Chapitre 22 : La morsure du givre
Mon bas-ventre et ma lingerie sont couverts de la jouissance de Xavier. Nos corps enivrés se reposent l'un contre l'autre. Néanmoins, son sexe reste dur, et mon envie n'a pas décru. Usant du peu de souplesse que je possède, je me relève en empêchant le pâteux et chaud liquide de couler partout. J'applique ma robe sur moi afin de me sécher.
"Attends-moi"
En quelques pas j'ai rejoint le porte-manteau de l'entrée, je glisse une main assurée dans la poche interne et en retire trois préservatifs. Je retourne auprès de Xavier, toujours porteur d'une belle érection. Je dépose un baiser timide sur ses lèvres puis, après avoir décalé la table basse, m'agenouille devant lui. Je le déleste de son pantalon et de son boxer.
Lentement, j'approche ma bouche du sommet de sa verge et étends ma langue jusqu'à l'amener au contact de sa raideur. Je laisse mes lèvres glisser le long de son filet. J'accumule alors les restes de sa jouissance jusqu'à son sommet et enfin referme ma bouche dessus. J'entame de doux aller-retours amenant son gland contre ma langue. Je plante mes yeux dans les siens et dépose une de ses mains sur l'encadré de mon visage. J'accompagne ma pratique de deux doigts, cerclant la base de son sexe, tandis que mon autre main se plaque sur son torse. J'accélère mes succions et constate que Xavier se raidit davantage.
J'extraie sa verge de ma bouche, retire tous mes doigts de son corps, déchire méticuleusement l'emballage d'un préservatif. Je place ce dernier en bordure de mes lèvres, et plonge alors l'entièreté du membre de Xavier dans ma bouche, jusqu'à être certaine que le latex soit étiré sur toute sa hauteur. Enfin, je me redresse et place mon bassin face au sien. Je guide la surface protégée contre ma fente humide, et enfin, je sens son membre me pénétrer... Une chaleur indescriptible m'envahit, mon visage va à la rencontre du sien.
Je suis sidéré parce ce qu'il vient de se passer, l'intensité de ma jouissance, ses gestes... Je la sens s'empaler sur moi et d'un coup la réalité me revient comme un boomerang. Je la soulève sans ménagement pour sortir de sa moiteur délicieuse.
« Arrête, arrête, je peux pas faire ça ! »
Bien sûr que cet instant doit se produire. Ce moment où la culpabilité le saisit, et emplit son regard d'un interdit complet. Je ne peux pas m'offusquer, et pourtant... Pourtant, je ne sais pas comment interpréter son incapacité, ou refus. Je reste pantoise, mon corps attisé s'en retrouve terriblement frustré. Alors quoi, monsieur jouit, monsieur me laisse lui faire goûter un plaisir sûrement inédit et... Il me repousse.
Je me braque tout en prenant conscience que, si je dis un mot de trop, je suis certaine de me retrouver sur la touche. La tristesse s'empare de mon allégresse et de ma jouissance. Les larmes inondent mes yeux. J'essaye de me faire une raison, pourtant je songe à ses baisers, et ses caresses. Il m'a voulue, si fortement, et là, plus rien. Je m'en veux de ce que je vais dire, mais je n'ai pas le choix.
« Je comprends... Tu veux en parler, ou tu préfères que je parte ? lui sangloté-je, préférant préparer ma chute plutôt que de la subir.
Je la vois se décomposer devant moi et ma culpabilité prend de l’ampleur. Je lui attrape les mains et glisse un doigt sous son menton pour l’inviter à me regarder.
– Je suis désolé… Je ne veux pas te faire de mal… Ça va juste vite, trop vite. Je m’étais promis de rester éternellement fidèle à Marianne. Jamais je n’avais imaginé ressentir à nouveau un tel embrasement… Et… C’est dur d’avoir autant envie de toi… J’ai tellement l’impression de la trahir…
Il essaye de me protéger, mais je n'en ai pas besoin. Moi, ce que je veux c'est lui.
– Lorsque je te masturbe, lorsque tu m'embrasses, tu as aussi l'impression de tromper Marianne ?
Je pleure, j'ai l'impression d'avoir juste été bonne à le vider, je ne vaux pas la peine de davantage.
– Je ne te juge pas, je ne souhaite que te faire plaisir, mais je ne comprends pas pourquoi, là, subitement, tu me rejettes sous prétexte de tromper ta défunte épouse. Je vais me répéter Xavier, mais je suis vivante, à toi, et tu me rends plus fade et éteinte qu'une photo ou qu'un souvenir. C'est un peu compliqué à entendre et à vivre.
Je plaque sa main sur ma poitrine chaude, qu'il sente le tambourinement acharné de mon cœur.
– Tu penses peut-être que c'est un mirage Xavier, mais je brûle vraiment pour toi. Tu n'es pas un énième homme qui sillonne mon corps, tu es le seul qui égoïstement occupe mes pensées. Que je rêve ou que j'ai les yeux ouverts, je te vois. Nous ne sommes peut-être pas sur un pied d'égalité à cause de ça.
J'éclate en sanglots.
– Mais qu'est-ce que je te raconte... ? C'est moi qui m'entête à te vouloir, tu n'y es pour rien.
Les yeux enflammés, je fuis son regard, et dépossédée de mon être, je me lève.
– Je... avalé-je tristement mes mots, je suis désolée, et même si ton refus me brise, je ne peux pas t'en vouloir. Il y a de quoi te faire un repas dans les sacs que j'ai ramenés, tu peux jeter ma robe. Je vais...
Intérieurement la force m'abandonne.
– Je vais partir, je crois, je ne peux pas être celle qui détruira ton passé, ce n'est pas mon souhait, mais c'est ton ressenti. »
Je me dirige maladroitement jusqu'au porte-manteau, enfile mon long manteau sur mon corps presque nu. Je n'ai pas envie de m'en aller, et les perles acides dégoulinant de mes yeux me le confirment.
Je la regarde se vêtir et je réalise que ce n’est pas ce que je veux. Je ne veux pas la voir partir.
« Attends. Ne pars pas comme ça… J’ai dit que ça allait trop vite pour moi, pas que je ne voulais pas de toi…
Je me lève et la prends dans mes bras. Je me sens un peu ridicule avec ma chemise ouverte et ma demi-molle emballée pour seuls atours. Je sèche maladroitement les larmes sous ses yeux, m’empare de ses lèvres décidément définitivement trop rouges à mon goût, l’enlace avec vigueur. Je veux sentir encore sa chaleur. Je veux reprendre la main sur ce qu’il se joue entre nous et prendre le temps, vraiment, de savourer ce qu’elle était si décidée à m’offrir.
– Accroche-toi à moi, mon lit est grand et bien plus confortable que le canapé. »
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