Si le monde était du papier, il raconterait les ravines de nos mains, les rides de nos sourires, et les secrets de nos pattes d'oie. Si le monde était du papier, le stylo serait ce temps qui passe, et l'encre nos vies. Je sens cette vie lorsque mes doigts effleurent les grains du papier. Mes fossettes se creusent, la vie vibre sous mes mains. Je m'amuse à suivre les lignes de la feuille. Elle appartient à un petit cahier, parce que c'est un peu tout ce que j'aime. Le petit cahier, l'écriture minuscule, penchée, mes mains féminines qui ne sont pas plus grandes que tes mains, non moins féminines. La pointe du stylo glisse sur les rues, les routes, les carrefours, et les détours de mes pensées. Naissent ces personnages qui parlent à travers ma bouche, qui mime la parole, le geste. Et doucement, un monde naît. C'est le point final, je pleure. Il faut lui dire au revoir. Ce monde de papier. Si le monde était du papier, le temps les expressions de mon visage, ils raconteraient ensemble ce que recèle mon âme.