• Tu vois, fanfaronna Valentine, on ne s'en est pas si mal sorti au final !
• Ouais, répliqua Quentin, on a eu de la chance...
• La chance n'a rien avoir là-dedans. Que veux-tu ? Quand on est doué, on est doué, c'est tout ! Et puis surtout, quand tu es avec moi, en coulisses ou sur scène, je sais qu'il ne peut rien m'arriver. Parce que c'est toi mon ange gardien...

Sous le compliment, le jeune homme vira au rouge et se mit à sourire. Malgré l'absence d'ultime répétition préalable, leur show-case s'était effectivement bien passé. Musicalement, l'alchimie des deux artistes était évidente. Au clavier ou à la guitare, le répertoire de l'adolescent s'étalait de Comme ils disent d'Aznavour à Coups et blessures des BB Brunes, de Un homme de Jérémy Fréro à Éteins la lumière d'Axel Bauer. Après avoir co-interprété Chou wasabi de Julien Doré & Micky Green, Valentine avait choisi de terminer leur prestation sur une chanson empruntée au répertoire de Hoshi : Et même après je t'aimerai. Un titre qui semblait faire écho à sa propre histoire.

« Je t'aime sans la raison /
Je t'aime à rendre con /
Je t'aime à ma façon /
Et même après je t'aimerai... »

Tandis que l'adolescente flirtait avec l'un des spectateurs, Quentin s'affairait à ranger leur matériel en soupirant, puis à le charger dans le véhicule de son père, venu le récupérer avant de retourner pioncer auprès de son épouse.

• Ça ne t'ennuie pas si je te laisse finir tout seul avec ton daron ? Y'a Terry qui voudrait m'emmener quelque part...

Le jeune homme savait pertinemment ce que voulait réellement le Terry en question mais s'abstint de tout commentaire ; il laissa sa partenaire de scène s'éclipser rapidement au bras de son prétendant.

De son côté, l'adolescent céda une heure plus tard aux avances de la jolie serveuse qui l'allumait depuis le début de la soirée. Pour donner et prendre du plaisir. Mais aussi et surtout pour rendre verte de jalousie l'élue de son cœur lorsqu'il lui raconterait sa nouvelle conquête charnelle. Un objectif qu'il savait vain, inatteignable. Il se contraignit donc à profiter de l'instant présent en jouissant en abondance sur les seins et le visage de celle qu'il venait d'honorer et dont il avait déjà oublié le prénom. Pourtant, il détestait faire ça : se comporter comme un salaud. Elle méritait sûrement mieux, seulement il était incapable de lui offrir davantage que sa bite ou son foutre. Parce que l'unique jeune femme qu'il aimait, c'était Valentine.