"Je ne tomberais pas plus bas"

Telle est la phrase que je me répète en boucle dans ma tête en fixant un de ces quatre murs faisant de cet endroit une chambre d'hôpital.

Oui, je suis au plus bas.

Une jeune fille de 16 ans dans un hôpital psychiatrique. Quoi de mieux pour débuter, ou plutôt pour terminer, une vie. Je vous arrête tout de suite, je ne suis pas folle. En général, en entendant le mot "hôpital psychiatrique", les gens pensent automatiquement à des fous entourés d'une camisole. Mais c'est faux. L'endroit où je suis est pour les jeunes qui, comme moi, ont touché le fond du fond. Tous sont regroupés ici, à attendre patiemment de sortir pour replonger de plus belle. Enfin, sauf certains cas, qui eux, réussissent à se relever, ce qui est un acte que j'admire profondément, car moi, je n'y arrrive pas.

Je vous l'accorde, tout cela est un peu sombre, mais c'est la triste réalité. En général, les gens vivent juste dans le déni, ne croient pas que des gens avec ces idées ou ces comportements existent. L'idéologie d'une vie parfaite leur tient trop à coeur. Ils ne comprennent pas que certaines personnes ont, eux, une vie tellement merdique qu'ils préfèrent en finir. Mais que voulez-vous, c'est la vie (ou plutôt la mort).

J'ai encore la tête dans les vapes lorsqu'un médecin vient me voir pour me donner ma dose quotidienne de médicaments. Une drogue censée m'enlever toutes ces idées de la tête. Comme si quelques cachets pouvaient réparer mes rêves, mes espoirs, après que j'ai été brisée lentement, petit à petit, jusqu'à ne plus avoir goût à la vie. Mais si je veux un jour pouvoir sortir d'ici, je dois me plier à leurs demandes, et me taire. Alors je m'exécute, en me répétant cette seule et unique phrase:

"Je ne tomberais pas plus bas".