6.2.2 Petites Chipies
Cours de soins aux créatures magiques. Aujourd'hui, les dragons. Le professeur nous montre les gestes sur des bébés. N'ayant aucun intérêt pour les inepties que l'enseignant débite, Maeve s'éloigne pour ne pas dire de bêtises au Professeur. Mon amie voit que les Mères, séparées de leurs bébés s'agitent et tirent sur leurs chaînes. Elle s'éloigne donc pour papoter et calmer les mères.
Oliver la suit. Il n'est guère plus intéressé par les dires du professeur. Je le soupçonne de surveiller les moindres faits et gestes de Maeve. Mon amie calme les reptiles et tente de discuter avec mon cousin. Je la vois lui permettre de toucher les dragonnes.
Elle regarde Oliver avec tellement de tristesse. Leurs incessantes disputes l'attristent. Je comprends qu'elle essaye de faire la paix avec lui. Elle profite de cette occasion pour se montrer amicale envers lui. Oliver revient avec un sourire de gamin.
Le professeur s'aperçoit enfin de l'absence de Maeve et lui ordonne de revenir. L'homme a tenté de la tuer à l'aide de venin d'acromentule l'an dernier. Maeve décide de désobéir. Elle en a marre d'être si sage et si docile. Elle a besoin de se sentir libre.
En plus, elle n'est pas d'accord avec sa façon de tenir en respect un dragon. Les chaînes qu'il fait porter aux mères, irrite mon amie au plus haut point. À ses yeux, l'enseignant ne sait pas se comporter correctement avec les dragons et nous apprends des âneries.
Faisant un doigt d'honneur au professeur pour lui montrer tout le respect qu'elle n'a pas pour lui, elle monte sur le dos de la femelle Magyar à pointes. D'un coup de baguette magique, Maeve détruit les chaînes des dragonnes puis attire leurs bébés. Toutes s'envolent dans un grand fracas et crachent du feu en signe de mécontentement. Les dragonnes s'éloignent. L'écho du fou rire de Maeve résonne jusqu'à nous.
Maeve rentre deux heures plus tard d'excellente humeur. Oliver lui tombe dessus. Maeve pétrifie Oliver et nous fait un petit show pour faire flipper puis sort en sifflotant une musique de western (Le bon, la brute et le truand, Ennio Morricone, thème principal). Oliver doit attendre que Charline le touche pour enfin pouvoir rebouger. Je la soupçonne d'avoir refusé la dispute.
Maeve commence à laisser apparaître sa vraie personnalité, à ne plus ressembler à Charline, Oliver ou moi. Physiquement, elle se rapproche du portrait de Morgane. Sa peau se colore légèrement en caramel, ses cheveux perdent leurs boucles folles et ses yeux ne quittent plus leur teinte lavande.
Elle devient de plus en plus belle chaque jour. Très sportive, elle a une silhouette élancée. Très gourmande, elle conserve ses joues rondes d'enfant et des petits bourrelets sur le ventre. Elle est magnifique.
Sa pratique intensive de la danse lui donne un port de tête incroyable. Tout comme Louise, elle marche comme une princesse, fière et digne, semblant parfois voler au-dessus du sol. Mes deux amies en imposent par leur posture droite et leurs corps tirant toujours vers le haut.
Nos cours se poursuivent et Maeve disparaît de nouveau. Cette chipie sèche les cours. Nous la cherchons pendant la pause déjeuner. Elle est introuvable. J'ai beau l'appeler mentalement, elle ne répond pas.
Louise et moi chipons de la bouffe pour lui faire un sac. Nous ne pouvons rester dans la grande Salle alors nous déposons le colis sur le lit de notre fantôme. Espérons qu'elle repassera par ici.
Durant l'aprem, bien que personne ne voit la chipie, Louise détecte des anomalies qui nous font soupçonner que des trucs louches sont en cours de réalisation. Tout d'abord, dans la serre de botanique, les plantes grossissent et s'amusent à mordiller les fesses de certains élèves. Elles se parent de jambes ou d'ailes et s'éloignent dès que la prof approche. Toujours aucune trace de Maeve. L'enseignant gère la situation avec calme.
