CHAPITRE 54 : « Centre hospitalier De Bierne » « Afrique »

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CHAPITRE 54 : « Centre hospitalier De Bierne » « Afrique »

« Tour administrative, bureau de l’administratrice Annie Viala. »

Son visage marquant bien les soucis de ces dernières semaines, Annie reste les yeux dans le vague à observer la jungle environnante, depuis le perchoir qu’est son bureau situé au sommet de la tour administrative du complexe.

L’absence de son fils reste sa préoccupation première et ce même si elle fait confiance en Florian qui n’ira jamais mettre en danger son meilleur ami, du moins sur cette planète.

Les questions auxquelles elle a dû répondre sur l’identité de Takumi l’ont au tout début fortement amusée, le recul faisant qu’à l’heure actuelle elle n’en soit plus aussi divertie, mais bien au contraire à se poser à son tour certaines questions dont les réponses qu’elle a en tête ne sont pas et de loin pour la tranquilliser.

Les rares conversations téléphoniques avec Xiao lui laissent un goût de plus en plus amer dans la bouche, les allusions à son éventuel départ n’étant pas de celle qui l’enchante et Annie doit bien s’avouer que Xiao fait partie avec Nicolas de ceux qu’elle affectionne le plus parmi la deuxième génération, juste après ses propres petits enfants.

Il y a également cette identité qu’a prise Florian qui la turlupine, pourquoi se faire passer pour son propre fils alors qu’il ne comptait pas rester très longtemps sur terre, juste assez en fait pour trouver une solution aux problèmes provoqués par ceux qui ont voulu jouer avec ses gènes et ceux de Thomas, ces derniers n’étant pas a priori ceux qui pourraient occasionner le plus de dégâts collatéraux.

Un soupir d’exaspération s’échappe de ses lèvres alors qu’elle semble soudainement avoir pris sa décision, attrapant son téléphone pour appeler celui qui seul pourra lui donner les bons conseils.

Une fois chose faite, elle se rassoit sur son fauteuil en n’attendant plus que sa venue, celle-ci ne tarde d’ailleurs pas, à entendre l’ouverture des portes de l’ascenseur.

Maurice entre après avoir frappé un bref coup à la porte, il pose un regard jamais totalement rassasié du spectacle que lui offre la vision de la jungle derrière les grandes baies vitrées.

Son regard se reporte ensuite sur son amie, comprenant bien ce qui a motivé sa présence auprès d’elle et n’attendant que ça depuis déjà plusieurs jours, son mutisme sur la situation actuelle mettant à mal sa fidélité pour son pays.

Annie en est parfaitement consciente, aussi ses premières paroles vont-elles dans le même sens que les attentes de celui qui depuis quelques années a pris en charge la direction des relations internationales du centre.

- Peut-être est-il temps d’avertir qui de droit, qu’en penses-tu ?
- Je n’attendais que ton feu vert pour le faire, je pense en effet moi aussi qu’il est grand temps de prendre les mesures qui s’imposent. Déjà l’envoi des enquêteurs du gouvernement Japonais montre bien leurs intentions, il ne s’agirait pas qu’ils monopolisent les futures actions de Florian ou encore de son fils à leur seule cause.
- Florian m’a pourtant bien demandé de rester discrète et de ne parler à personne de sa présence !!
- Peut-être, mais c’était avant qu’il ne se mette de lui même sur le devant de la scène, maintenant nous n’en sommes plus là et s’il a décidé de rester sur terre comme il semblerait que cela soit le cas, il est normal que notre gouvernement l’apprenne par nos soins et non après coup quand il sera trop tard.

Annie hésite encore visiblement à rompre sa promesse faite à Florian, Maurice lui en fait la remarque en prenant bien garde à ne pas la pousser trop loin dans ses retranchements.

- Quelque chose te fait encore hésiter je vois, dis-moi à quoi tu penses ?
- As-tu reçu des nouvelles de France ?
- Tu parles de quoi ? Des élections ?
- Oui !! Nous n’en sommes plus au papy bon enfant qui aimait Florian, j’ai bien peur que celui en place n’y voie rien de plus que le profit à en tirer.
- Nous sommes trop loin pour juger des effets de sa politique !!
- Pourtant les médias ne lui font pas de cadeaux, l’agitation que connaît le pays ne s’était jamais revue avec une telle ampleur depuis les évènements de soixante-huit.

