Antoine et Claude, son compagnon, accueillirent chaleureusement leurs hôtes et s'empressèrent de leur montrer la chambre qu'ils avaient réservée pour eux. Ils invitèrent Laurène et Miguel à prendre leur temps pour s'y installer et se rafraîchir au besoin avant de les rejoindre au rez-de-chaussée pour y déguster un digestif maison.

• Ils ont l'air vraiment sympa ! nota l'andalou en parcourant des yeux la pièce dans laquelle ils allaient passer la nuit.
• Oui... Antoine a beau n'être que mon cousin, le fait que nous ayons grandi ensemble nous a beaucoup rapproché. C'est mon frère de cœur !

La jolie blonde lui répondit en s'appliquant à ne pas le regarder. Pour se donner une contenance, elle feignait de défaire son bagage à main.

• Et puis, leur maison d'hôtes est sublime. L'ambiance, la déco, tout est hyper soigné, hyper clean.
• Et encore, tu n'as pas vu l'immensité du parc, le haras, les chevaux...

Elle l'évita encore, préférant lever ses prunelles en direction de la fenêtre aux doubles-rideaux tirés plutôt que sur le beau brun.

• Putain ce qu'il me soûle ce cadenas de merde ! lâcha-t-elle en s'excitant sur la fermeture éclair de son sac.
• Hé, Laurène, qu'est-ce qui se passe ? s'enquit Miguel en lui prenant la main pour tenter de l'apaiser. Regarde-moi, je ne suis pas ton ennemi ! C'est toi qui m'as convié ici, alors qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi es-tu si fuyante depuis qu'on est sortis de la voiture ?

Elle s'efforça de le fixer de ses yeux.

• Je ne sais pas, j'ai peur. Peur de ne pas être celle que tu crois... s'adoucit-elle. Cet après-midi, dans les toilettes de cette aire d'autoroute... Ce n'était pas moi, tu comprends ?
• Tu n'as pas à en avoir honte, ma Lorena. Il n'y a que toi et moi qui savons ce que nous y avons fait. Le sexe est l'expression charnelle, naturelle, de l'amour que l'on se porte mutuellement. Ton lâcher-prise démontre que tu en avais envie autant que moi. Tu en avais envie et ne le savais pas...

L'explication de l'hidalgo ne convainquit pas du tout la quadra, qui se mit à balancer une question des plus inquisitrices. Une question qui la taraudait depuis plusieurs heures.

• Réponds-moi franchement, Miguel : tu me vois comment ? Comme une salope, comme une pute ?

Sa voix trahissait davantage d'agressivité qu'elle ne l'aurait souhaité. L'homme esquiva le piège tendu, mais elle revint à la charge.

• Réponds-moi !
• A quoi ça sert que je te réponde ? finit-il par capituler. Quelle que soit ma réponse, tu resteras ancrée sur les idées préconsues que tu t'es mises en tête. De toute façon, en quoi est-ce un crime d'incarner une salope ou une pute par simple jeu érotique ?
• Tu n'es pas celui que tu prétendais être cette nuit, Miguel. Non, cet après-midi, tu as tombé le masque ! Et ça va être quoi, l'étape suivante, Mister Grey ?
• Tu me fais chier, Laurène ! Tout ça parce qu'on n'a pas baisé dans des draps de soie comme tu l'aurais voulu. Mais je te rappelle quand même que c'est toi qui m'as supplié de te prendre. Et à ce moment précis, il n'y avait pas d'équivoque possible : ta robe était remontée jusqu'à tes hanches, ton string à terre, mes doigts dans ton vagin trempé de désir pour ma bite... Alors ne viens pas me les briser en jouant les bourgeoises saintes-nitouches ; dans ces chiottes, tu as joui autant que moi !

Le trentenaire quitta la chambre en claquant la porte. La jolie blonde se mit à sangloter. Miguel avait raison : elle avait kiffé sous son joug, elle avait joui de se faire pilonner ainsi par sa queue. Elle avait aimé être une salope. De lassitude, elle s'abandonna sous le jet d'une bonne douche en repensant à tout ça. C'est vrai qu'elle l'avait allumé, elle lui devait des excuses. Elle ne voulait pas gâcher leur week-end, ils étaient là pour en profiter. Pour profiter l'un de l'autre. Il serait son Apollon et elle sa pute. Oui, désormais elle était prête à l'assumer.