Avant les vacances d'Halloween, une Serpentard a voulu faire une mauvaise blague à Charline. Je n'ai pas eu le temps de réagir. Quelqu'un a contré le sort en faisant croire que c'était moi. Mais j'ai vu une lueur espiègle dans les yeux de Maeve devant la Serpentard recouverte de milliers de petites d'araignées, sa phobie. La brunette continue de protéger Charline en secret. Quelque chose me tracasse. J'ai l'impression d'être passé à côté d'un truc.

Horace et Charline sont censés être fâchés contre Maeve. La rouquine est furieuse depuis qu'elle a appris être la fille de Bellatrix, chose que savait sa sœur depuis plusieurs années. Mon petit canard fréquente Benoît et sa bande de tyrans. la brunette a fait plusieurs mauvaises plaisanteries à Horace, et même Charline. Je ne comprends pas. Même Sarah et Jamie semblent reparler à Maeve et je vois régulièrement Louise qui bavarde joyeusement avec les deux filles Serpentard de mon groupe.

Toutes ses questions, ajoutées à celle que je me donne sur ma propre relation avec Maeve et aux inquiétudes que j'ai quant à l'avenir et le retour de Voldemort, m'ont épuisé. Toutefois, je ne supporte pas de ne pas savoir. Je prétexte une fatigue et me dirige vers la salle commune des Serpentards. Elle est vide un samedi après-midi. Je me dirige vers le dortoir des filles et gagne la chambrée de la brunette.

Charline a son propre lit depuis la fin de troisième année, à l'opposé de celui de sa sœur. Je cherche parmi les affaires de la rouquine. Tout est parfaitement plié et rangé en fonction de la couleur. Rien ne dépasse ou n'est froissé. Même ses chaussettes sont triées par couleur. Elle a quelques cahiers où elle prend des notes, d'autres de leçons de matières scolaires moldues. Quelques romans à l'eau de rose. Je ne vois rien de suspect si ce n'est cette affreuse peluche licorne qui me fixe d'un drôle d'air.

Je m'attaque aux affaires de Maeve. Je trouve beaucoup de livres, quelques fringues et des tas de bonbons. Mis à part son total dédain pour le pliage et le tri du linge, je ne constate rien d'anormal dans son sac de cours et son armoire. Les livres sont sur divers sujets, aucun de magie noire, beaucoup sur les créatures magiques. Je les parcours rapidement des yeux sans trouver de formule bizarre. Juste quelques feuilles de ce qui semble être un listing des dirigeants de chaque espèce de créature.

J'examine plus attentivement la feuille. Quasiment toutes les créatures que je connais et d'autres que je découvre sont inventoriées. A la tête, les dirigeants indiqués sont en grande majorité sont des femelles. Pour certains, des traits de caractères sont notés. J'apprends que l'oiseau tonnerre que j'ai rencontré s'appelle Présidente Laetitia et l'Occamy Reine Tiana.

Il semblerait que mon petit canard rencontre beaucoup de hauts dignitaires chez les créatures. Ca doit avoir un rapport avec Morgane. Aucune autre indication n'est fournie. Il y a quand même près d'une quarantaine de créatures différentes même si certaines sont très proches. Je n'avais pas réalisé le nombre qu'ils étaient. Ils doivent être plus nombreux que les sorciers, je pense.

Je m'attarde sur les livres concernant les créatures magiques. Je me demande pourquoi Maeve les rencontre, et ce, quelle cherche auprès d'eux. Des informations, de l'aide par rapport à ses nouveaux pouvoirs, des alliés pour une guerre ? J'examine chaque livre, chaque annotation de la part de la brunette. Elle traficote quelque chose de louche, j'en suis persuadé. Au bout d'une heure de fouille, je sens quelqu'un dans mon dos. C'est la chipie qui sourit.

- Tu fais quoooooiiiiiii ? Me demande t'elle d'une voix enfantine.

- Je fouille tes affaires. Tu n'es pas nette.

- Va-y fais comme chez-toi.

