8.Amicalement vôtre…

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  • Allô ? Y’a quelqu’un ?
  • Quoi ? Tu disais ?

Miguel et son ami Jonathan déjeunaient à la terrasse d’une brasserie où ils avaient leurs habitudes, côté patio.

  • Rien, je disais juste que tu devais être ailleurs, avec je ne sais qui, mais en tout cas pas avec moi. Tu affiches le sourire d’un mec in love qui pense à sa meuf…
  • Ça se voit tant que ça ?
  • Pourquoi, tu l’es ?
  • Quoi, in love ? Franchement, j’en sais rien, mais je n’arrive pas à me focaliser sur autre chose.
  • Ben vas-y, raconte ! Je la connais ? C’est Valentine ?
  • Valentine ? Oulà, non, tu te goures complètement là, mon pote ! Elle ne lui ressemble en rien…
  • Pourquoi, c’est un thon ?
  • Mais non, pas du tout ! Disons que ce n’est pas du tout le même genre de femme, tu vois…
  • C’est-à-dire ?
  • Elle est plus discrète, plus réservée, plus mature, moins superficielle même ! Avec une classe, une élégance presque naturelle, et avec une fragilité, une profondeur aussi, une certaine gravité…
  • Wouah ! Eh ben dis donc, ça faisait longtemps que tu ne m’avais pas parlé d’une nana avec autant de lyrisme !
  • Parce que je ne t’ai jamais parlé d’une nana avec autant de lyrisme ! D'ailleurs, c'est pas du lyrisme, c'est la vérité. Cette femme, elle est tellement… Tellement différente des autres, elle dégage vraiment quelque chose...
  • Et tu t’en es rendu compte avant ou après l’avoir baisée ?
  • Jonath ! Je t'assure, si tu l’avais vue, tu comprendrais : c’est pas le genre de fille que tu t’envoies à l’arrache sur un coin de table, même si ça te démange. Et puis surtout, elle est mariée…
  • Ah merde ! Et elle t’a quand même filé son 06 ?
  • Mieux que ça, amigo : j’ai rencard tout à l’heure avec elle…
  • Nan mais y’a vraiment de la veine que pour les enfoirés, je te jure !
  • Et toi, t’en es où avec Gaëlle ?
  • C’est mort ! J’ai beau m’être confondu en excuses et tout le toutim, elle ne me pardonne pas mon incartade avec Ingrid. Et comme je suis maudit des burnes, cette seconde miss m’a elle aussi plaqué…
  • Ah ouais, effectivement, t'es maudit mon pauvre ! Et t’as pas une autre donzelle en vue, prête à mordre à l’hameçon ? Si tu veux, je te branche sur Valentine, comme ça elle me lâchera les basques…
  • Elle te harcèle toujours autant ?
  • Plus que jamais, hélas !

***

  • Merci, ma Julie, de m’avoir raccompagnée chez moi.
  • Mais c’est avec plaisir, ma Lolo. T’as besoin que je reste pour affronter Jean-Louis ?
  • Non, répondit Laurène en quittant la Renault Mégane de son amie, je gérerai toute seule au besoin.

La blonde cannelle parcourut rapidement du regard la cour pavée.

  • De toute façon, il n’y a même pas sa voiture. Il doit encore être en train de culbuter sa pétasse…
  • Hé, ma Lolo, te laisse pas aller ! fit Julie en voyant son amie au bord des larmes. On est là, nous ! Et puis, tu vaux mille fois mieux qu’elle, je t’assure !
  • Pas aux yeux de Jean-Louis…
  • Passés la cinquantaine, les mecs ont besoin de se prouver qu’ils peuvent encore se lever de la petite jeunette. Mais qu’est-ce qu’ils croient, franchement ? Qu'elles écartent les cuisses rien que pour leur service trois pièces ? Eh bien non, ma vieille, parce qu'à mon avis, les tablettes de chocolat qui virent chamallows, c'est loin d'être leur kif ! Non, crois-moi, quand elles minaudent comme des greluches et qu'elles acceptent de s'allonger sans faire de manières, c’est uniquement pour le fric ! C'est pas des types qui roulent en Deudeuche qu'elles allument, mais plutôt ceux qui se la jouent cador au volant de leur Mercedes. Le portrait craché de J-L...

Laurène ne sut que répliquer à son amie. Pour elle, le résultat était le même : son époux la trompait avec une autre, probablement plus jeune et plus débridée qu'elle.

  • Tu te sens en état de conduire pour revenir sur Lyon ?
  • Oui oui, ne t’inquiète pas, je vais prendre ma 406. Et avec Florian, ne m’attendez pas pour dîner, je n’ai aucune idée de l’heure à laquelle je me déciderai à rentrer…
  • Vague à l’âme ou rendez-vous galant avec le beau Miguel ?
  • Rendez-vous avec Miguel… rougit la jolie blonde. Mais chut, motus !
  • Tu me connais, je suis une tombe… sourit la pulpeuse Julie. De toute façon, tu as le double de mes clés, ma Cendrillon ! Seulement, si ton carrosse te ramenait trop tôt au bercail, je ne te garantirais pas un silence de plomb : il se pourrait que tu sois inopportunément réveillée à la tombée du jour, mais ce ne sera pas par le baiser d’un prince charmant – à moins que tu ne découches. J’ai briefé Quentin, mais qui sait ce qu’il fera de sa nuit...

Laurène lui rendit son sourire en plus évanescent, puis claqua la portière de la berline, un menu bagage à la main. Elle inspira un bon coup et arpenta le dallage en direction de sa demeure.

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