Le cours suivant, Histoire de la magie subit lui aussi des interventions suspectes. Nos livres sont remplacés par ceux de première année puis par des livres d'Histoire moldus. Le tableau refuse la craie, empêchant au professeur d'écrire quoi que ce soit. Les craies elles-mêmes nous attaquent et se jettent sur nous dès que nous adoptons une posture confortable. La chaise du professeur s'orne de minuscules petites aiguilles qui lui piquent le postérieur. Il trouve refuge sur le rebord de son bureau qui se transforme en savonnette. Maeve est d'humeur blagueuse.
À la fin des cours, nous fouillons le château à sa recherche. C'est Niles qui la trouve le premier. Enfin, on suppose que c'est elle qui demanda au dragon de choper mon pote qui courrait derrière nous pour nous rejoindre pour le catapulter dix mètres devant.
On lève tous les yeux pour trouver les mères dragons qui effectuaient des cabrioles très haut dans le ciel. Un vrai ballet aérien. Nous distinguons à peine les reptiles qui par moment crachent du feu. On dirait des gamins turbulents. Rassurés, nous retournons vaquer à nos occupations.
En cette fin de journée, Louise a besoin de moi. Elle a inventé un prétexte bidon de besoins d'explications pour le cours de Défenses contre les forces du mal pour s'isoler avec moi. Ma jolie blonde semble vouloir passer un moment en tête-à-tête.
Dès que nous nous posons dans un coin discret de la bibliothèque, elle vient se blottir dans mes bras, demandeuse de câlins. Ravi, je la serre fort et embrasse ses cheveux.
Mon amie est tracassée. Elle a compris que cet été, Maeve et moi étions souvent ensemble et qu'on lui cachait des informations. Elle sait que Maeve continue à faire des cauchemars. Louise s'inquiète pour elle, mais aussi pour moi et veux s'assurer que nous allons bien et n'avons pas de soucis. Louise a peur également que je m'éloigne d'elle, de ne plus être ma petite sœur.
Je lui dis tout l'amour que je lui porte. Je la couvre de bisous. Louise est et sera toujours ma petite sœur adorée que je protégerais au péril de ma vie. Je fais tout pour rassurer ma jolie blondinette.
Lui expliquant que les cauchemars de Maeve la perturbent, et que notre amie commune a besoin de se confier à quelqu'un, je confirme à Louise avoir passé beaucoup de temps seul avec Maeve, sans pour autant que cela diminue l'affection que je porte à ma blondinette.
Louise se tranquillise enfin. Elle profite de l'occasion pour faire le plein de tendresse fraternelle. Nous discutons de sujets variés plus ou moins sérieux en se câlinant et en grignotant des biscuits à l'insu de la bibliothécaire.
Je fais un point sur ma famille et les actes récents des mages noirs, évoquant les sujets dont je peux parler sans crainte. Sans dévoiler nos découvertes, je peux tout de même avouer que Bellatrix nous ment et qu'elle a infiltré le ministère et tente de faire de même dans l'école.
Louise m'interroge sur la puissance de Maeve. Elle a compris que notre amie n'exposait pas toute sa magie et que je suis le seul qui a un aperçu de ses réels talents. Maeve ayant décidé de ne plus se cacher, je révèle une grande partie de ce que je sais. Les trucs les plus incroyables et magiques, comme le fait qu'elle parle aux dragons ou qu'elle peut se changer en sirène.
Louise est ébahie par les descriptions que je fais de la magie de Maeve. Elle meurt d'envie de la voir en sirène ou bien devenir une tigresse. Nous blaguons de longues minutes sur le sale caractère de notre amie et sur quel animal la symbolise le mieux. En tout cas, des sept nains, Maeve est grincheux.
Le sujet dérive sur mon cousin qui me manque terriblement et sur mon oncle. Louise me demande comment se passe la dissimulation de l'arrêt de l'Impero et si mon oncle va bien. Sur ce point, je suis très content. Mon oncle est en sécurité et se porte comme un charme. En revanche, moi et mon cousin, on s'ignore superbement.
Pour l'embêter, je la questionne sur son amourette pour Oliver. Je sais qu'elle n'en est plus amoureuse, mais l'occasion de la faire ronchonner est trop belle. J'essaye surtout de savoir si elle a toujours le béguin pour son chanteur à la mode et qu'aucun garçon ne lui tourne trop autour. M. Nott m'a chargé de la protection rapprochée de Louise.