Elle vient s'allonger sur sa couette et me regarde en se marrant. Je reprends mes fouilles, imperturbable. Je m'attaque au tiroir de dessous de lit. Je tombe sur un album photos. Des centaines de photos de Charline et elle enfant. D'autres de la rouquine et Horace adolescents. Quelques-uns des parents de mon pote du temps où elle allait chez eux. C'est un album de photos de famille. Une image récente d'elle, Charline et Horace en train de se faire un câlin en dégustant du chocolat. Leurs bouches sont marron de gourmandise et ils sont hilares. Ils sont dans un restaurant. Mon meilleur ami m'avait dit avoir emmené la rouquine au restaurant manger une fondue au chocolat. Il ne m'a jamais dit que la brunette était là. Je ne comprends pas.

Maeve continue de sourire. Elle est à plat ventre, les tibias relevés, les chevilles croisées, la tête me regardant au sol en train de fouiller, m'offrant une vision directe sur son décolleté. Elle est si joyeuse. Ses yeux sont lavande espiègles. La chipie qui me faisait des farces au tout début. Je la regarde droit dans les yeux. Il n'y a aucune agressivité en elle. Elle me manque tellement. J'ai super envie de l'embrasser. Je n'ose pas. Trop de choses étranges se passent ces derniers temps.

-Tu m'expliques ? Je lui demande en agitant l'album.

- Aaaaaatteeeeeends tu n'as pas fini tes fouilles. Regarde le boîtier-là.

Elle me montre une petite boîte recouverte de velours noir. Je l'ouvre. Mon bracelet, celui que je lui ai jeté au visage il y a des années. Elle l'a encore. Il est rangé avec soin et a été nettoyé. Maeve le prend de mes mains et s'allonge pour me le passer au poignet. Elle ferme avec délicatesse le bijou et observe quelques secondes mon bras avant de retirer ses mains en me caressant la paume du bout des doigts. Son sourire devient un peu triste. Elle semble attendre quelque chose.

Je continue de vider le tiroir de dessous de lit. Il y a deux autres albums. Le premier contient des photos de Sarah, Jamie, Louise, Benoît et de quelques-uns de ses potes. Des moments de joie et de camaraderie. Je m'aperçois que mon cousin et ses amis semblent prendre soin d'elle et de Louise. Niles a même fait quelques dessins ou commentaires extrêmement gentils sous certaines photos. Les dernières images montrent ses deux copines de Beauxbatons. C'est un album d'une bande de potes. De complices de bêtises.

Le dernier album a un immense cœur dessiné dessus. Je l'ouvre avec angoisse. Il n'y a que moi. Depuis le premier jour jusqu'à quelques jours. Des moments où je suis en train de rire avec mes potes. D'autres où je fais mon fanfaron en classe. Quelques-unes des photos me montrent en train de sourire. Les dernières sont en compagnie de mes parents. Trois images non collées tombent. Moi, bouche bée le soir de l'anniversaire quand Maeve retira son manteau et que je découvris sa robe. Moi, foudroyant du regard quelqu'un, sûrement un mec d'un air de pure jalousie. La brunette et Horace dansant et se câlinant en fin de soirée.

Je reste sans voix. Mon cerveau a beau chauffer, je suis paumé. Je ne comprends rien à ce que je vois. On dirait que durant ces dernières années, Maeve a continué de passer des moments avec mon pote et sa sœur, s'est tenue au courant de la vie de mon groupe de potes et est heureuse auprès de Benoît. Le dernier recueil d'images me laisse perdu. La brunette n'a cessé de m'observer tout ce temps, malgré nos disputes incessantes. Je lève les yeux vers elle, en quête d'une explication sans parvenir à ouvrir la bouche pour la questionner.

- Rhooo majesté. Vous êtes vraiment un idiot. Ce n'est pas possible. Dernier indice.

Maeve se penche davantage, pose sa main sur mon visage puis ses lèvres sur les miennes avec délicatesse. Je savoure ce baiser au goût sucré. Je me rapproche pour coller mes lèvres davantage et passe ma main dans ses cheveux. La chipie s'évapore dans un nuage de vapeur violet. Après quelques secondes de stupeur, je secoue la tête pur reprendre mes esprits. C'était elle ou un songe ? Mon esprit me joue des tours. Je deviens fou. Il faut que je parle avec Horace. Je sors de la chambre en emportant mes trésors, qui sortent de ma sacoche et retournent dans le tiroir, y compris le bracelet.

