6.1.1 Monture reptilienne
Pour tout comprendre, il faut avoir lu les deux premiers tomes T1 Apprendre à se connaitre et T2 Séparations et Révélations
J'entre dans ma sixième année de cours. Je me prépare à une année studieuse, morne et triste avec pour seuls rayons de soleil les fous rires avec mes potes. Nous avons un cours de soins aux créatures magiques. Il se passe toujours des choses marrantes dans ce cours. Entre les bestioles qui terrorisent les filles ou attaquent les mecs, je me marre bien.
Tout en remarquant que toutes les créatures présentées, y compris les plus redoutables comme les hippogriffes ou les acromentules, semblent se tenir à distance de Maeve. Je n'arrive pas à savoir si c'est de la peur ou autre chose.
Aujourd'hui, on nous présente des dragons sous forme de bébés. Les mamans sont plus loin. Elles s'agitent. J'aperçois Maeve qui s'éloigne. Je la suis discrètement. Je vois alors les dragonnes s'incliner comme pour faire une révérence. Maeve touche leur museau sans la moindre peur.
Les dragonnes semblent se calmer. J'aperçois une lueur rouge orangée et bleu sortant de la main de Maeve. Je regarde avec plus d'attention. Du feu. Maeve réchauffe les dragonnes. J'entends la femelle Magyar à pointes ronronner puis souffler dans ma direction en me voyant. Maeve se tourne vers moi.
- Tu veux les toucher ?
- Dis plutôt que tu veux qu'elles me crament la gueule.
- Oh, je n'oserais jamais toucher à votre si joli visage majesté.
Maeve rit doucement tout en caressant les immenses reptiles. Sa main brûle littéralement au contact des écailles des dragonnes. Aucune des mères ne montre de l'agressivité envers Maeve. Au contraire, les femelles dragons cherchent ses caresses et tentent la tête vers elle en quête de contact.
- Promis. Il ne t'arrivera rien Oliver, me dit Maeve avec une pointe de tristesse dans la voix.
Méfiant mais curieux, je m'approche lentement. Les dragonnes me regardent. Elles sont très calmes. Je pose ma main sur le poitrail de la première. Maeve vient à côté de moi. Elle se place devant moi, entre moi et la gueule. Elle pose sa main sur la mienne. Je sens une douce chaleur me traverser la main pour atteindre la peau de la dragonne. Du feu semble sortir de ma main. Une à une, Maeve me fait toucher les dragonnes.
- Maintenant, pars. Ils vont s'apercevoir que tu es absent sinon.
Je rejoins mes amis. J'ai le sourire. Toucher des dragons est extrêmement rare. Même les bébés sont dangereux. Avoir passé une bonne demi-heure avec la main de Maeve sur la mienne est un vrai bonheur.
Le professeur voit alors Maeve auprès des mères. Il lui crie de revenir. Il hurle que c'est dangereux. Maeve éclate de rire et grimpe sur le dos de la femelle Magyar à pointes. Les chaînes de toutes les dragonnes se brisent d'un geste de sa main. Maeve fait venir à elle les bébés avec un Accio sonore.
Toutes les dragonnes s'envolent d'un même élan et nous survolent. Elles lancent du feu pour nous effrayer. Le brasier ne nous atteint pas sauf le professeur qui se protège juste à temps. Les flammes créent juste la panique. J'entends Horace murmurer.
- Quelle gamine. Non mais je te jure. Il y a des fessées qui se perdent.
Les dragonnes s'éloignent et ne nous laissent que l'écho du fou rire de Maeve. Voilà qui ne va pas arranger sa réputation. Je suis furieux qu'elle ait mis en danger les autres en libérant les dragonnes sans réfléchir. Maeve n'est même pas convoquée par la directrice. Le corps professoral a trop peur.
Je me charge donc de la remettre à sa place quand elle réapparaît. Elle arrive les cheveux ébouriffés avec un sourire enfantin qui lui arrive jusqu'aux oreilles. Ses joues sont roses de plaisir. Ses yeux brillent. Je suis quelque peu troublé par sa joie. Mon petit canard est si belle ainsi. Cela me perturbe. Je me reprends vite en voyant mes camarades se faire tout petits à sa vue et s'écarter du banc où elle s'assoit avec peur.
