Partie I
Damian ferma les yeux pour se concentrer sur son corps et essayer de repousser toutes les informations qui venaient de l’extérieur. Oublier le grand vaisseau extraterrestre posé dans le port. Oublier les formes étranges de l’habitat qui semblait vivant. Oublier les lumières tamisées qui cachaient habillement milles et uns recoins. Oublier les marques étranges qui étaient apparues sur sa peau, à lui, comme à tant d’autres. Oublier les autres humains qui s’étaient sagement rangés, comme lui, sur le dessin correspondant aux marques. Oublier tout ça et le reste aussi. Seulement se concentrer sur son corps ne permettait pas d’échapper à tout. Sous ses pieds nus, le sol chaud pulsait doucement. Impossible de s’extraire du léger brouhaha environnant, mélange des discussions à voix basses des autres humains et de ces bruits terrifiants qui n’avaient rien de terrestre. Et comment échapper à cette odeur douce, légèrement salée, qui lui irritait le nez ? Il ne pouvait pas.
Les voix se turent autour de lui, lui apprenant qu’une nouvelle chose venait de se produire et lui, il n’avait pas envie d’ouvrir les yeux, il se sentait simplement trop fatigué pour ça. Ce fut au prix d’un immense effort qu’il le fit découvrant son tout premier extraterrestre. Ce n’était en rien comparable à ce qu’il attendait. Les petits corps gris aux grosses cervelles de la science-fiction ne l’avaient pas préparé à ça. Certains films de fantasy l’avaient mieux fait, mais rien à voir avec les images de synthèse ici. Le haut de son corps paraissait globalement humain, un torse couvert de peau, un cou fort, un visage délimité par un menton volontaire. Alors bien-sûr, ses yeux totalement jaunes pailletés aux iris allongées horizontalement ne laissait aucun doute. Mais tout de même ! Par contre, le bas de son corps semblait appartenir à une autre espèce, hybridant deux créatures qui n’auraient pas dus être liées ensembles. Les tentacules étaient épais et nombreux. Il ne tenta pas de les compter mais recula légèrement, mal à l’aise.
- Bonjour humains.
La voix semblait venir de tous les côtés à la fois mais pas réellement de la créature qui attendait sagement leurs réactions.
- Vous avez été sélectionné dans le programme Octepi. Une entière collaboration est attendue de votre part.
Le premier contact avait été similaire. Les voix s’entrechoquaient, par contre, elles n’avaient pas cette légère intonation alien et pour cause, c’était leurs dirigeants, les présidents, les responsables en tout genre, les grands chefs d’entreprises, c’était eux qui avaient parlé. Leurs voix tremblaient alors qu’ils récitaient visiblement un texte appris.
Baissant le regard sur la marque sur le dos de sa main, un simple rond qu’ils avaient tous plus ou moins marqué. Le sien était entier et un second cercle entourait le premier. Contrairement au reste, c’était son choix. Autour de lui, les autres avaient majoritairement des fragments de cercles inachevés.
Les formes fantomatiques des dirigeants avaient résonné pendant des heures, dans des langues variées, répétant inlassablement les mêmes choses. Ils ne répondaient pas. Ils ne réagissaient pas. Ils étaient de partout à la fois et cette technologie n’avait rien d’humaine. Ils disaient :
« Bonjour à tous. Plusieurs vaisseaux Octepi se sont posés à la surface de notre planète. Ils viennent en paix. »
C’était faux. Ils ne venaient pas en paix, sinon, ils n’auraient pas mis en panne la totalité des machines électriques laissant tant de personnes à l’agonie dans les hôpitaux, faisant se crasher tant d’avions et paralysant la totalité de leur système. Ça ne faisait que quelques jours et chaque région était ravagée.