Je fais demi-tour. Le tiroir est impossible à ouvrir. J'ai dû rêver. C'est certain. Je suis bon pour l'asile de fous. Ou alors, elle s'amuse à m'envoyer des faux souvenirs. La brunette en serait capable, juste pour me faire sortir de mes gonds. Aurais t'elle compris mes sentiments ? Elle doit se moquer de moi avec mon cousin et se distraire en me rendant chèvre. Je retourne voir mes potes et suis d'une humeur massacrante tout le week-end. J'en oublie d'interroger Horace.

Les vacances débutent demain soir. Ce soir, c'est le choix des champions. Il est midi. Je vois mon cousin écrire en riant de quelque chose. Puis il se dirige vers la coupe et place deux morceaux de papier. Maeve, qui était en train de manger à la table des filles de Beauxbatons, se lève soudain. Elle se place en face de lui et le gifle violemment. La joue de Benoît est rouge et porte la marque de la main de la brunette.

- Espèce de connard. Pourquoi as-tu mis mon nom et celui de ton cousin dans la coupe ? On ne veut pas participer à ce tournoi.

Benoît ricane et répond quelque chose. Il semble s'excuser. Je vois les murs s'enflammer, l'eau monter du sol, le vent se lever au sein de la salle. Toute la salle se met à trembler et à observer le spectacle avec crainte. Mon cousin blêmit et murmure. Louise intervient et se fait jeter comme une malpropre par Maeve qui crie sur Benoît.

- Espèce d'abruti. T'as de la chance que je n'ai pas le droit de te tuer.

Maeve sort de la salle en fureur. Je n'ai pas le temps de vérifier s'il y a des dégâts dans la pièce. Je cours après la brunette pour lui parler. Elle est déjà dehors et lance des boules de feu dans le ciel. Un vrai brasier. Elle est devenue sacrément puissante. Je m'approche et remarque qu'elle est en pleurs.

- Ehhhhh qu'est ce qui se passe ?

- Ton cousin est un abruti.

- Ca, je le sais déjà. Mais pourquoi dis-tu ça ? Lui dis-je riant.

Je lui prends la main avec douceur et me rapproche d'elle jusqu'à parvenir à la tenir dans mes bras. Je lui frotte le dos pour calmer ses pleurs. Maeve pose sa tête et ses avant-bras sur mon torse et pleure. Je lui caresse les cheveux. Elle finit par se calmer et me parle avec douceur.

- Il a mis nos noms dans la coupe. J'en suis sure. Je l'ai senti. On va être choisi comme champion. Toi, moi et lui. Je le sais. Il se prépare quelque chose pour le retour de Voldemort.

- Ce n'est que ça. Ben, tu n'auras qu'à nous tuer tous les deux lors d'une de tes colères et puis l'histoire est réglée, mon petit canard.

Je lui fais un grand sourire. Elle relève la tête et me regarde droit dans les yeux. Maeve soupire en m'observant, blottie contre moi. Je n'ose pas bouger de peur qu'elle ne s'enfuit. Je n'ose pas parler de peu de dire un mot malheureux. J'ai envie de l'embrasser, cependant, ses prunelles lavande me clouent sur place.

- C'est plus compliqué que ça. Je n'ai pas le droit ou le pouvoir de vous tuer. Ni toi ni lui. Je n'en ai aucune envie. C'est le cœur pur la clé. C'est lui qui... Prendra une décision. Cette décision libérera ma magie. L'une des conséquences de cette décision sera que la mort emportera toi ou ton cousin. Je n'ai aucun pouvoir là-dessus. Je suis juste le seul être vivant capable de contrer la puissance magique des descendants aux quatre sangs.

Maeve s'enfuit en courant. J'ai l'impression qu'elle ne me dit pas tout. Elle semble avoir le cœur brisé. Elle vient de m'annoncer ma mort ou celle de Benoît par sa main. Je me rends compte que mon petit canard nous aime tous les deux, mon cousin et moi et la mort de l'un de nous lui brise le cœur. Je ne sais pas quoi faire pour la consoler.