Chapitre IX. Hum ! ces rêves !

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Que s'étai-il donc vraiment passé dans cette chambre, qu'avais -je vu ? Avais -je rêvé, ai-je subi une hallucination due au manque d'oxygène de la pièce ? Je me tournais vers Miala et maladroitement essayais de savoir ce qu'elle en pensait .

Elle aussi avait l'air troublée, mal à l'aise, elle fuyait mes questions, mais je sentais bien que quelque chose clochait, qu'elle n'était pas comme d'habitude !

Alors que je le lui demandais pour la troisième fois, elle rétorqua enfin:

  • Mais, tu m'agaces, ce n'est pas en changeant l'angle de ta phrase que je te répondrais mieux. Oui, j'ai vu des choses que je ne peux pas comprendre même s'il doit y avoir des explications. Allons manger, veux-tu ? J'ai lu sur une carte qu'au bout de la Grande Allée qui contourne l'étang aux carpes, il y avait un chemin qui nous conduisait dans la forêt; c'est pour cela que nous sommes venus, non ? Pour profiter du bon air de la nature. Hâte le pas, en marchant un peu vite nous pourrions atteindre l'endroit que j'ai vu en songe cette nuit. Une clairière environnée de hauts arbres où coule une source qui alimente un petit plan d'eau. J'ai vérifié sur mon application, c'est bien au bout du chemin !
  • De quoi d’autre as-tu rêvé ? lui demandais-je !
  • Si je te disais tout, je ne suis pas sûr que tu me suivrais, je pense que tu serais effrayé !
  • Peur de toi ? cela m'étonnerait, enfin, il y a tellement de choses bizarres dans ma vie depuis que...
  • Depuis que quoi ? Pourquoi ne finis-tu pas ta phrase ?
  • Marchons, j'ai faim, je profiterais de ce coin d'eau que je devine fraiche, pour y jeter cette bouteille de rosé du var que j'ai préparé pour notre repas !
  • Pourquoi ne finis-tu pas tes phrases ?
  • Pourquoi ne vas-tu pas au bout de tes raisonnements quand tu dis qu'il doit y avoir une explication ?
  • Bon, alors, allons-y !
  • Oui, allons-y, nous en reparlerons le ventre plein.
  • Nous en reparlerons... ou pas !

Pendant que nous finissions de nous chamailler, je n'avais pas remarqué que le paysage autour de moi avait évolué. Nous avions quitté le parc bien ordonné , pour entrer dans la forêt. Les chemins étaient larges , bien entretenus. Des chênes immenses, sans doute bien plus vieux que nous bordaient la route, des conifères cherchaient leur place pour pousser à l'ombre de tels géants. Des fougères tapissaient leurs pieds. Des volatiles pépiaient tranquillement dans les branchages, invisibles, de petits animaux aussi circulaient sur le sol. Je crus même apercevoir un écureuil. Je le fis remarquer à Miala, elle l'avait vue. Elle me demanda de me taire. Elle voulait que je lui laisse écouter les chants d'oiseaux, pour pouvoir les identifier ensuite. Elle avait vu des mésanges des moineaux et un rouge-gorge. Il lui avait semblé entendre un geai également mais elle n'en était pas sûre. J'admirais la jeune femme, elle me surprenait à chaque instant. Elle avait un don pour l'observation et s'était adaptée si vite au continent européen. Elle connaissait déjà le nom des animaux de nos forêts. J'étais à peu près certain qu'elle connaissait mieux la nature environnante que moi qui étais pourtant Français depuis plusieurs générations. Au bout d'un moment, elle se retourna cependant et me souris, elle me caressa le bras brièvement et me montra la direction à prendre

  • Derrière l'érable, c'est là où nous allons déjeuner. As-tu entendu le coassement d'une reinette ?

Je lui répondis qu' elle m'agaçait.