« Ils repartiront dès qu’un nombre suffisant de Paryans les auront rejoints. Pour savoir si vous pouvez être Paryans, un test simple est mis à aotre disposition à chaque… croisement. Certains d’entre vous pourrons donner leurs corps sans limite, totalement, entièrement, complètement ou partiellement. Votre coopération la plus totale permettra un départ plus rapide des vaisseaux Octepi. »
Sans limite. C’était le pire choix. C’était le sien. Partiellement, c’était le meilleur choix d’un point de vue strictement personnel, c’était celui de la majorité d’entre eux. Dans son quartier il avait été le seul à pouvoir faire le choix « sans limite ». Damian ferma de nouveau les yeux, son cœur battait la chamade et il avait du mal à se concentrer sur les quelques mots de l’extraterrestre. Les rumeurs étaient terrifiantes. Certains disaient qu’ils allaient les manger. D’autres qu’ils allaient parasiter leurs corps et prendre le contrôle d’eux, c’était d’ailleurs comme ça « qu’ils ont dû faire pour que le président dise de telle chose » rajoutaient-ils. Damian n’en savait rien. Il avait dix-neuf ans et il se savait perdu. Sa famille avait coupé les ponts trois ans auparavant, il n’avait jamais rien fait de bien et tant de gens mourraient. Sa petite sœur qu’il n’avait pratiquement jamais connue était à l’hôpital et elle ne pouvait pas être soignée sans électricité ! Alors il s’était donné sans la moindre limite… et il espérait que les choses se feraient juste très rapidement.
- Vous êtes à présent lié à un Octepi. Veuillez rester dans votre zone jusqu’à ce qu’il vienne vous chercher. Pour une entière collaboration, votre lien est réduit à trois pas.
Un autre long silence passa avant que l’être étrange n’ajoute :
- Bienvenue dans le programme de reproduction, merci d’avoir rejoint la communauté des pères et des mères Octepi, dès que le cercle au-dessus de nous sera entièrement rempli, nous partirons.
Le sourire sur sa face était étrange et autour de Damian, certains s’étaient mis à crier alors que d’autres étaient soulagés. Reproduction. Le jeune homme tenta de ne pas céder à l’hystérie de son voisin et baissa le regard sur ses pieds où la jolie marque semblait vaguement animée, peut-être par les mouvements du sol. Il allait devoir féconder une de leur femelle ? Il n’en serait sans doute pas capable. Outre qu’il ne saurait pas où se glisser entre les tentacules qui devaient être froides et visqueuses, bander pour une femme n’était pas son fort. Même là, il allait s’avérer décevant se dit-il tristement.
D’un des coins obscurs apparus à un grand mâle au torse épais et à l’air décidé. Lorsqu’il passa devant lui, Damian put voir la marque, similaire à celle qu’il portait à présent mais pas tout à fait identique, s’étalait sur son dos et le haut de ses tentacules monstrueusement épais. Il s’avança en faisant onduler ses tentacules tranquillement entre eux jusqu’à une femme d’âge moyen qui avait l’air tout bonnement affolée, mais il la dépassa et s’arrêta devant un homme d’âge mur qui regarda autour de lui, incrédule.
- Je… Vous vous trompez. Je ne peux pas me reproduire avec vous.
L’un des tentacules de l’alien glissa sur la marque au sol et elle disparut, puis, le même tentacule remonta sur le corps de l’homme, laissant une marque humide derrière son passage.
- Non ! Non, je refuse. Je ne suis pas un putain de PD, vous m’entendez ?! Il est hors de question que je fasse ça.
L’alien se figea et une crispation fut visible dans chacune de ses tentacules et le long de son dos nu. Il pencha la tête sur le côté et demanda doucement :
- Vous refusez d’être mon Paryan ?
- Oui, c’est ça ! Je refuse.
Toujours immobile, il jeta un coup d’œil à celui qui avait fait la présentation et qui semblait tout aussi figé. Au bout de quelques secondes néanmoins ce premier alien s’avança pour dire d’un air contrit des plus étranges :
- C’est extrêmement cruel d’avoir accepté en zone de test pour refuser maintenant, même si l’acceptation était juste partielle et donc, déjà… difficile à comprendre. Suivez-le, vous resterez en zone d’observation jusqu’à ce que vous changiez d’avis ou jusqu’à la fin des contacts puis vous repartirez avec les autres…
L’homme carra les épaules, grognant à moitié, mais il accepta de suivre l’alien d’un pas trainant, mais à chaque fois qu’il s’éloignait un peu trop, sa tête tournait et une profonde angoisse le saisissait. Il se sentait tellement mal que bientôt rester près de cet être étrange devient soulageant.
***
Les aliens étaient tous intégralement nu et les femelles ne cachaient rien de leurs poitrines, attirant homme comme femme autour d’eux. Qu’ils ne semblent pas se préoccuper des sexes des sélectionnés provoquaient beaucoup de questions sur leurs modes de reproductions. Peu à peu la salle se vida et lorsqu’une première tâche sombre apparut dans le cercle au-dessus des rares personnes restantes, Damian avait mal aux jambes et aux hanches d’être resté immobile trop longtemps.
