13. Loft story
Laurène et Miguel n’avaient eu que quelques mètres à parcourir pour rejoindre le loft de ce dernier, et pourtant la pluie battante les avaient copieusement rincés. Lorsqu’ils furent enfin à l’abri, ils s’observèrent longuement avant d’éclater de rire devant leur allure dégoulinante d’humidité.
— Attends, ne bouge pas, fit le bel hidalgo en ôtant ses derbys, je vais te chercher une serviette dans la salle de bain…
— Je t’accompagne, poursuivit Laurène en imitant son hôte.
Amusé, celui-ci lui prit la main et l’entraîna à sa suite, grimpant quatre à quatre une volée de marches d’un escalier métallique pour rejoindre la pièce d’eau attenante à ce qui ressemblait à une suite parentale. Le décor était aussi classe et moderne que fonctionnel et épuré. Un immense miroir éclairé reflétait deux vasques ovales en verre dépoli posées sur un mobilier en teck huilé se mêlant aux accessoires moulés dans de l’aluminium brossé. Miguel sortit d’un placard dissimulé dans le mur deux serviettes éponge immaculées et en tendit une à son invitée.
— Tiens, lui dit-il en dépliant la sienne et en frictionnant sa chevelure ébène, et si ça ne suffit pas, tu as un sèche-cheveux à ta gauche.
— Merci…
Constatant que leurs habits étaient gorgés d’eau, le séduisant trentenaire tomba la veste, puis se mit à dénouer sa cravate et déboutonner intégralement sa chemise pour la jeter dans la panière à linge. La nudité du torse musclé de Miguel ne laissa pas insensible la jolie quadra qui n’avait pas perdu une miette de ce semi strip-tease dans le miroir. Il le remarqua bien sûr, le sourire en coin, charmeur, mais n’en fit aucune mention.
— Je vais te chercher des fringues dans la chambre… Ça risque d’être un peu grand mais en attendant que les tiennes sèchent… Ah, et il y a tout un attirail de brosses et de peignes dans le tiroir du haut. Si jamais t’as besoin. Et promis, je ne te regarde pas te changer, même si je te trouve incroyablement sexy les cheveux humides !
Elle fit mine de le fouetter avec la serviette éponge qu’elle était en train d’utiliser, mais ses yeux étaient rieurs.
— Quand tu seras prête, tu me rejoindras en bas, dans la cuisine. Mais prends ton temps, parce que même si j’avais commencé à préparer des trucs, j’ai encore un peu de taf pour notre dîner. Tu n’as rien contre la cuisine andalouse j’espère ?
— Non… souffla-t-elle en se mordillant la lèvre inférieure.
Pour la première fois depuis longtemps, elle était irrésistiblement attirée par un homme. A l’évidence, il avait su, dès son coup de fil, qu’elle passerait la soirée avec lui. Mais ce n’était pas de la suffisance arrogante, celle qui l’horripilait d’ordinaire. Non, c’était autre chose, du charisme, un magnétisme, de l’assurance méditerranéenne doublée d’un physique de mannequin. Si elle s’écoutait là, tout de suite, elle passerait directement au dessert en le dévorant lui. Sauf que ça ne se faisait pas, qu’elle n’avait pas été élevée comme ça. Pourtant, son regard qui la déshabillait littéralement lui était insoutenable : elle le jurerait capable de la faire jouir rien qu’avec ses yeux, sans la toucher. Elle avait envie de lui, terriblement envie. Et elle brûlait d’impatience de le lui dire, de lui dire : « Prends-moi ! ». Mais elle se retint. Et sans doute déçu, lui qui savait si bien décrypter son désir, il tourna les talons pour aller chercher les affaires promises dans la chambre.
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