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C’est toujours un gamin capricieux, et prétentieux, mais… ses intentions, bien que mauvaises, son compréhensibles. Valory ne sait pas si elle aurait eu le courage de prendre la même décision à sa place. Elle n’aurait pas su choisir entre vivre dans la tristesse ou la colère et la vengeance. Roman à tout de même un avantage à ne pas oublier, il est assisté de Désiré. Sans le Réparé, qui sait ce qu’il serait advenu de ce pauvre petit garçon s’il avait malgré tout survécu à l’assassinat de sa famille.

Après qu’on lui ait raconté l’incident, Valory se sent touchée, aussi bien pour l’un que pour l’autre. Elle avait bien entendu parlé de la disparition des Devon, de la destruction de leur maison, mais la presse n’avait pas plus d’information à offrir. Et puis, elle était trop jeune pour réaliser l’impact de la mort du Docteur Devon. Aujourd’hui, elle a conscience de la valeur d’un Réparé de la main du Docteur Devon, mais pour ce qui est de son fils, tout le monde l’a oublié.

Pour dormir il faut se serrer au coeur du cabanon. Ils n’ont pas de couverture ou d’oreiller, ils devront dormir par terre, la tête posée sur leur sac, au mieux. Roman est déjà allongé et sa respiration est calme. Peut-être que malgré le froid, il a réussis à s’endormir. Valory est assise en serrant ses jambes contre elle, et Désiré est appuyé contre le mur de gauche. La Doctoresse fait jaillir une flamme de son briquet une fois par minute environ, elle n’a rien pour créer un feu ou une lumière continue. Le noir ne la rassure pas vraiment.

« Désiré, est ce que tu dors ? » murmure t-elle.

Elle entend un mouvement du Réparé.

« Non.

— Je peux te poser une question ?

— Oui.

— Pourquoi être resté pour Roman ? »

La petite flamme surgit de nouveau et reste active pendant sept secondes, Désiré la regarde au travers de ses doigts.

« Parce que le Docteur Devon me l’a demandé. Il m’a sauvé la vie, je ne pouvais pas refuser.

— Tu étais mal en point, comment as tu réussis à le garder en vie ? »

Désiré ramène ses jambes compter lui et y pose sa tête. Aujourd’hui il ne produit aucun bruit suspect, chaque partie de son corps se porte très bien, mais ce jour là, effectivement, c’était loin d’être le cas.

Il neigeait tellement que le petit garçon avait du mal à avancer, la brume blanche lui arrivait jusqu’au mollet. Il avait le nez qui coulait et ses lèvres étaient toutes violettes. Désiré n’avançait pas beaucoup plus vite. Avancer une jambe, puis l’autre, lui demandait une réflexion intense, il devait se souvenir du mécanisme à suivre. Trop de morceaux ne tenaient pas, ou étaient suffisamment endommagés pour l’handicaper. Il sentait le métal froid lui figer le corps.

Comme un jouet rouillé.

Roman se remettait à pleurer toutes les heures à peu près, l’enfant était épuisé, et la fin le tiraillait.

« Je veux rentrer à la maison, Désiré, je veux rentrer à la maison. »

Désiré tenait difficilement la main du petit garçon, ses doigts lui semblaient complètement désarticulés. Ils marchaient depuis des heures, rester dans la maison détruite était une très mauvaise idée, le groupe de malfaiteurs pourraient y revenir et s’assurer que tout le monde soit bien morts. Ils n’avaient évidement retrouvés ni l’enfant ni le Réparé. Les denrées alimentaires avaient étés détruites, et il n’était plus possible de préparer le moindre repas. Désiré avait déniché tant bien que mal une écharpe et un manteau pour le petit garçon, il s’était également trouvé un manteau noir pour lui, qui lui descend jusqu’au genoux.

Le Réparé avait pour idée de trouver de l’aide, mais la maison des Devon était éloigné, et la nuit était tombée rapidement. Ils avançaient avec une vision plus que flou, perdu dans la tempête de neige jusqu’au premier village sur lequel ils tomberaient.

« Désiré, snif, j’ai froid, snif… » pleurait Roman en se frottant les yeux.

La neige s’infiltrait dans les vêtements, dans les cheveux, dans les chaussures, elle créait une sorte de verglas sur les joues et retiraient les sensations vivantes dans le visage. Roman cessa d’avancer.

« Je veux plus, je veux rentrer à la maison. »

Les mouvements de Désiré pour se retourner étaient longs et compliquées, et lorsqu’il se pencha sur Roman, toutes les parties de sa colonne vertébrales craquèrent une par une. Il passa ses deux mains sur le visage du petit garçon pour les caresser. Les petits flocons qui s’y étaient accumulées disparurent, et les petites larmes étaient essuyées avant de geler.

Et c’est tout. Il reprit la main de l’enfant et se remit en marche.

Encore une heure de marche, et Désiré aperçu une lumière. Elle était flou et peu prononcée, mais ce faible espoirs le convaincu qu’il fallait continuer dans cette direction. Ils croisèrent enfin un panneau leur indiquant l’entrée d’un village. La lumière provenait d’un luminaire sur la façade d’une enseigne fermée.

Les premières maisons se trouvaient plus bas dans cette rue, et plusieurs des fenêtres étaient éclairées malgré l’heure tardive. La première porte était probablement grise et toute en bois. Aucune sonnette ne permettait à Désiré de reposer ses membres. Il frappa trois coups, espacées de plusieurs secondes tant ses bas étaient faibles.

Une femme ouvrit la porte, mais son visage décrivit une horreur immédiate.

« Nous avons besoin d’aide. » souffla la voix du Réparé.

Même à la vue du pauvre petit garçon, la femme claqua la porte immédiatement. La lumière disparue, c’est comme si un vent glacial venait de frapper leur visage. Désiré serra un peu plus la petite main de Roman, et se dirigea vers une autre maison.

Le deuxième logement était tout aussi fermé que le premier, ainsi que le troisième, et e quatrième. On menaça même d’appeler la police si le Réparé ne quittait pas le village.

Depuis quelques minutes déjà, les habitants espionnaient aux fenêtre pour s’assurer qu’on ne viendrait plus les importuner. Peut-être qu’ici, nous n’avions jamais vu de Réparé, et Désiré était sérieusement mal en point. Son allure de pantin était effrayante, son regard insistant, et sa voix presque inexistante ne donnait pas du tout envie de le laisser entrer. L’inconnu à l’aspect dangereux.

« Désiré, j’ai froid. » pleurait Roman.

Le Réparé observait ce quartier depuis le centre. Il était persuadé que la neige était de plus en plus épaisse, et qu’elle lui bûchait les oreilles.

« J’ai froid, Désiré ! On retourne voir les gens, s’il te plait ! »

Roman tirait sur le manteau du Réparé, il essayait d’attirer son attention au plus possible, en pleurant encore un peu plus fort à chaque minutes. Les jambes de Désiré refusaient de faire le moindre mètres de plus, et ses doigts ne tenaient plus aussi fermement la main de Roman.

Personne ne voulait leur ouvrir, et même s’ils n’avaient pas frappé à toutes les maisons, le Réparé n’avait pas de doutes supplémentaires.

Désiré s’effondra dans la neige.

« Désiré ! Réveille-toi ! Ne meurs pas s’il te plait ! Désiré ! »

L’enfant était en panique, il secouait l’adulte de toutes ses forces et hurlait dans tout le quartier, remuant sa tête d’un côté à l’autre pour chercher de l’aide.

« A l’aide ! Désiré ! A l’aide ! »

Quelqu’un semblait se rapprocher.

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