Cinéma de minuit
Comme tous les mercredis, la clope au bec,
J'admire les affiches froissées par la colle
Des classiques qui accompagneront ma nuit
Quel synopsis m'emportera ?
Au hasard d'un titre, je me jette dans l'ennui
Que me promet le duo Godard - Bardot
Lové au creux du velours rouge, les genoux calés
Je retrouve le plaisir sacré d'une salle de cinéma.
Le film commence, il se fait tard
Pas le temps pour deux écrans ; l'obscurité gagne mon téléphone
Me voilà libre voyageur dans la poussière du projecteur
Qui ouvre la fenêtre blanche devant mon strapontin
Un voile, un drap, un colibri
De chair, ingénu et en colère,
Dans les bras d'un homme que rien ne pouvait arrêter
A part, peut-être, le frisson d'un papier plastique.
Mon voisin sans visage, bien décidé à s'octroyer un encas
Si jamais la faim l'aurait attaqué
Lors d'un instant suspendu, avec la voracité d'un ténia
Il mastique l'équivalent d'un festin
Qu'il recrache, ses dents avec
Lorsque mon poing se projette contre sa mâchoire.
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