II- Charmant au palais dormant :

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Il était une fois un jeune roi appelé Charmant, gouverneur d'un pays si lointain que j'en avais oublié le nom. On prétendait qu'il était le plus bel garçon du monde. Comme il était en un âge précoce pour être marié, il préféra la vie d'un célibataire. Une laide femme quadrégenaire appelée Viston voulait tellement l'épouser ; un jour elle se présenta chez lui dans le palais royal et s'exclama solenellement :

— Votre majesté aura-t-elle la générosité de m'accepter comme épouse éternelle ? Et je promets d'être fidèle envers l'amour de mon pays et la paix de mon peuple...

— Qui t'as laissé entrer ici, vieille grenouille ? Gendarme !!! Faîtes-la sortir ! Sur-le-champs !!!

Sur ce, deux hommes costauds prirent les mains de Viston et l'entraînèrent vers la grande porte dorée.

— Je vous jure que je vais me venger !!! Attendez !!! Juste attendez !!!

Les gendarmes pouffèrent de rire en fermant la porte, celle-ci empêchait la femme de regarder pour la dernière fois le palais dont elle rêvait depuis longtemps.

* * * *

— Tu sais quoi ? Le roi va se maria ; la semaine prochaine dit-on...

— Tu te moques de moi ou quoi ?!? Le roi haïssait tellement le mot mariage. Il voulait sa liberté totale, c'est ce qu'il disait.

— Je sais, mais tout le monde tombe amoureux, non ? Je parie que c'est la fille d'un empereur ou d'un général... Elle doit avoir de la fortune, ami !!!

Viston entendit par hasard deux garçons parler devant le magasin où elle travaillait. Il s'était passé un an sur son incident et personne ne sut ce que devint la folle vieille qui voulait se marier au roi par force. Elle pensa que l'heure de la vengeance est arrivée, l'heure de rendre la monnaie à celui qui la dédaigna ...

* * * *

Lorsque Charmant déposa sa tête - déjà allourdie par les futures responsabilités - sur son oreiller, il pensa à la fille qui sera sa femme dans quelques jours. Son dernier voyage dans un pays du sud l'avait complétement changé. Comment a-t-il pu céder et laisser son coeur choisir ? Et il n'avait pas choisi n'importe qui, la fille d'un paysan ! Est-ce bête, d'aimer quelqu'un qui est inférieur que nous ? Il n'en savait rien. Il voulait tellement que ses parents soient là, pour l'encourager, pour le féliciter, mais hélas, ils ont rendit l'âme il y a des années.

Charlotte, répétait-il sans cesse, c'était le nom de sa fiancée, le nom de la future reine du royaume. Sera-t-elle comme il l'attendait ? Il saura avec le temps.

* * * *

Après avoir fermé son magasin à neuf heures du soir, Viston prit un chemin inhabituel. Peu à peu, elle s'approchait des rues peu fréquentés de sa ville. Un quart d'heure de marche lui suffit pour retrouver ce qu'elle cherchait : une petite maison à toit bas et aux fenêtres cassés. Elle essuya les gouttes de sueur qui dégoulinait sur son front, et avec son index tremblant, elle appuya longtemps sur la sonette vieillie. Celle-ci émet un son aigu et assourdissant. La porte s'entrouvrit pour laisser paraître une petite statue sous forme d'une fillette. Sous les yeux ahuris de Viston, la statue poussa la porte et ordonna la femme d'entrer rapidement, pour que l'orifice se referma automatiquement derrière elles.

— Mère Joseline, vous avez une invitée !!! cria la fille sans bouger le moindre muscle de son visage.

— J'arrive, répondit le son d'une troisième personne.

Ainsi parut une jeune femme élégamment habillée, d'une beauté extrême. D'un signe de la main, elle invita Viston à partager son repas dans la salle de réception.

— Vous êtes Viston, n'est ce pas ? Et vous êtes ici car vous avez besoin d'une malédiction pour le beau roi...

— Mais comment ... Pourqu...

— Hahaha, je suis sorcière, ne l'oublie pas, ma chérie !!!

— Pourtant madame, vous avez l'air d'une simple jeune fille...

— Vraiment ? fit la sorcière, en haussant les épaules. Et avec un claquement de doigt, la belle et charmante femme se transforma en un affreux bossu. Viston laissa échappait un petit cri de satisfaction. Puis la sorcière revint à son état initial.

— Alors, tu t'es convaincue ? Ben, je vais essayer de faire tomber le roi en un sommeil infini, et rien ne pourrai le réveiller. Mais si tu veux que ma malédiction soit efficace, j'ai besoin de quelque chose...

Elle pointa vers l'oeil droit de Viston. Celle-ci posait instinctivement sa main sur lui.

— T'as besoin .... de ... mon oeil.... ?

— Exactement ... Tu n'as qu'à fermer les yeux et tout se passera rapidement, sans douleur ...

Viston sentit sa gorge se nouer en rapprochant ses cils les uns des autres.

— Hop, la voici, je t'ai plaqué un peu de la pommade et un pansement ... Ne dis à personne ce que tu as fait, ou bien ... Allez, ma servante va te conduire à la porte. Et sois sûre et certaine que dans quelques jours le roi sera dans son lit ... Ne t'en fais pas ...

* * * *

Joseline ne mentit pas, lorsque quarante-huit heures passèrent, tout le monde s'affola en entendant la sinistre nouvelle : le roi en coma. Les meilleurs médecins furent appelés, sans aucun résultat. On le déposa dans un grand lit argenté dans la salle principale. Les jours passèrent, sans aucun changement.

Comme le sommeil du roi était infini et magique, il passa cinquante ans sans qu'il vieillit pas le moins du monde. On avait déjà procuré une dizaine de ministres comme ses remplaceurs et la vie avait repris sa monotonie.

Lorsqu'un jour, une vieille dame, les cheveux grisonnant, une canne à la main, se présentat devant le grand porteil du palais royal.

— Laissez-moi entrer, j'ai le remède du roi Charmant. Faîtes-moi confiance...

Puisque tout le monde avait perdu l'espoir de pouvoir sauver leur roi, on l'a laissé entrer et visiter le lit du roi.

— Vous avez un quart d'heure, madame, proclama un des ministres, la voix stridente.

— D'accord, mais je dois être seule, pour que le remède fonctionne. Faîtes-moi confiance ...

Tous les habitants du palais quittèrent la salle de réception, laissant la vieille femme, qui n'était autre que Charlotte, avec Charmant. Alors, celle-ci leva sa canne très haut dans le ciel et la laissait battre la tête du pauvre roi, émettant un fracas horrible.

— Tiens, voici la récompense de celui qui m'a fait attendre cinquante ans!!! Sal menteur !

Sur ce, Charmant ouvrit péniblement les yeux et laissa son regard vague rôdait dans le palais. A ce moment-là, Charlotte avait disparue. Une foule de ministres se précipitèrent sur le prince, qui s'est mit sur son séant, abasourdi.

Après, le royaume revint à son ancien état mais, jusqu'aujourdh'ui, personne ne sut quel était le remède de la vieille femme...

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