Proposition
Devant la vieille femme, Scarlett reprit contenance.
– Comment…
Elle ne termina pas sa phrase. La main de la doyenne s’était posé sur son épaule, dans un geste rassurant.
– Je t’ai vu passer.
Surprise, la jeune femme ouvrit la bouche pour se disculper.
– Tu avais l’air pressée. La lune a éclairé ton visage et j’ai compris ton trouble…
Cette révélation fit frissonner Scarlett. Ainsi on l’avait vu. Son cœur se serra. Ses amies avaient l’habitude de s’amuser avec leur fiancé sans jamais se faire prendre, et lorsque quelqu’un l’était, il fallait que ça soit elle.
Comme elle ne disait rien, la doyenne continua.
– J’ignore ce qu’il s’est passé. Tout ce qui compte, c’est que tu ne te mettes pas dans une situation compromettante.
Un aveu qui fit froncer les sourcils de la jeune femme.
– J’ai à te parler.
D’un geste, la doyenne lui indiqua le banc face à la table. Docile, Scarlett prit place en même temps que l’ancienne s’installait sur un tabouret usé. Sans doute celui qu’elle utilisait dans son quotidien.
– Je cherche une apprentie. Tu n’as plus de fiancée et tu me sembles sérieuse. Je voudrais que ça soit toi.
– Moi ?
– J’en parlerai à ton père.
Tout paraissait déjà acté. L’occasion ne se reproduirait pas. C’était un honneur d’acquérir le savoir d’une guérisseuse et prendre soin d’un village. Plus encore cela offrait l’accès à un poste de pouvoir. Mais cela signifiait aussi : ne jamais se marier. C’était ce qui pesait attristait le plus la jeune femme. Encore une fois, elle sentait se creuser le fossé qui la séparait de ses amies. Des vies différentes s’offraient à elles.
– Réfléchis et prends la bonne décision, l’encouragea la doyenne.
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