Je ressens que je ne ressens rien. Dans la tête d'un étudiant.
Ces derniers temps, ce n’est pas vraiment facile. C’est vraiment rare que je me sente ainsi (like for real), je pensais vraiment être plus fort que ça mais j’imagine que comme tout le monde, j’ai une faille. Cette faille, je la ressens depuis 2 mois environ, si j’écris ce texte aujourd’hui, c’est pour faire le point, à défaut de pouvoir le dire à quelqu’un, le fait de l’exprimer à l’écrit me permettra d’aller mieux (c’est ce que j’espère en tout cas ; réponse à la fin).
Tout d’abord, j’aimerai juste dire que je me sens vide, littéralement. (Les larmes montent déjà. Bon signe ? J’espère. Oui je compte vraiment tout écrire, tout ce que je ressens à cet instant, d’ailleurs je viens de changer la musique d’ambiance, de Hamza - Keke, je décide de mettre une musique plus douce…H.E.R.- Focus). Donc oui, je me sens assez vide en ce moment, j’ai l’impression de ne plus rien ressentir, dire, je me sens déphasé, fatigué, une coquille vide. Je m’en suis aperçu de cela en ayant de plus en plus de mal à sociabiliser avec les personnes qui m’entourent, plus capable de tenir une discussion plus de 30 secondes, plus capable de faire rire les autres (juré je suis drôle de ouf en vrai), je ne me sens pas à l’aise et complètement fatigué dès qu’une personne parle. D’ailleurs, quand mes amis (de ma résidence) viennent chez moi pour discuter un peu, je baille, plus d’énergie, et j’ai réellement l’impression d’être assez ennuyeux ces derniers temps. Plus je me dis ça, plus je me renferme, plus je ne dis plus rien. En ces moments, ils rigolent, parlent entre eux, et étant dans cet état d’esprit, je me dis que je pourrais juste disparaitre et personne n’y verra rien. Je fais partie de la déco, incapable d’en placer une car pas de volonté. Je sens seul, pourtant la pièce est remplie. Je suis très vite agacé, je ne devrai pas, c’est mes amis, des crèmes, je ne dois pas l’être. Du coup j’attends, ils parlent, j’essaie de montrer que je suis toujours en vie et avec eux, j’attends de nous quitter. À la fin de nos interactions, je n’ai rien retenu des conversations, ma mémoire n’enregistre rien, je ne sens rien. (D’ailleurs, malgré le fait d’écrire ce que je ressens, je ne ressens rien pour l’instant, ce texte est-il efficace pour aller mieux ? J’écris tel un robot…) C’est frustrant, c’est comme si je n’étais plus moi-même.
Tout l’enjeu de cette lettre c’est de faire le point, d’exprimer ce que je ressens et de comprendre pourquoi je me retrouve ici.
Plusieurs réponses à ces questions.
Parlons d’abord de mon semi-échec scolaire. J’ai toujours été un peu flémard mais j’ai toujours travaillé quand il le fallait, je me donnais les moyens quoi qu’il en coûte (putain si je pouvais redevenir comme ça). Car oui, je ne suis plus. Au début ça allait, j’arrivais à m’adapter aux cours en ligne, au travail autonome que demande l’université mais depuis 2 semaines environ, rien ne va plus. Je ne m’intéresse plus aux cours, devenu trop compliqué à suivre, je n’ai plus aucune motivation, j’ai l’impression de ne plus avoir d’objectif, travailler devient impossible. Depuis le début, j’ai l’impression de n’avoir rien appris. Je pense à abandonner, à tout lâcher. Le fait de ne pas encore avoir trouvé de stage (pas détails) n’aide pas, le fait d’avoir des cours exclusivement via un écran non plus, mais je m’accroche. Mais rester à la maison, 24h/24, me fatigue. Je veux un professeur physiquement, des encadrants, des camarades, sortir autour du campus, bref, tout ce qu’un étudiant est sensé faire lors de sa scolarité.
Cette routine à la maison entraîne une rupture de ma vie sociale, qui se résume à des amis de longue date et de mes voisins de la résidence Aubervilliers. Je les adore, mais ce sont les seules personnes que je connais dans cette ville, si loin de chez moi. Si je pouvais juste, voire de nouvelles têtes, je le ferais. Ce qui me fais peur au final, c’est la dépendance à eux. Demain, si je me dispute avec eux, qui me reste-t-il ? Qui voir ? Avec qui rigoler ? Personne. Eux, ils ont de quoi faire, ils connaissent du monde, ils peuvent voir ailleurs. Moi non. Outre cela, parler avec des personnes différentes, avoir d’autres « délires », me manque. Bien sûr il existe toujours des solutions, mais lesquelles ? La quasi-totalité de mes amitiés se sont formés et forgés dans le cadre scolaire, et là je dois apprendre comment faire autrement, j’ai peur.
Cependant, pour en tirer du positif, ils sont des piliers pour moi (ce qui m’effraie en même temps), si je vais bien par moment, c’est grâce à eux. (et à l’alcool parfois).
À cela, peut s’ajouter mes problèmes financiers. Après des dettes, des loyers et autres charges inattendues, j’ai traversé une grosse période de « nécessité ». Il n’y avait pas 1 jour, pas un seul, sans que je me demandais : « comment je vais finir le mois ? ». Bien sûr, il y avait ma famille qui m’aidais quand ça n’allait vraiment pas (d’ailleurs cela ajoute une grosse charge pour la réussite de mes études, car ils comptent sur moi aussi…) mais ce n’était pas assez, je devais me restreindre afin de tenir jusqu’au bout (je parle des dépenses, pas de nourriture, quoique...). Je parle au passé car, même si à la date où j’écris cela, mon compte reste dans le négatif, mais je sais que le mois prochain, tout ira mieux, des charges en moins, donc j’aurai de quoi faire.
Résumons donc, une scolarité moyenne avec des cours en ligne de plus en plus difficile à suivre, une vie sociale restreinte et des problèmes financiers pesants. Rien de nouveau, je le savais déjà. Je ne ressens rien. Aucune émotion face aux mots que je viens d’écrire, je ne pense pas aller mieux, mais je suis content de l’avoir fait. C’est sans doute la chose la plus productive que j’ai faite depuis plus d’un mois. Certes, c’est inutile mais le fait de m’être installé sur mon bureau et avoir utilisé mes 2 neurones pour mettre des mots sur certaines émotions, m’a semblé productif.
Note: si je publie ce texte, c'est pour pouvoir encourager d'autres personnes qui se retrouvent comme moi, dans un moment difficile, à écrire et exprimer ce qu'ils ressentent. Je souhaite également, pourquoi pas, lire leurs écrits afin, j'imagine, de me dire que je ne suis pas seul dans cette situation.
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