- Eh le vilain petit canard. Ça t'amuse de libérer des dragons ?
- OOOOHHH Bonsoir, majesté. Comment allez-vous ?
- Tu te rends compte du danger ? Les dragonnes étaient furieuses. Elles auraient pu s'en prendre aux élèves. Attaquer Poudlard. On dirait que tu t'en fous.
Je lui crie dessus pour lui faire comprendre son erreur. Maeve se lève et se place face à moi en me regardant droit dans les yeux. Nos camarades s'enfuient de la salle ou vont se placer derrière la table des professeurs qui lancent des sortilèges de protections. Je vois une lueur amusée dans ses yeux devant les efforts des professeurs. Elle murmure pour qu'il n'y ait que moi qui entende.
- Les dragonnes sont mes amies. Je leur ai interdit de vous faire mal. On s'est justes amusées elles et moi à vous faire peur. Je n'aurais jamais mis qui que ce soit en danger. C'est con que tu t'énerves. J'allais te proposer de venir faire une balade à dos de dragon avec moi ce soir. Maintenant, je vais devoir faire semblant de me disputer avec toi. Vous êtes chiant avec votre caractère de merde, Majesté.
Elle me fait un grand sourire puis un clin d'œil. Je suis instantanément pétrifié et ne peux plus bouger. Elle s'élève dans les airs en colorant ses cheveux en verts. Maeve fait voler les vitres en éclats. Des flammes apparaissent sur les murs. Maeve redescend et marche tranquillement vers la sortie en sifflotant. Dès que la porte claque, les flammes disparaissent et les vitres reprennent leur aspect normal.
Elle l'a fait exprès. Juste pour effrayer. En contrôlant parfaitement sa magie. Elle a simulé une crise de colère pour rigoler. Je reste dix minutes pétrifié au milieu de la salle jusqu'à ce que Charline vienne me faire une bise sur la joue. Elle a aussi une lueur amusée dans les yeux. Horace lui semble épuisé. Je râle.
- Non mais pour qui elle se prend ? Elle est folle. La prochaine fois que je la vois, je lui dis ma façon de penser.
- Pitié mec. La prochaine fois que tu la vois, tais toi. J'ai besoin de vacances, me dit Horace en soupirant.
La nuit est tombée. Je ne décolère toujours pas. Je sors du dortoir en douce. J'ai besoin d'air. Je me dirige vers la tour d'astronomie. Je me mets à la fenêtre et regarde le ciel étoilé. Je vois les dragonnes au loin dans le ciel qui volent. Une personne est sur le dos du Magyar à pointes. Pas difficile de savoir qui c'est.
Je lance un sort de feu d'artifice pour qu'il explose près des dragonnes. Pour qu'elles aient peur et fassent tomber Maeve. Juste par vengeance. Le sort fonctionne. Je vois les dragonnes partir dans tous les sens. Je me marre en douce. Jusqu'à ce que je vois la monture de Maeve se diriger vers moi.
- Majesté, vous êtes puérils.
- Ouais et le pire, c'est que je me suis bien marré.
Maeve reste silencieuse plusieurs minutes. Malgré la bestiole entre nous, je soutiens son regard. Je n'ai pas peur d'elle. Je n'ai jamais eu peur d'elle. Je n'aurais jamais peur. Même au plus fort de ses colères, Maeve ne m'a jamais fait de mal. Tout à l'heure, elle a simulé une colère. Je sais qu'elle n'était pas fâchée contre moi en réalité. Je le suis et j'ai envie de me battre.
- Majesté ?
Je sens qu'elle va me sortir une ânerie. La lueur espiègle dans ses yeux lavande me prévient que Maeve n'est pas d'humeur bagarreuse et n'a pas l'intention de répondre à mes provocations. Je lui réponds sur le même ton, espérant la mettre en rogne.
-Ouiiiiii?
- Ça te dis de faire une balade romantique au clair de lune avec moi ?
Je ricane. J'ai envie de l'étrangler et en même temps sa proposition est super attirante. Ma colère retombe un peu. Demander ainsi, la proposition est plus que suspecte, surtout vu nos antécédents d'engueulades. C'est tellement inapproprié et saugrenue que je ne peux m'empêcher de sourire à sa phrase loufoque.