Maurice ne peut qu’en convenir, il laisse donc à Annie le soin de reprendre la parole, car après tout la convocation vient d’elle.

- Ne pouvons-nous pas mettre de côté les politiques et n’avertir que le milieu scientifique, ils décideront en toute conscience de la marche à suivre et je me sentirai un peu moins comme celle qui trahit sa parole.
- Il y a peut-être un autre moyen pour un résultat semblable.
- Vraiment ?? Lequel ??
- Envoyer comme à l’habitude nos rapports de sécurité à qui de droit, en accentuant l’importance des visites officielles que nous avons reçues en provenance du Japon.

Annie se lève avec un grand sourire aux lèvres.

- Bonne idée !! Faisons comme ça, ils feront vite le lien d’eux-mêmes !!

Maurice lui rend son sourire tout en restant assis, profitant qu’il soit là pour avoir un autre sujet de conversation tout aussi important avec son amie.

- As-tu des nouvelles de ton fils ?
- Pas depuis que le drôle d’oiseau est venu pour me dire que tout allait bien ? Pourquoi cette question ? Aurais-tu une information que je n’ai pas ?
- Non, non !! Juste que je trouve étrange que Florian l’ait envoyé aussi loin.
- Nous en saurons plus quand il rentrera, pourquoi ai-je l’impression que tu t’en inquiètes plus que nécessaire ?
- En fait pour être honnête, ce n’est pas tant pour Damien que je m’inquiète, mais plutôt sur ce qu’a en tête Florian et je ne serais pas étonné plus que ça d’apprendre qu’il ne nous a pas encore tout dit de ses intentions et que certaines ne nous plairont pas forcément.

Annie troublée se rassoit, en fixant cet homme qui porte encore bien son âge pourtant déjà avancé et qui montre par ses paroles qu’il a encore bien toute sa tête.

- Toi aussi tu as ce genre de sentiments ? Je pensais bien être la seule à m’en être faite la remarque.
- Au début j’ai trouvé naturel qu’ils se renseignent en apprenant que lui et Thomas avaient des enfants issus d’un détournement de leur sperme, ce n’est que depuis quelques jours que je vois les choses d’une autre façon.
- Tu te dis qu’il aurait déjà dû régler ça depuis longtemps et avoir résolu le problème de façon à ne pas laisser de traces de son passage.
- Exactement !! Voilà qu’il joue maintenant à faire croire qu’il est son propre fils, le tout sans Thomas ni Antonin et avec la complicité de Xiao.
- Pas étonnant puisqu’il l’aime comme un fils et « Xi » le lui rend bien !! D’ailleurs je dois bien t’avouer qu’il est aussi mon chouchou ! Hi ! Hi !
- Comme celui de beaucoup au centre, je dirais à égalité peut-être avec notre cher "deux de tention"! Hi! Hi!, d’où mon inquiétude et mon mauvais pressentiment.

Annie sourie à la reférence faite à son petit fils.

- De quoi as-tu peur ? Florian ne laissera jamais rien lui arriver de mal, tu le sais aussi bien que moi !!
- Justement !!

Annie repense alors aux idées qu’elle a eues toutes plus farfelues les unes que les autres, celle qui lui revenait le plus à l’esprit étant que Florian ne repartirait pas seul et qu’en plus de son fils et de ceux de Thomas, Xiao ferait partie du voyage.

- Toi aussi tu y penses ?
- Depuis que j’ai quitté la France, j’ai eu maintes fois l’occasion d’avoir de longues discussions avec Philippe et je me suis forgé une idée de ce dont était capable Florian, nous avons retourné dans tous les sens le moment où Damien a failli mourir et les paroles dites par Florian alors qu’il avait emprunté le corps d’Antonin pour tenter de le soigner.
- J’ai eu très peur de le perdre ce jour-là !! Pourtant je n’ai pas vraiment compris de quoi mon fils souffrait.
- Philippe en a très bien saisi la cause et s’est fait au fil des ans une certitude sur ce que sont les fameux « élus » auxquels Florian a fait plusieurs fois allusion.

Voyant à son regard qu’une certaine compréhension venait à l’esprit d’Annie, il hoche la tête en guise d’accord avant de poursuivre sur l’idée qui lui est venue au final.

- Ce qu’il ne pouvait faire pour nous puisque nous existions déjà, je mettrais ma main à couper qu’il a l’intention de la faire pour Xiao. Florian et lui sont trop proches, pour qu’il accepte de le perdre comme il nous perdra tous un jour.

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