On venait les chercher dans un ordre bien défini. D’abord, ceux qui s’était proposé partiellement peu importe ce que cela voulait dire. L’un des aliens avait dit que c’était « difficile à comprendre » et tout ceux qui s’étaient montrés avaient l’air des plus moroses. Puis peu à peu, ils étaient arrivés avec un air plus détendu et finalement, des êtres angéliques, avançant souplement avec un air si doux étaient venus que Damian s’en était senti soulagé. Comment cela pourrait-il mal se passer avec eux ? Ils semblaient délicats et tendres.
Seulement, personne ne venait pour lui et bientôt il fut seul dans la pièce. Celui qui les avait accueillis, Trois-soleils l’avait surnommé mentalement Damian en référence à sa marque, finit par venir le voir. Il souriait dévoilant des dents un peu trop pointues.
- Merci beaucoup pour votre don sans limite. Nous sommes honorés Paryan.
- Euh… de rien ?
- Voulez-vous visiter ?
- Personne ne va venir pour moi ?
- Oh si, bien-sûr que si ! Mais seulement une fois que vous serez bien installé dans votre habitat.
Damian se troubla un instant. Son habitat ? Il parlait de sa maison ? Ou d’un autre habitat ? Il devait éclaircir ce point.
- Je suis désolé, je ne comprends pas. Mon habitat ?
- La zone que vous avez obtenue dans notre vaisseau en devenant Paryan.
- Les autres aussi ont obtenu des habitats ?
- Non, non. Dans notre vaisseau, vous serez le seul. Ne vous inquiétez pas, nous avons tous conscience de la lourdeur d’un tel rôle et nous n’abuserons pas.
L’humain acquiesça sans comprendre de quoi il parlait mais prêt à tout pour remplir ce fichu cercle qui n’avait visiblement pas envie de progresser. Trois-soleils le conduisit là où ils avaient tous disparu et bien vite il put entendre les gémissements de luxures de ceux qui attendaient avec lui peu de temps avant.
- Voici la zone dédiée aux contacts partiels.
- Est-ce que vous pourriez m’expliquer ? Nous… nous ne fonctionnons pas de la même manière.
- Hum… d’accord.
Les gémissements montèrent en intensité alors qu’ils approchaient et bientôt, Damian découvrit une scène étrange qui le laissa horrifié. D’un côté de l’immense salle se trouvait les observateurs et leurs octepis. C’était tout ceux qui avait refusé avec véhémence de participer à ce programme. De l’autre côté, des bassins immenses accueillaient des octepis à la mine sombre et au-dessus, installés dans un dispositif étrange se tenaient les humains. Ils étaient assis, suspendus et leurs appareils génitaux étaient accessibles sous les assises des fauteuils à hauteur de visage.
- Les contacts partiels sont très déstabilisants, alors les Srayns sont réunis à plusieurs.
Même de loin, Damian pouvait voir les tentacules qui se glissaient de partout sur le corps des humains mais aussi sur ceux des autres de leurs espèces.
- Ils… Quel est… le but ?
- Le tentacule reproducteur doit se nicher profondément pour déposer les œufs. Cela demande une grande excitation qui est difficile à obtenir vu le contexte.
Damian observa l’un des octepis se relever doucement dans l’eau, provoquant quelques vaguelettes pour monter l’un de ses tentacules jusqu’au visage d’une femme enfin de la caresser doucement. Ce qu’il murmura n’était pas suffisamment fort pour qu’il l’entende mais la femme cria immédiatement : « NON ! Retirez-les ! Retirez-les ! ». L’alien se figea à moitié inerte et aussitôt, ses compagnons l’enlacèrent de leurs tentacules pour le soutenir. Tout ceux du même bassin que lui s’unirent pour porter son corps et lui permettre de se rasseoir en douceur.
A côté de lui, Trois-soleils avait l’air également très affecté par la scène comme si ces humains suspendus offrant leurs orifices aux appendices curieuses n’avaient rien d’étrange ou de malaisant mais que cette réponse était la chose la plus triste au monde.
- Tu devrais te retirer… murmura l’un des octepis à son ami effondré qui refusa tout net.
