CHAPITRE 98 : « Centre hospitalier De Bierne » « Afrique » « Alexandre »

Annie l’observe un moment avant de lui envoyer un de ses sourires épanouis que seule sa présence auprès d’elle déclenche, lui trouvant meilleure mine que lors de leur dernière rencontre.

- Tu vas beaucoup mieux on dirait ?
- Tu trouves ?
- Oui !! J’ai l’impression que cette aventure est ce qui te manquait, je me trompe ?
- Pour une partie tu as raison, mais il n’y a pas que ça, j’ai aussi mis les choses en place pour Thomas et Damien y a un rôle à jouer, j’espère juste qu’ils comprendront les véritables motifs qui m’ont fait les envoyer sur « PENN ».
- Mais il ne va rien leur arriver, c’est promis !!
- Je ne comprends même pas que tu te poses la question !!
- En quoi Damien va aider Thomas ?
- En lui parlant de ses doutes.
- Il fallait que ce soit lui ? Je veux dire… il me semble qu’il en existe un autre qui connaît Thomas depuis beaucoup plus longtemps !!
- C’est exact et c’est justement pour ça que Damien était celui qu’il fallait, l’autre a perdu la spontanéité qu’un humain ordinaire peut avoir du fait d’une vie bien trop courte. Damien saura trouver le vrai but de cet éloignement, il y a bien sur plusieurs raisons qui m’ont décidé à les y envoyer.

Florian voit bien qu’il ne va pas s’en tirer à si bon compte, aussi n’attend-il pas que la pluie de questions ne tombe sur lui pour donner en quelques phrases les explications qu’elle attend.

- Si je résume bien, il y a la curiosité de « Dami », le rapprochement de Lorgan vers Thomas, le retour de Toshio sur terre et quoi d’autre ?

Florian hésite à répondre, lui-même n’étant sûr de rien quant à la possibilité d’une quatrième raison, pourtant son sixième sens lui dit qu’une autre raison apparaîtra bientôt et que la présence de Thomas, mais aussi celle de Damien feront qu’une catastrophe pourra être évitée.

Bien sûr il se garde bien d’avouer ses dernières pensées pour ne pas l’affoler plus que nécessaire, il lui rend son sourire en levant les bras au ciel.

- Qui sait ?? Certaines choses depuis quelque temps commencent à échapper à mon contrôle, je me demande bien qui en est l’instigateur, si tout du moins instigateur il y a.

Il voit les traits d’Annie changer et l’angoisse commencer à la marquer, aussi enchaine-t-il rapidement pour ne pas lui laisser le temps de trop développer ce qui l’a mise dans cet état.

- De toute façon il y aura toujours le moyen de revenir en arrière, alors ne t’inquiète pas.

Voyant que ses paroles ont eu l’effet escompté, il revient au motif premier de sa présence ce jour-là.

- J’aimerais que vous fassiez passer le plus discrètement possible des examens à Alexandre.
- Que devons-nous chercher en particulier ?
- Une analogie de son ADN avec le vôtre et même avec celui que vous avez de Thomas, Antonin et bien entendu le mien.
- Tu penses qu’il pourrait ne pas être de cette planète ?
- Comment répondre à ça ?
- Allons Florian !! Je connais tes possibilités, il te suffit de remonter dans ses souvenirs et toute la lumière se fera, ne me dis pas que tu n’y as pas pensé ?
- Tu connais mon aversion à faire ce genre de chose sur un être humain et encore plus quand j’ai de forts sentiments envers lui, il n’y a rien d’urgent aussi je préfère qu’on utilise des méthodes plus disons… traditionnelles, tu comprends ?
- Oui bien sûr !! Je vais voir à ça alors !
- Merci Annie.

Elle voit bien qu’il s’apprête à la quitter, elle le retient d’un geste.

- Tu pars déjà ?
- Pas vraiment non, j’avais l’intention d’aller faire un coucou à « Raphi » avant de repartir.

Annie lit en lui comme dans un livre ouvert, elle n’est donc pas dupe de la véritable raison du soi-disant petit coucou à Raphaël.

- À cette heure-ci alors qu’il travaille ? Ah mais oui c’est vrai qu’il a un nouvel assistant depuis quelques jours ! Hi ! Hi !
- Ah oui ?? Vraiment !! C’est qui ? Je le connais ?

L’air se trouble devant Annie quand Florian disparaît comme par enchantement, ne lui laissant pas le temps d’une réponse à cet air étonné qu’il feignît de faire paraître.

C’est donc d’un soupir suivi d’une moue amusée, qu’elle retourne à son travail tout en se remémorant la conversation, en ponctuant chaque passage important d’un autre soupir de résignation à n’avoir qu’un rôle consultatif.

***/***

« Clinique vétérinaire, ancien dispensaire. »

Raphaël prend sa pause en allant jeter un œil protecteur sur son jeune amant, le trouvant à terminer une opération bénigne sur un jeune singe curieux s’étant blessé en voulant passer la protection barbelée du complexe.

Il reste un long moment à le regarder en silence, n’arrivant pas à se rassasier de ce que sa vue lui montre de ce jeune homme au corps correspondant en tout point à ses fantasmes les plus secrets.

Alexandre sent bien la présence qui le fixe derrière son dos, un sourire lui vient alors qu’il en connaît parfaitement l’auteur.

- J’en ai encore pour quelques minutes, je te rejoins en pause dès que j’en ai terminé !!

Raphaël ne prend même pas la peine de répondre, se rendant directement dans la salle pour mettre en route la machine à café.

- Fais-en pour trois s’il te plaît !!

Le grand rouquin a un sursaut de stupeur et manque de peu de faire tomber le plateau qu’il tenait en main, se tournant ensuite vers la voix avec les yeux pétillants de joie.

- Wouah !! Tu nous gâtes en ce moment !!
- Je trouve aussi ! Hi ! Hi !

Il n’a pas le temps d’en dire plus qu’une voix se fait entendre depuis la porte de la salle de repos.

- Pffttt !! Vite un grand bol de café !! Je ne tiens plus debout après la nuit qu’on a passée avec votre petit rouquin, j’avoue que je n’aime en général pas les jeunots et que je préfère les papys de ton âge, mais là je signe de suite s’il veut encore de moi la prochaine fois qu’il vient vous voir !! il est trop can… Oups !!

Le « oups » vient quand il remarque la présence du fameux petit rouquin qui le regarde avec amusement en sortant un stylo de sa poche et en le lui tendant.

Du coup c’est Alexandre qui ne sait plus trop quoi faire, il tourne la tête vers Raphaël en faisant une mimique explicite sur son incompréhension quant au geste de Florian.

Voyant que ce dernier lui tire une tête en mode foutage de gueule, il revient à nouveau vers le petit rouquin qui a toujours la main tenant le stylo tendu vers lui.

- Oui ?? Pourquoi tu me donnes ça ??
- Ce n’est pas toi qui voulais signer de suite ??

Le visage épanoui que montre alors Alexandre, amène une forte bouffée de chaleur sur les joues de Florian qui s’interroge encore plus sur ce qu’est ou peut bien être ce garçon pour le marquer autant.