CHAPITRE 49 : « Première rencontre » « Yuan »

Yuan semble surpris de la question à laquelle il ne s’attendait certainement pas.

- He bien oui quoi ?? Pourquoi il n’est pas votre copain ?
- Bien sûr que si qu’il l’est, c’est seulement ta façon de le dire comme s’il n’était pas aussi devenu le tien ou plutôt devrais-je dire le vôtre.

Thomas se tourne vers Damien maintenant qu’il a terminé de lire la note de la direction sur le panneau, la conversation entre les deux garçons le faisant sourire.

- Tu as raison même si c’est plus récent pour nous… Mais au fait il est passé où ??
- En salle des profs pour préparer ses emplois du temps en fonction du nombre d’inscrit.
- Dans ce cas il va être surpris…

Thomas lui montre du doigt l’affichage.

-… qui aurait cru à un tel succès sur une simple présentation ??

La sonnerie de début des cours retentit, en les faisant se disperser pour que chacun suive ceux qui leur sont propres

***/***

"L’image saute de quelques heures en avant."

« Au déjeuner à la cafétéria. »

Ils sont tous là, assis à la table devenue celle habituelle où ils se retrouvent, ne manque plus que Florian qui semble se faire désirer.

Damien s’amuse du trouble qu’il peut lire dans les yeux d’un grand nombre d’étudiants attirés par le quatuor que forment Thomas, Éric, Raphaël et Yuan à la même table, ne s’associant pas à la catégorie des beaux gosses, alors que s’il pouvait lire dans les pensées de certaines de ces mêmes personnes, il serait surpris d’être directement impliqué dans le lot.

Thomas pour sa part repense à la conversation qu’il a eue plus tôt dans la matinée avec Éric, n’arrivant pas réellement à croire que le petit rouquin habitant en face de chez son meilleur ami ait cette faculté de pouvoir soigner les gens seulement avec sa salive.

Il en est là dans ses pensées quand son regard capte le geste de Yuan à plaquer ses mains sur ses entrecuisses, les palpant comme s’il y cherchait quelque chose qui aurait disparu.

« Y aurait-il un fond de vérité dans cette histoire de don », pense-t-il alors en se payant le culot d’aborder le sujet avec le jeune asiatique.

- Tu as perdu quelque chose ! Hi ! Hi ! Je serais toi je chercherais plus au centre ! Hi ! Hi !

Yuan baisse la tête pour voir de quoi il s’agit quand il se rend compte à quel endroit sont placées ses mains, le regard de la tablée maintenant portée sur lui, lui fait comprendre qu’ils attendent tous une explication à son geste.

Pourtant le sujet est encore trop honteux pour lui, ne se sentant pas non plus l’envie de l’aborder à table.

- Heu !! Je…

Thomas comprend bien sa gêne soudaine à être pris les mains dans le sac, ou plutôt devrait-il dire sur ses parties intimes et s’en veut d’être celui qui la lui a amenée.

Heureusement aussi bien pour lui que pour Yuan, l’attention de la tablée s’envole aussi vite qu’elle était apparue à l’arrivée de celui qu’ils attendaient tous.

Ils se tournent vers lui avec le sourire sous les regards envieux des autres tables, Éric étant le premier à se lever pour l’embrasser à peine son plateau-repas posé à la place restant libre.

Les deux autres suivent à leur tour sous le regard amusé aussi bien de Damien que de Raphaël, qui trouvent autant étrange que rapide cet empressement à se faire la bise, alors qu’eux deux n’ont eu droits qu’à la poignée de main.

Yuan sent l’humidité des lèvres du petit rouquin lui amener un léger froid sur les joues, son premier geste est de se frotter du revers de la main pour les sécher et il est surpris d’en être empêché par Éric, qui le retient avant qu’il ne termine son geste.

Le grand brun cherche une excuse à son geste devant la surprise qu’il amène à Yuan, il lui glisse alors discrètement à l’oreille pour qu’il soit le seul à entendre.

- Il n’a pas la gale, pourquoi tends-tu ta joue si c’est pour faire le dégoûter après coup ?
- Mais non enfin… c’est juste qu’il a les lèvres mouillées.
- Je serais toi j’éviterais de m’essuyer en me demandant pourquoi depuis hier tu te sens beaucoup mieux.
- Je ne comprends pas ou tu veux en venir ?

Éric jette un coup d’œil autour de lui, histoire d’être sûr que ses copains ne font pas spécialement attention à la conversation en sourdine qu’il mène avec Yuan.

Seul Thomas lui envoie un bref regard de reproche, se détournant ensuite de lui pour engager une discussion avec les trois nouveaux.

- Je t’expliquerai plus tard quand nous ne serons plus que nous trois avec Thomas.

Éric voit bien qu’il ne va pas se contenter de ses dernières paroles, aussi se mêle-t-il à son tour dans la conversation de ses autres copains alors que Yuan le fixe d’un air étonné.

Le hic c’est qu’il n’a pas vraiment suivi le début et que la phrase de Raphaël qui répondait à une question anodine de Thomas sur la cohabitation qu’il vivait avec Damien et Florian, au niveau du besoin de chacun d’intimité et du partage des taches en parlant de celles qu’il partage avec Thomas, lui donne un autre sens auquel il s’empresse sans réfléchir d’y répondre en coupant la parole au grand blond.

- Nous faisons ça ensemble et c’est…
- Je confirme… C’est plus sympa de le faire à deux que tout seul ! Hi ! Hi !

Au regard que tous posent sur lui, il se rend compte de sa bévue alors qu’il sent le feu lui monter aux joues.

- Vous parliez de quoi ?
- De la vaisselle et des tâches ménagères en général, mais pas toi assurément sinon tu n’aurais pas piqué ton bol.
- Mais non voyons…

Raphaël ne le laisse pas s’enferrer dans des explications qui de toute façon ne tiendraient pas debout, d’autant plus que maintenant c’est au tour de Thomas d’avoir le teint écrevisse sous le regard scrutateur et moqueur de Florian qui ne rate rien.

- Alors comme ça, vous le faites ensemble ?? Ça doit être intéressant à voir, tu pourrais m’inviter la prochaine fois ??

Éric le fixe avec les yeux ronds en n’osant pas comprendre le sens de la phrase, aussi fait il sa réponse en se basant sur la discussion qu’ils avaient juste avant son intervention.

- Bah tu sais, notre studio est tellement petit qu’on s’en sort rapidement tous les deux Thomas !!

Thomas pour sa part n’échappe pas au regard inquisiteur du petit rouquin qui depuis son arrivée semble à ce point obnubilé par lui qu’il en oublie son repas.

Le grand blond ressent dans tout son être cette sensation de plénitude de l’avoir près de lui, alors que la matinée lui a semblé si longue après une nuit déjà fortement marquée par de fréquents réveils, où l’image du petit rouquin envahissait son esprit.

Thomas n’est pas né de la dernière pluie et reconnaît les sentiments qu’il éprouve pour ce qu’ils sont, se demandant en l’espérant de tout cœur qu’ils soient ressentis pareillement.

Quelque chose au fond de lui cède enfin en lui mettant en évidence une pensée qui jusque-là n’était qu’évanescente, celle que ses sentiments ne datent pas d’hier, mais depuis déjà quelques années où son inconscient s’arrêtait sur la silhouette du petit rouquin à la moindre occasion qu’il avait de croiser même un bref instant son chemin.