Et lentement, silencieusement, un autre fit monter un tentacule jusqu’aux lèvres les plus intimes de la femme. Plusieurs la caressèrent dans une tentative de réconfort qui semblait malvenue et tout autant venait soutenir le mâle, le serrant contre eux. La femme couina et bientôt, elle se mit à remuer sous l’inconfort de plus en plus grand. Damian observa, consterné, des œufs sortir de son intimité pour tomber dans le bassin. De la manière dont le mâle les observait et les frôlait du bout des doigts, il lui sembla évident que ses œufs étaient morts. Ils mirent un moment -et un très grand nombre d’œuf- avant de lui permettre de descendre. Le mâle avait l’air d’avoir des difficultés à tenir sur ses jambes seuls et pourtant il la remercia.
- Il a l’air tellement triste. Murmura Damian.
- Perdre une portée l’est toujours… malheureusement, c’est le choix de la majorité d’entre vous.
Trois-soleils semblait vraiment contrarié en le disant comme s’il croyait que les terriens n’avaient aucune forme d’amour. Damian baissa le visage observant ceux qui s’étaient rétractés du coin de l’œil. La majorité semblait furieux. Au-dessus d’eux, le rond se remplissait lentement.
- Vous avez dit « reproduction »…
- Oui.
- Mais il n’y a pas besoin de naissances pour remplir le cercle n’est-ce pas ? Sinon, le choix partiel ne devrait pas exister.
- En effet. Si nous ne trouvons pas de terrain fertile où implanter nos petits, nous finissons par mourir. Le cercle vide représente les Octepis mourant. Le cercle plein les Octepis sauvés.
Il était prêt à faire énormément seulement pour sauver sa sœur. A leur place, il n’aurait sans doute pas hésité avant de venir chercher ce qui était nécessaire pour sauver tout son peuple se disait-il tout en observant la tendresse que les Octepis déployaient les uns envers les autres. La visite se poursuivit allant de zones en zones et de partout il put voir cette même douceur, ces mêmes caresses et cette sincérité brute. Malgré tout, il se sentait de plus en plus mal… Il aurait tellement aimé vivre une telle proximité, être en confiance avec les siens comme eux l’étaient.
***
Un bassin central d’eau chaude l’attendait dans ses quartiers. C’était l’élément central et juste au-dessus, le décompte des Octepis sauvés : si peu encore. Le premier allait arriver d’un instant à l’autre. Ce serait la personne qu’il pourrait contacter pour le moindre besoin. Il espérait quelqu’un d’aussi doux et agréable que Trois-soleils mais le mâle qui se présenta le fit surtout frémir. Tout en lui transpirait de forces et il ressemblait surtout à un guerrier. Au gré de son observation, il nota de multiples cicatrices. Sa marque était très complexe, tellement qu’il était difficile de lui offrir un nom.
- As-tu vu chaque étape ? demanda-t-il sans préambule.
- Uniquement les premières, les œufs n’étaient pas encore à maturité.
Le mâle semblait satisfait de cette réponse puisqu’il s’approcha sans hésitation pour lui tourner autour.
- Tu porteras mes œufs.
Ce n’était pas une question alors il ne répondit rien se contentant de regarder ses muscles rouler sous sa peau. Ses cheveux étaient longs, noirs et leur texture semblait étrange. En faites, tout chez lui, transpirait de violence.
- Me refuses-tu ?
- Non.
- Alors pourquoi n’es-tu pas déjà installé ?
La voix froide était terriblement angoissante. Les autres avaient paru si doux mais cet être était différent. Ses yeux semblaient comme fou. Damian regarda le bassin mais il ne vit pas les étranges structures qui portaient les autres humains.
- Est-ce que vous êtes mourant ? demanda-t-il soudain avant de se taire, surpris par sa propre audace.
Trois-soleils appelait à la conversation et il était suffisamment ouvert pour mettre en confiance. Ce n’était pas le cas de ce mâle dont les tentacules bougeaient déjà comme s’ils voulaient battre le sol. Baissant les yeux et reculant, Damian se dit que si on l’avait envoyé en premier c’était sans doute que sa situation était urgente et qu’il risquait de perdre rapidement patience. Il avisa le bassin et s’en approcha sans savoir exactement quoi faire.
- Que dois-je faire exactement ?
- Rentre dans le bassin. Nu. Et… détend-toi.
