Réponse à "Bientot halloween !"
de
Leonie Coldefy
Maintenant, il faut remonter. Elle ouvre les yeux pour repérer la surface de l'eau, nage, nage, les poumons au bord de l'explosion. Enfin, l'air avalé par grandes goulées. Crachant, toussant, elle regarde autour. Ils sont nombreux à surgir de l'eau au fond du puits.
Maintenant, il faut grimper. Elle nage vers les parois. On l'agrippe, la pousse, la frappe. Elle se retrouve la tête sous l'eau, ressort, sous l'eau encore, puis retour à la surface. Nager, toujours. Elle pousse aussi, se dégage, s'écarte. Il n'y a pas de temps à perdre. Un mouvement se fait sentir sous la surface qui n'est dû à aucun d'entre-eux. Elle serre les dents. Il faut grimper, s'aggriper à la paroi. Les pierres glissent, une mousse visqueuse se colle à ses mains. Un homme crie. Ce qui est sous l'eau l'a emporté. Elle redouble d'effort, plante ses ongles, force sur ses bras, remonte ses jambes. Ses genoux se cognent sur la roche, ses pieds se rapent, mais elle tient bon. S'extirper de l'eau qui n'est plus qu'une soupe de viscères et de sang. La chose en a attrapé beaucoup, mais pas elle. Elle, elle grimpe.
Maintenant, il faut sortir. Elle a mal. Elle a perdu des ongles. La paroi se teint du sang de ses mains, ses genoux, ses pieds. Elle voit une lueur. C'est là qu'elles arrivent. Avec un cri strident, les choses qui volent, arrachent des parois des survivants du puits. Les broient dans leurs becs démesurés pour les engloutir encore hurlants. Elle s'applatit contre le mur, ne bouge plus, ne respire plus. Peut-être, avec un peu de chance, elles ne sont attirées que par ceux qui s'agitent. Elle en voit qui tentent de chasser les choses, lâchent prise et retombent au fond du puits d'où la chose qui nage jaillit, la gueule pleine de dent, disputant sa proie à une des choses qui volent. La victime est déchirée avant même d'avoir touché l'eau. Elle, elle ne bouge plus. Elle se concentre sur ses mains qui faiblissent, ses bras qui tremblent et ses pieds qui glissent. Il faut qu'elle bouge ou elle va tomber. Alors, elle tente, par petits gestes, par à-coups, avec prudence, avec concentration. Elle sent les ailes qui la frolent, les becs qui claquent tout près. Ses oreilles sont pleines d'hurlements et son corps de tremblements, mais sa tête résonne du mot "sortie". Alors, elle fixe son regard vers le haut, juste là. Un dernier effort, elle se hisse, s'extirpe du puits.
Maintenant, il faut ramper. Allongée sur le sol, s'appuyant sur ses coudes et ses genoux qui la font souffrir, elle commence son avancée. Soudain, une main se referme sur sa cheville. On va la tirer en arrière, la faire revenir dans le puits. Quelqu'un veut son tunnel, sa sortie. Elle entraperçoit une femme horrifiée, tout comme elle, qui s'accroche. Elle ne peut pas la laisser monter. Il n'y a pas de place pour deux dans le tunnel. Alors, elle tape, tape encore la main qui la tient, la tête qui dépasse. Puis, une chose qui vole passe, saisit la femme terrifiée et disparait. Le coeur battant, elle peut reprendre. Il faut ramper. Elle le fait. La terre mouillée pue l'humidité. Les vers grouillent, les mille-pattes passent sur ses bras, un cafard lui tombe dans les cheveux. Elle ne les voient pas, ne sent pas. Il faut sortir du tunnel. Puis, la terre tombe. Elle comprend. Cela s'effondre. Il faut se dépêcher et elle rampe plus vite sur ses membres abimés. Elle grimace de douleur, continue, continue jusqu'à ce que le tunnel se bouche. Alors, elle creuse, creuse, creuse, creuse, alors que derrière, ça s'effondre. Elle creuse, creuse, creuse, creuse, alors qu'elle n'a plus d'ongles, que des petits cailloux s'incrustent dans sa chair à vif, que la terre se mêle au sang. Elle creuse, creuse, creuse, creuse, alors qu'elle gémit de douleur et pleure de rage. Un trou se forme, un morceau s'effondre et le vide derrière. Elle se projette de l'autre côté, mais la terre s'effondre et emprisonne ses jambes.
Maintenant, il faut se dégager. Elle s'agite un instant, suspendue à quelques centimètres du sol. Elle s'oblige au calme et aperçoit une pierre. Il faut tendre le bras, la main, les doigts. Petit à petit, avec juste un peu plus d'effort, elle peut la saisir. Elle tape la terre, l'extirpe du trou, s'extirpe elle-même, s'effondre sur le sol dur. C'est un carrelage, dans une pièce obscure. Elle entend le tac, pac, tac, pac d'un pas inégal. Quelqu'un / Quelque chose approche. Tac, pac, tac, pac, TAC PAC TAC PAC TACPACTACPACTACPAC.... ça se précipite, juste là, derrière la porte. Elle retient son souffle alors que la poignée tourne.
Maintenant, il faut...
Table des matières
En réponse au défi
Bientot halloween !
***
L'une de mes fêtes préférées ! Je vous invite à écrire une jolie petite histoire d'horreur/angoisse, etc.
Peu importe !
Pas la peine de n'avoir que des défi compliqué ou abstrait, revenons aux sources !
***
défi jusqu'au 31 octobre !
Commentaires & Discussions
Le puits | Chapitre | 0 message |
Des milliers d'œuvres vous attendent.
Sur l'Atelier des auteurs, dénichez des pépites littéraires et aidez leurs auteurs à les améliorer grâce à vos commentaires.
En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.
Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion