- Désolé, je sais que ce n’est pas ta faute, mais venir taper la discute le matin au lever avant même que j’aie avalé quelque chose de chaud, ce n’est pas le mieux pour que je sois de bonne humeur alors en plus avec des types qui ne me lâchent plus depuis plusieurs jours !!
Naoki va pour lui répondre, quand un coup bref se fait entendre à la porte de la chambre et qu’elle s’ouvre ensuite sans attendre l’accord de ceux à l’intérieur.
Naoki qui était resté debout tout près de cette dernière, la referme d’un geste d’énervement et un bruit sourd suit de peu le claquement de la porte contre l’huisserie.
L’homme qui ne s’attendait pas à son geste, l’ayant pris en pleine figure et s’en retrouve assommé pour le compte en plein milieu du couloir.
Naoki entrouvre de nouveau la porte pour jeter un coup d'œil dans le couloir, il voit le gars allongé par terre avec un autre homme qui se jette à genoux pour tenter de le relever.
Un bref coup d’œil ensuite sur son coloc qui pour sa part semble trouver le moment particulièrement croustillant, son visage visiblement amusé pouvant difficilement faire admettre le contraire.
Une voix à l’extérieur de la pièce se fait entendre, sans chercher cette fois à pénétrer dans le lieu privé qu’est la chambre des deux étudiants.
- Nous venions juste parler avec l’étudiant Takumi Fukuda !! Ce n’était pas la peine d’être si violent envers mon collègue !!
Naoki blanc comme un linge fixe le petit rouquin en attendant de lui qu’il trouve une solution, son geste risquant fort de lui attirer des ennuis.
Il le voit s’habiller rapidement pour venir ensuite vers lui en lui parlant suffisamment bas pour que lui seul l’entende, alors que dans le couloir l’homme continue à vociférer contre le geste violent à l’encontre de son collègue qui apparemment est encore inconscient.
Naoki quand il entend les paroles du petit rouquin en a les yeux qui en sortent de la tête en le croyant devenu fou, quand soudainement ce qu’il se proposait de faire se produit et qu’ils se retrouvent tous deux dans l’escalier juste derrière l’angle du mur donnant sur le couloir.
Alors que le grand costaud reste hébété sans comprendre réellement ce qui lui arrive, il reçoit une poussée dans le dos qui l’oblige à faire le premier pas nécessaire pour montrer sa présence.
Florian lui passe sous le nez en courant et en riant, s’arrêtant net devant l’homme étendu au sol près duquel un autre individu tente de le réveiller en invectivant avec colère des personnes se trouvant hors de sa vue.
- Vous pourriez répondre espèce de vauriens !!
C’est à ce moment-là qu’il s’aperçoit de la présence d’un jeune rouquin souriant suivi bientôt par un autre garçon semblant faire deux fois sa taille et qui tourne régulièrement la tête en arrière avec une expression d’incrédulité manifeste.
- Je peux vous aider monsieur ?
- Hein !! À oui !! Pourriez-vous aller chercher des secours jeune homme, mon collègue ne reprend pas connaissance et je crains que le coup qu’il a pris ait été trop violent.
- Vous l’avez frappé ?
- Bien sûr que non, allons !! C’est le gars dans cette chambre qui lui a fait ça !!
Florian joue la surprise à la perfection quand il fixe la porte de sa chambre en la montrant du doigt.
- Vous parlez de cette chambre monsieur ? Mais… c’est impossible ou alors c’est qu’il y a un intrus à l’intérieur !!
- Un intrus ? Comment ça ?
- Parce que c’est notre chambre, à moi et à mon camarade derrière moi… permettez ?
Florian se dirige alors vers la porte, il l’ouvre en faisant l’étonné qu’elle ne soit pas fermée à clé et jette un œil à l’intérieur en appelant son coloc, le tout accompagné d’un geste de la main.
- Naoki !! Entre le premier tu veux bien ? Après tout de nous deux c’est toi le costaud !!
Florian retient avec peine l’envie qu’il a d’éclater de rire depuis qu’ils sont apparus à l’autre bout du couloir et ce en voyant la tête de son coloc qui n’a visiblement pas encore percuté sur ce qui lui arrive, cherchant toujours à en comprendre la raison d’une manière logique.
L’homme qui maintient toujours son collègue à terre, semble lui aussi complètement perdu quand il voit les deux garçons pénétrer dans la chambre en y cherchant le fameux intrus qui apparemment ne s’y trouve pas ou plus, ce qui pour lui est une impossibilité flagrante à la manière qu’il a vue et entendue, la porte claquer sur le visage de son équipier.
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