Damian eut un sourire crispé. Se détendre ? Il ne s’en sentait pas capable. Même se dénuder lui semblait difficile à ce stade. Il avisa la porte, de l’autre côté, il y avait des mâles effondrés qui observaient leurs œufs tombés morts. De l’autre côté, il y avait la tendresse et la douceur entre eux. Ce mâle était-il vraiment différent ? Ses yeux sombres, pailletés d’or, ne laissait transparaître aucune forme de gentillesse. Dans un geste rempli de désespoir, il retira son tee-shirt. Le tissu gris rejoignit le sol. Il était troué à plusieurs endroits par des fils barbelés. D’autres l’auraient dit inutilisable, mais ce serait son seul vêtement, visiblement, ces aliens ne s’habillaient pas. Puis il baissa son pantalon de jogging qui n’eut aucun mal à passer sa taille fine et d’un simple mouvement, il le retira avec ses chaussures et ses chaussettes, trouées, elles aussi. Observant le vide, refusant de croiser le regard de l’alien qu’il soit appréciateur sur son corps malingre ou au contraire dégouté, rien ne le rassurerait.
L’eau du bassin était vraiment chaude, de la vapeur s’élevait au-dessus de sa surface et très vite, elle le trempa entièrement. L’autre mâle attendait toujours immobile, à tel point que simplement pour briser le silence, Damian finit par demander :
- Et maintenant ?
- Tu dois m’inviter, mais tu ne connais aucun usage.
Le mâle sembla s’agiter à nouveau mais sa colère remonta jusqu’à ses bras tendus et à sa mâchoire forte.
- Oui… je suis désolé mais avant que vous n’arriviez pour nous attaquer, on n’avait jamais entendu parler de vous alors je ne suis pas bien au fait des usages. Expliquez-moi que l’on puisse remplir ce cercle ! cria-t-il en montrant l’espace désespérément vide au-dessus de lui.
L’alien s’approcha directement et glissa un tentacule dans l’eau chaude en fermant les yeux avant d’affirmer simplement :
- Nous ne vous avons pas attaqués et sans les usages, tu auras du mal à remplir ce cercle.
- Pourquoi ? Les autres y arrivent.
- Oui… avec des jeunes. Je ne suis pas jeune. Mon corps a besoin d’évacuer mais il sait ce que mes œufs deviendront. Tu vas devoir le convaincre du contraire.
L’image des œufs tombant simplement, si petit et si fragile, s’imposa à nouveau dans l’esprit de l’humain. Combien de fois ce mâle avait-il dû vivre cette épreuve pour en arriver à ce que son corps la refuse ? Trois-soleils avait dit que l’acceptation partielle était « difficile à comprendre » mais en réalité elle était déjà cruelle.
- Comment je fais ça ?
- Tu dois chercher le contact et je ne t’en donnerai qu’un pour commencer. S’il grandit… alors les autres arriveront. Si tu les tues…
L’alien arriva jusqu’à lui et ses tentacules se glissèrent sur son corps, le faisant sursauter. Elles grimpèrent le long de son corps, le caressant délicatement, mais lorsqu’une s’enroula autour de son cou et serra, le geste était très net.
- Si tu les tues, tu mourras avec.
- D’accord. Répondit simplement Damian tout en glissant ses doigts sur son torse épais.
Furie. Ce serait son nom se dit l’humain tout en provoquant un contact plus intime encore. Il pouvait le faire, découvrir du bout des doigts ce corps chaud n’avait rien de difficile pour lui. Quand au niveau de ses hanches les tentacules apparurent, il ferma les yeux et tenta juste de l’explorer sans à priori. Concentré sur ces ressentis, il ne remarqua rien avant que Furie ne l’arrache à son corps le sortant du bassin dans un cri de rage.
- Que crois-tu faire humain !?
Le choc avait été rude, mais heureusement, sa tête n’avait pas cognée. Il recula un moment et fut surpris de voir le mâle si bouleversé.
- Je suis désolé. Ok ? Désolé. J’ai cru faire ce qu’il fallait. D’accord ? Calmez-vous…
Le mâle l’observa un moment, et soudain, il disparut sous la surface de l’eau. Damian attendit un long moment et finalement, il approcha de la surface pour découvrir le bassin vide. Où était-il passé ? Il regarda autour de lui en cherchant la réponse à cette énigme mais il ne la trouva pas. En se laissant tomber au sol pour s’allonger, déjà épuisé, il observa le cercle au plafond. Il resta là, à le regarder jusqu’à le voir s’assombrir très légèrement et les larmes se mirent à couler le long de ses joues. Il aurait encore préféré qu’on le bouffe, ça aurait demandé moins d’efforts. Sur cette pensée autodestructrice, il ferma les yeux et s’endormit, nu et trempé.
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