L'enfant dans le noir

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L'enfant dans le noir tape, choque la terre de sa canne en bois. En équilibre sur ses ténèbres, il cherche la lumière d'un cœur, les couleurs d'une âme.
Choque, claque la canne contre le mur des abandons. Personne pour l'aider, pour l'aimer. Un enfant dans le noir ? Père et mère, errant dans la nuit de leur cœur l'ont repoussé et ne le cherchent pas.
Claque, frappe, les yeux de bois, sur les trottoirs usés de fatigue. L'enfant dans le noir marche depuis si longtemps, accueilli parfois par des affections fugaces, des lueurs. Elles lui ont fait entrevoir le rayonnement qu'il recherche.
Frappe, cingle, la pointe renforcée d'impatience et de colère. Pourquoi, si rare et si loin se cache la flamme d'un amour sincère ? Tous les enfants n'y ont-ils pas droit ?
Tape, choque, claque, frappe, cingle, un pas, puis un pas. Une année, puis deux, puis trois.

Le Terre indifférente laisse les animaux courir sur son dos, il n'y a pas de nuance, un vieillard ou un enfant, aucun ne mérite miséricorde.
Le ciel occupé à contempler la troposphère, étudie un moyen pour s'évader. Peu lui importe les Icare, les avions, les fusées ; alors un enfant dans le noir sait-il seulement ce que c'est ?
Le soleil le méprise, lui le centre de l'univers, l'éclat des Hommes, pour ce gamin-là n'est que fonction sans apparat.

Adonis dans le noir, sans le soutien de la Terre, du ciel ou du soleil, grandit, allonge la jambe et précise son univers. Aucun cœur, aucune couleur, dans les murs de sa vie. Il poursuit son temps mais dépérit. Dans l'ombre du désespoir, les brumes s’épaississent.

Son poing serre sa tige de bois mais elle est lasse de cogner en vain. Révoltée, elle se plante sur un trottoir, au hasard. Le jeune homme hésite. Avancer sans canne pourquoi faire ? N'a-t-il pas déjà fait le tour de la Terre ?
D'immobile ou d'allant son destin est le même. Il s'assoit, simplement. Les yeux de bois, inutiles, se changent en poussière.

Tape, choque la Terre, l'écho de ses pas vibre encore sur le sol…
Choque, claque une canne, le souvenir du bois qui s'éloigne ?
Claque, frappe tout près, ce n'est pas lui et après….
Mais une main sur son épaule, un souffle chaleureux ; elles sont là, les couleurs, l'arc-en-ciel des émotions et le désir de vivre, d'un autre soi-même qui le contamine.
Pour trouver la lumière, il a dû cesser de la chercher, il s'égarait dans les certitudes de ce qu'elle devait être. Qu'importe la couleur... il s'agissait d'aimer et il passait à côté, sans le voir.
Il s'agissait d'amour et d'une femme en fleur.
Il se trouve que celle-ci hante aussi les ténèbres.

Tape, choque et rebondit le cœur d'un homme conquis, contre celui d'une femme de lumière. Peu importe père et mère, soleil, ciel et Terre.
Elle et lui embarqués sur les eaux filantes du bonheur...
Caresses de vent et voix d'enfants...

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