  • je crois que je ne saurais pas reconnaitre une grenouille reinette si j'en voyais une ! et toi, à peine débarquée de ta lointaine Huronie tu me récites les arbres, les oiseaux de cette forêt comme si tu y étais née. Une gelinotte cendrée du Lot-et-Garonne s'envolerait sous tes yeux et tu me ferais remarquer que c'est un mâle de deux ans et demi né dans un sous-bois de bruyère d'Ile et Vilaine ! Tu m'agaces prodigieusement. Ne peux-tu pas respecter ton vieux professeur ? C'est moi qui suis censé t'apprendre des choses !

Elle me sourit à nouveau, puis se moqua de moi.

  • Cette époque n'est pas la tienne, Lisandro. Tu t'imagines vraiment que je connais tout sur tout. J'ai juste téléchargé des applications, il en existe pour identifier les chants d'oiseaux, pour identifier les fleurs, les arbres, les amphibiens... Il est important pour moi de connaitre l'environnement dans lequel on vit. Il faut toujours se rappeler que nous les hommes, nous ne sommes que des invités de dame nature. Même si ici, en France, la main de notre espèce à tout transformé Mais je ne veux pas te faire la leçon monsieur le professeur émérite.

***

L'endroit était tel que l'avait décrit Miala, il était désert bucolique à souhait. Autrefois , jeune étudiant, j'adorais entrainer mes conquêtes féminines dans ce genre de coin, je n’étais pas mauvais à ce genre de jeu , j'étais plutôt bon même. Puis il y eut Martine,elle n'aimait pas la campagne, les bois moussus je l'y avais entrainée comme les autres, dans mes sous-bois, je l'avais fait rouler dans les fougères, elle n'avait pas aimé, avec elle, il fallait qu'on use du cuir, du siège de bagnole, du parking sinistre gris et froid et des chambres d'hôtel glauques.

Que vînt faire Martine ici, je ne l'avais pas sollicitée, moi qui tentais de l'oublier, elle revenait à tout moment. Miala me tira de ma rêverie.

  • Tu fais la gueule ? Le lieu ne te plait pas ? tu n'as pas dit que tu avais une bouteille ?
  • Non, ce n’est pas...
  • Tu es pénible, ce n'est pas quoi ? Ça te plait ou ça ne te plait pas ? Regarde, j'ai même pensé à apporter une couverture, pour que tu puisses protéger tes petites fesses de l'humidité et des petits animaux .
  • Non l'endroit est magnifique !

Elle ne répondit pas, je lui en sus gré, je n'avais aucune envie d'expliquer, je ne voulais pas parler de ça, ici et avec elle; je savais qu'elle avait compris qu'un petit quelque chose me perturbait. Ne voulait-elle pas gâcher l'instant présent ? Je me posais trop de questions surement. J'essayais un sourire, elle le méritait bien, ce sourire ! je crois que j'y parvins...à sourire ! Elle rit alors de bon coeur et dit enfin :

  • Oh ce sourire, on dirait un épagneul breton triste à qui on vient de voler ses croquettes

Je ne sais si c'est son hilarité, son sens de l'humour, ou le moment présent, j'eus envie de rire également, puis de la prendre dans mes bras, elle se laissa faire, je ne sentais aucune résistance... c'est moi qui en avais

Je l'entendis dire un timide... Dommage ! J'étais prêt à penser la même chose, je compris alors son allusion de tout à l'heure,lorsque nous sortions du parc, ce fameux :

"Si je te disais tout, je pense que tu prendrais peur !"

Je continuais comme si rien ne s'était passé, j'installais la nappe, le pain, la charcuterie, le fromage? j'avis prévu un repas gargantuesque

Elle non plus n'était pas en reste, elle avait cuisiné toute la soirée d'hier, en vue de ce pique-nique, Cacke aux lardons , miel et chèvre, quiche Lorraine et tarte pomme poire rhubarbe. C'était certain, après ce repas, nous ne pourrions plus marcher, surtout qu'elle aussi avait prévu une bouteille de vin, du blanc plutôt, je le savais, elle adorait le chablis !