Heureusement pour moi et pour les potentiels candidats, Louise idolâtre son chanteur et me remercie encore mille fois de l'avoir emmené à un concert cet été. Mon amie me raconte le spectacle avec mille détails, oubliant que je l'accompagnais. Cela me fait rire. Louise est si adorable.
Je n'aurais pas dû bifurquer vers ce sujet. Maintenant, ma douce amie tente de nouveau de me faire sortir avec ses copines. Une à une, elle me vante les qualités de chacune d'elles. Louise étant amie avec quasiment toutes les filles de l'école, je ne vais pas m'en sortir facilement.
Je dois expliquer ce qui me déplaît en chacune afin de justifier que je n'aille pas la draguer. Je n'ai strictement rien à reprocher à ces charmantes demoiselles. C'est juste que je n'ai pas la tête à ça et elles ne sont pas Charline.
Ces deux piètres arguments ne convainquent pas ma jolie blondinette chérie. Elle les réfute d'un revers de la main. Justement, avoir une petite amie me distrairait un peu de ma morosité et de mon encroûtement. En plus, voir d'autres filles me ferait oublier la rouquine. Et puis Charline ne me mérite pas si elle ne voit pas combien je suis un garçon merveilleux. De toute façon, je devrais arrêter de rêvasser et lancer une opération séduction de grande ampleur.
J'éclate de rire quand Louise m'élabore un plan pour m'attirer les bonnes grâces de Charline, en utilisant Maeve. Non seulement, sa stratégie est totalement foireuse, mais en plus, Maeve va comprendre direct et nous botter les fesses à tous les deux.
Devant mon peu de foi, Louise se trouve une autre occupation. Critiquer mon look et ma coupe de cheveux. La voici qui commence à me recoiffer en plein bibliothèque à l'aide de gel et de laque qui me fait tousser. Je passe de la coupe au bol à la crête à l'Iroquois, pour finir avec une frange et la raie au milieu.
Mes vêtements subissent le même sort. Je mets trop de noir et des vêtements pas assez moulants. Me voici avec une chemise verte ouverte qui laisse deviner mes muscles, puis un pantalon révélant mes fesses, et ma cape qui me dissimule bien disparaît. Je suis vaincu. Je n'ai qu'a abdiquer.
Je couvre Louise de bisous pour diminuer ma peine. Je suis quitte pour une virée shopping en tête-à-tête ce week-end. Mon portefeuille va encore prendre cher. Avec un peu de chance, j'arriverais peut-être à ce que la majorité des tenues soient pour elle. Je n'ai aucune envie de refaire ma garde-robe ou de changer de coiffure. Je suis totalement soumis au bon vouloir de mes deux petites sœurs. Et Niles, qui bossait pas loin, finit par me délivrer temporairement en se moquant de moi.
Dans la nuit, inquiet de ne pas voir Maeve dans son lit et son repas de midi toujours sur la couette, je me connecte à elle mentalement. Elle m'envoie ses émotions. Elle est en train de voler à dos de dragonne, avec Oliver. Maeve fait la paix avec lui.
Elle est excitée par la vitesse. Apaisée d'être aussi proche d'Oliver sans dispute, grisée par son odeur, émerveillée de la nuit étoilée et des paysages nocturnes qui s'offrent à elle. Elle me fait visionner le passage du tapis volant entre Aladin et Jasmine pour me faire comprendre ce qu'elle ressent. Un sentiment de liberté, de plénitude, de calme et de bonheur.
Je m'aperçois qu'elle a invité Horace dans son partage d'émotions. Je l'entends lui parler et se moquer d'elle et de son béguin pour Oliver. Maeve réplique et proteste vigoureusement et nous nous chamaillons tous les trois. Horace finit par avoir le dernier mot en lui rappelant que la scène du tapis volant se termine par un baiser.
Maeve coupe la connexion, mais j'aurais juré avoir vu une langue tirée mentalement. Horace ricane dans son lit, un nuage de pluie trempant son pyjama. J'ai bien vu. Maeve en pince pour Oliver et seul moi et Horace en avons conscience.
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