- Avoue. Tu vas demander à laquelle de me bouffer ? Je lui murmure d'une voix suave.
Maeve me fait un grand sourire me confirmant que son but était bien de faire retomber ma colère. L'éclat espiègle de ses prunelles se fait plus intense. La dragonne se rapproche de la tour et s'y pose, se tenant par les griffes. Maeve sur son dos n'est plus qu'à quelques centimètres de ma propre tête. Elle me susurre à l'oreille d'une voix chaude et rieuse, en me soufflant dans le cou.
- Je pensais plutôt te brûler vif de mes propres mains comme le vilain sorcier que tu es.
- Alors ok. Que mes derniers instants dans ce monde me fassent m'envoyer en l'air avec toi. Dis-je en levant les bras en l'air d'un ton dramatique.
Ses paroles m'ont désarmé. Ma colère a fondu comme neige au soleil. Je n'ai plus qu'une envie, la rejoindre sur le dos de l'immense reptile volant. Maeve éclate de rire. Mes propos à double sens l'amusent. Elle me tend la main pour que je la rejoigne sur le dos de la bestiole. Je la saisis et grimpe illico.
Je suis derrière Maeve. Elle place mes bras autour de sa taille. Je vois des écailles nous enserrer les jambes pour nous tenir contre la bête. La dragonne s'éloigne du château. J'entends une musique dans ma tête. (Aerosmith Musique de l'attraction Roller coater ou sinon un truc qui bouge un max).
- Serre les jambes, me crie Maeve.
Je m'exécute aussitôt. La dragonne va de plus en plus haut. De plus en plus vite. La dragonne fait des vrilles et des loopings à toute allure. Je ne peux m'empêcher de crier de joie sous la décharge d'adrénaline. Même sur mon balai, je n'ai jamais été aussi vite. L'air me fouette le visage pour mon plus grand plaisir. Je me sens puissant et empli de magie.
Les paysages défilent à toute allure. Le corps chaud de Maeve contre le mien et son parfum bonbon à la violette et pain au chocolat m'enivrent les sens. J'ai un goût de sucre dans la bouche. La musique provient d'elle, de son esprit. Je comprends que la musique reflète ses émotions. Là, elle est surexcitée, comme une gamine dans un parc d'attraction.
J'ignore combien de temps, nous volons. J'aperçois le château de Windsor puis la tour Eiffel et les Alpes. Nous revenons à Poudlard. La musique se radoucit au fur et à mesure que nous nous rapprochons. Cela finit par être un mélange entre la berceuse pour enfant et la musique classique.
Maeve a le dos collé à mon torse et les yeux fermés. Elle est si paisible, si douce pour une fois. Je la serre avec délicatesse et vide mon esprit aussi. Je profite de l'instant sans réfléchir. Nous nous posons et descendons. Maeve regarde la dragonne repartir. Elle baisse les yeux.
- Je te l'avais dit qu'il n'y avait aucun danger. Tu me crois maintenant Majesté ? Me demande t'elle tout bas.
Sa voix est si triste. Je m'en veux de lui avoir crié dessus. Elle avait tout sous-contrôle et n'a mis aucune vie en péril. Elle s'est juste amusée à faire peur comme le sale gosse espiègle que je connais si bien. Je me suis énervé pour rien et je ne lui ai pas fait confiance. Je ne sais pas comment lui présenter mes excuses alors je lui prends la main et embrasse sa paume en me penchant en avant, plié en deux.
- Je crois surtout que tu es complétement folle, mon petit canard. Mais j'ai adoré la balade. Merci et pardon.
Je l'entends rire doucement. Elle part en courant vers les dortoirs. Je la suis tant bien que mal. Dans la salle commune, elle me lance le sortilège du saucisson, puis me fait une bise sur la joue avant de regagner son dortoir. Je suis délivré le lendemain matin par un Horace endormi au pyjama trempé qui examine un cheveu noir bouclé sur ma chemise. Il pousse un énorme soupir.
- Vous allez me tuer tous les deux.
Il semble savoir ce qui s'est passé cette nuit, mais ne me dit rien. Il soupire et se marre quand je l'interroge. Il a plu cette nuit sur Poudlard. Peut-être était-il dehors et nous a vu.
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