Alors que nous avions fini le repas, les deux bouteilles de vin étaient terminées, j'eus envie d'une petite sieste. Je n'étais pas saoul, enfin un peu, mais ce n'était pas ça, enfin si un peu tout de même. Miala, elle encaissait plutôt bien, elle avait pourtant bue autant que moi. Elle avait juste les yeux brillants et les joues un peu plus rouges qu'habituellement. Elle avait chaud, elle souhaitait se baigner plutôt. Elle me nargua à nouveau et me jeta à la figure en riant, un peu trop fort cependant, que la sieste c'était pour les vieux . Je contemplais son joli corps bronzé se tortiller devant moi. Torse nu, elle dégrafait la ceinture de son pantalon et dégrafait les boutons de sa braguette un à un. Le jean arraché d'un geste brusque fut projeté dans un buisson.

Armée de sa seule et microscopique culotte en dentelle, elle me défia d'un regard sauvage. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'étais insensible à ses charmes, ce n'était pas le cas. J'avais décidé de résister à ses charmes, je devais m'y tenir, a quoi aurais je donc ressemblé si à la première provocation venue je posais les armes. J'étais son prof, j'avais le double de son âge, je me devais d'être exemplaire;

Dépitée par mon manque de réaction, elle me tourna le dos. Elle ôta brutalement sa petite culotte en dentelle et plongea dans l'étang sans dire un mot. Je feignais de dormir, je savais qu'elle était furieuse contre moi. Je n'avais plus du tout envie de dormir, j'avais envie de la prendre dans mes bras, simplement, d'être tendre avec elle. Aurais-ce étés les gestes d'un père, je n'en suis pas certain. Malgré le désir qui me tarabustait furieusement, je choisis de ne pas ouvrir les yeux. Mais une paire de fesses au galbe parfait dansait devant mes yeux, brulant mes rétines, elle devait avoir un grain de beauté sur la fesse gauche, à moins que ce ne soit la droite. Se pouvait-il que ce ne soit qu'un brin d'herbe, ou une miette de pain ? Il me fallut puiser au fond de mes volontés pour ne pas ouvrir les yeux. Je finis par m'endormir en me traitant de crétin !

Brusquement alors que je sombrais dans les songes, je les revis, ils se baignaient nus, dans cette mare, et se caressaient. C'était bizarre, ce n'était pas un rêve, ce n'était pas la réalité, je savais qui était cette femme, non, plutôt je pensais avoir vu son nom dans un vieux grimoire familial. Passionné d'histoire, je pense l'avoir déjà dit, j'étais mordu de généalogie également. J'avais entrepris, voilà quelques années, mon arbre généalogique. J'avais pu remonter... Oui, tout concordait. Une petite voix me le disait, à la mort de son amant, chassée de la cour, elle trouverait refuge dans un monastère espagnol, elle y mourra à la naissance de son fils.

Je savais qui serait l'enfant qu'ils auraient bientôt, le bâtard d'un roi du Nouveau Monde le fils, qu'il ne verra jamais. Je le savais maintenant. Cette Agnès était mon ancêtre, ainsi que ce bon sauvage qui la pilonnait avec fougue malgré son âge avancé.

Sans que je m'en rende compte, la lumière avait changé, le vieux roi canadien avait disparu, la belle blonde à la toison pubienne couleur paille aux seins lourds et aux cuisses roses laissait la place à une belle Amérindienne très brune que je ne semblais pas reconnaitre. L'homme qu'elle enfourchait sauvagement semblait être moi. C'était drôle, je n'avais pas baissé la garde réveillée, je semblais le faire endormi. Mais était-ce vraiment un rêve?

Lorsque je me réveillais enfin, j'eus l'impression d'avoir fait une très longue sieste. C'était le cas, le soleil était très bas sur le ciel. Miala, dormait sur mon torse, ses cheveux mouillés caressaient mon épaule nue . Ma main était posée, sur une jolie fesse bien ronde, mon doigt pointait ce fameux grain de beauté.

E.Y

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