Un... Deux... Trois...
-Un… deux… trois…
…
-Encore une fois… un… deux…
-Maintenant ouvre les yeux et regarde.
Un regard jeté, un coup d’œil malicieux coloré bleu.
-Ah ! Ce cher miroir qui ne m’affectionne que pendant ces moments. Soit je fais avec et puis sans mentir j’apprécie cette vision. Allons donc il est temps de sortir.
Une main fine baisse le fameux miroir, une silhouette presque légère se lève usant de ses doigts pour retracer les courbes de son si beau corps du haut de sa poitrine à ses jambes. Ça se tourne, ça tournoie. Ces mêmes doigts saisissent doucement un sac vide si ce n’est qu’il ne contenait qu’un autre miroir peut-être.
-Je m’aime bien en ces moments. Non !
Le miroir se relève et laisse apercevoir un sourire charmant, fondant et si égoïste.
-Je m’aime plus que quiconque ne pourrait. Et c’est comme ça.
La chose, l’être disparaît de la pièce. Ferme la porte et s’élance dans la rue comme prête à conquérir le monde.
Une jeune femme époustouflante. Magnifique. Envoûtante. Beaucoup trop présente et tout le monde la voit puisqu’elle est là.
Ses pas sont presque fluides presqu’irréels.
Une fée.
Pourtant personne ne vient à elle. Le manque d’envie n’y est pour rien. Jamais !
Quelle ironie que ce serait.
Non, ils ne viennent pas ils attendent son approbation. Ils attendent son regard décisif sur eux.
Qui choisira-t-elle ? Qui laissera-t-elle s’approcher et vers qui tendra-t-elle sa main l’espace d’un instant ?
L’air du vent fait virevolter ses cheveux sur ses épaules si droites et soudain elle s’arrête dans sa marche et repère une rambarde s’en approche prestement.
Son sourire s’agrandit face à la vision de la mer bleue, comme son regard mais un bleu beaucoup moins beau que son regard. Son enthousiasme présent elle se saisit de son appareil photo, celui là même qu’elle garde si près d’elle, tant tout lui paraît joli en photo et lui remplisse ses souvenirs.
Elle pose son doigt sur le déclencheur, son œil contre celui de l’appareil photo mais elle s’arrête.
Non celle-là pas en photo ! Elle le retiendrait. Elle n’oublierait pas ce magnifique paysage.
Elle aspire l’air, le bruit autour, les regards, la vue, son bonheur naissant en une bouffée si longue qu’elle se pense en apnée et la relâche presque par nécessité.
Les gens passent. Continuant de la regarder.
Mais elle ne les regarde pas donc ça ne sert à rien.
Soudain elle retire son chapeau de sa chevelure et la lance, loin vers l’horizon, d’un coup. Unique. Et l’observe voler.
Un bruit retentit.
C’est son appareil. Au final elle a pris une photo. Elle reste tout de même plus belle que ce paysage.
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