V
Toujours ponctuée de cris assourdissants, la scène de combat s'avérait sanglante de par l'impitoyabilité dont faisait preuve l'assayant. Les corps déchirés tombaient comme des mouches. Dehors, dans les rues, la situation ne devait guère être plus enviable. Pétrifié, Zach remarqua cependant un homme portant un uniforme ne dépareillant pas totalement avec ceux de la garde locale ... en plus raffiné peut-être. Un officier estima-t-il. Celui-ci poussait avec difficulté un imposant meuble le long d’un mur, révélant ainsi la présence d’un passage. Au même moment, l'oncle bouscula puis jura après son neveu, lui demandant pourquoi il restait planté là avant de suivre son regard. Il marqua alors un temps d’arrêt puis l’attrapa par le bras avec la jeune esclave que reconnu aussitôt Zach. Il les mena tous deux vers cette issue salvatrice. Le mystérieux homme s’empressa de rabattre le meuble derrière eux.
― Qui êtes-vous ? interrogea l’esclavagiste d’un air méfiant et peu amène, tenant toujours fermement la fille alors qu’il avait lâché le jeune garçon au moment de franchir le passage.
― Que cela peut-il bien faire ? lâcha l’intéressé d’un air détaché qui entreprit d’allumer deux braseros accrochés au mur de la minuscule et lugubre pièce dans laquelle ils se trouvaient maintenant. Il tendit l’un des objets enflammés à son interlocuteur.
― Prenez ceci et suivez-moi, avait-il déclaré avant de tirer un tapis étendu sur le sol et d’ouvrir une trappe. Avant de disparaître, il ajouta : « si vous tenez à la vie bien entendu ».
Les trois autres protagonistes n’hésitèrent pas longtemps à lui emboîter le pas et à descendre l’échelle qui s'engouffrait dans les ténèbres.
La galerie souterraine voûtée qu'ils arpentaient finalement semblait avoir grossièrement été taillé dans la roche. Les torches s'étaient rendues indispensables à leur progression dans un lieu où aucune lumière ne filtrait de l'extérieur.
― Diantre, quelqu'un peut-il me dire ce que sont ces foutues choses ? L'angoisse de l'esclavagiste s'exprimait à travers une intense poignée de main autour du bras de la jeune fille grimaçante.
― On a eu ce qu'on méritait, avait répondu l'homme qui paraissait résigné et amer. Il gardait un sang-froid remarquable vu les circonstances. Il continuait de progresser d'un pas rapide, une longue cap noire remuant dans son dos.
― Co ... comment ça "on" ?
― Je suis le garde du corps personnel du seigneur Lambriard. A ce titre et de par la nature plus craintive de l'homme qu'il n'y parait, je participe à la plupart des réunions importantes concernant la ville. Il y a quelques semaines, la garde a trouvé une de ces créatures tombée dans un piège tendu aux smilodon de la région. Dieu sait pourquoi. Fasciné par la sensationnelle découverte que l'on prit soin de garder au secret, on l'a fait prisonnière. Les pierres précieuses qu'elle portait ont rapidement suscité la convoitise de ses geôliers. Agonisante, elle n'en fut pas moins torturée, tentative désespérée d'en apprendre plus à propos de sa répugnante race, exécutée puis finalement disséquée. Avec le recul, je jugerais qu'il représentait quelqu'un d'important pour les siens.
Son auditoire sembla estomaqué par cette révélation.
― Diable, ces maudits chiens reviennent se venger ! Bah, vous avez intérêt à nous sortir de ce guêpier ! lança l'oncle de Zach en brandissant son poing libre. « Il n'est pas question que je crève des mains de ces monstres infâmes ». Il semblait avoir trouvé une forme d'autorité depuis le récent trépas de son charismatique frère.
L'homme éluda l'injonction de son interlocuteur puis s'arrêta soudain car le monotone et caverneux tunnel venait de changer de configuration.
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