Chapitre VII, partie 1 : Première mission à EXODUS
Elle s'arrêta quelques secondes, avant de reprendre.
-C'est heu...c'est le chef qui m'envoie, apparemment vous êtes envoyés en mission à l'exterieur.
Elle s'était appuyée sur ses genoux, pour reprendre son souffle. Elle portait l'uniforme traditionnel de l'armée, ainsi qu'un petit badge EXODUS, identique à celui que portait Eolia sur sa blouse. Cela me faisait pensait que j'allais moi aussi peut-être devoir en réclamer un si je voulais qu'on me reconnaisse. Il allait aussi me falloir récuperer mon écusson à deux bandes si je voulais qu'on m'appellât "sous-lieutenant Dieter", ou "monsieur". C'était, me semblait-il en tout cas, le grade que j'avais obtenu en étant placé sous la protection d'Eolia.
Alicia se releva d'un coup, et rejeta ses cheveux roux en arrière dans un gracieux mouvement. Elle non plus n'était pas là depuis longtemps, avais-je cru comprendre. Elle était la fille d'un industriel. Loin de moi l'idée de porter des jugements de valeur, mais elle avait dû être bien pistonnée sans pour autant avoir des capacités hors du commun. Une fille à papa, en somme.
Je lui tendis un petit mouchoir qui restait en permanence dans ma poche interieure. Elle me remercia en gloussant, le prit, et s'épongea le front avec pendant un court instant. Elle reprit alors soudainement une attitude beaucoup plus droite, et me tendit un morceau de papier. Sur ce dernier, un message écrit à la main dans une écriture qui me paraissait très soignée me demandait de venir expréssément dans le laboratoire. Allons bon, qu'allait-on me demander de faire encore?
En regardant la jeune fille, je m'aperçut rapidemment qu'elle avait adopté une posture très raide et inutilement crispée devant moi.
-Euh...tu es sûre que ça va, Alicia, demandai-je timidemment en penchant la tête vers elle ?
On aurait presque dit qu'elle avait arrêté de respirer. Elle articula quand même une réponse compréhensible.
-Tu dois me donner l'autorisation de lever le garde à vous, Dieter, maintenant que tu es mon superieur.
-Ah, eh bien...vas-y, c'est bon...repos.
Elle relâcha instantanément tout les muscles de son corps dans un explicite soupir de soulagement. Elle me remercia repidemment, et me demanda de l'accompagner jusqu'au laboratoire où se trouvait le matériel nécéssaire à la mission.
Maintenant que j'étais aux ordres d'Eolia, mais avec le grade de sous-lieutenant, il était vrai que les membres d'EXODUS étaient sous mon commandement. C'était un sentiment étrange, on aurait dit que j'avais comme retrouvé une partie de mon prestige de prince. Bon, il ne s'agissait pas de serviteurs mais de soldats, et j'étais moi même serviteur de l'armée de la république.
Serviteur de l'armée de la république, cela sonnait terrible à mes oreilles. Dire que j'avais dû en arriver là pour faire mes recherches, c'était quand même une pitié. D'autant plus que je devais effectuer des missions pour eux, comme aujourd'hui. Même quelqu'un comme Eolia ou Tadéo, qui avaient pourtant des fonctions importantes, n'étaient pas au sommet de l'echelle. Au dessus, il y avait encore le Général Démocrate de la ville d'affectation du grand lieutenant, et encore au dessus de lui, les trois Grands Généraux. Enfin, le Gouverneur général des armées Kobe dirigeait tout depuis la capitale.
Le général Kobe, oui, on en entendait régulièrement parler. Il était très proche du pouvoir, et plus précisemment du président Oswald. Celui-là, personne ne le voyait jamais. Il restait cloîtré dans son bureau à bosser, bosser et encore bosser. Kobe se chargeait non seulement de l'armée, mais il avait en plus le poste de porte parole du président de la république. Toute cette hierarchie avait fait en sorte que le pouvoir soit assez centralisé, et très encadré par l'armée.
Nous étions arrivé au laboratoire, pendant que j'étais moi perdu dans mes pensées. Toujours la même ambiance, dans ces couloirs, très blanc-gris clair. C'était une ambiance plutôt apaisante, il fallait l'avouer, bien qu'elle fît penser à un sanatorium plus qu'à un centre militaire. Les grandes baies-vitrées du batîment face à la rue, elles, contribuaient grandement à la luminosité des lieux.
Alicia sortit de sa poche un petit badge, aussi blanc que la porte, et l'inséra dans une fente. Elle tapa un code à quatre chiffres, et nous pûmes entrer. Enfin, Alicia put entrer. Moi, elle me demanda de bien vouloir rester ici pour avoir de la place. Les produits contenus dans ce labo étaient, c'est vrai, plutôt volatiles pour une bonne partie.
Je me laissai donc tomber par terre contre le mur, les bras négligemment posés sur mes genoux repliés. Je ressortis de ma poche une petite clé USB, une vieille unité de stockage qui devait avoir plus de vingt ans. Elle aurait dû servir au téléchargement des données numériques du groupe, mais à la place on me collait à cette mission sans importance. Je tournai la tête vers Alicia, et lui demandais si ma présence avait tant d'importance que ça.
-Ah mais oui, répondit-elle franchement, le sous-lieutenant est celui qui relaie les ordres du lieutenant en charge. Ils auront besoin de toi, et de tes compétences en physique-chimie bien sûr.
-Il doit bien y avoir d'autres sous-lieutenants dans le batîment, non, qui pourraient me remplacer?
J'avais demandé cela avec l'intime espoir que je pourrais y échapper. Mais la réponse de la jeune fille fut catégorique.
-Non, chaque sous-lieutenant est affilié à un lieutenant bien particulier. Toi, tu es la chose d'Eolia, dis toi bien ça. Nous sommes tous les choses du tyran aux cheveux d'or, dit-elle en riant.
Très bien, il n'ay avait donc aucune chance pour que je puisse me soustraire à mes "obligations professionnelles". De plus, il me serait à mon avis très difficile de faire l'école buissonnière avec tout les gardes qui allaient être présents. Peut-être avaient-ils même l'ordre de tirer à vue sur les deserteurs, et s'ils ne l'avaient pas, je ne doutais pas que Tadéo, lui, le leur donnerait.
Une idée me vint soudainement : rien ne m'empêchait de lancer le téléchargement avant la mission, et de le laisser en mode automatique ! Ainsi, la mission pourrait se dérouler tranquillement et je retrouverais mes données en revenant ! Même Tadéo ne se douterait de rien, j'en aurais mis ma main à couper, bien qu'il eût déjà compris à quel trafic je me livrais en douce. En y repensant, il avait d'ailleurs déjà du poster quelques gardes aux archives pour m'empêcher de continuer. Il allait falloir que j'y fasse très attention.
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