La vie sous l’eau
J’ai beau regarder par la fenêtre, les nuages sont toujours en cours de vidange ! Ils n’ont pas l’air de vouloir cesser. Les arbres de la cour sont bien verts, les herbes folles sont très hautes. Je comprends parfaitement que les jardiniers n’aient pas envie de se mouiller ! Les tuyaux d’évacuation de l’air vicié de l’immeuble en face sont noyés dans une mer verte, de hauteurs diverses en fonction des fleurs sauvages laissées à l’abandon.
Le chat blanc et roux du voisinage, que nous apercevons souvent vautré sur cette tuyauterie métallique, fait peine à voir. Il renifle des tiges hautes et dressées et se fait asperger par les gouttes posées en équilibre instable sur les feuilles. Il est laid, ce minou, avec ses poils collés dégoulinant lamentablement.
Où es-tu, fière canaille, seigneur du royaume de la cour, chasseur de bestioles qui se cachent de l’eau ? Où sont tes petites victimes volantes ? On ne le voit pas. On ne les entend pas. Elles sont dans leurs nids, dissimulées à tes yeux, stoïques, attendant la fin de l’averse qui n’en finit plus. C’est désespérant, ce jardin vide de ses mignons petits habitants, plus ou moins chanteurs.
Je vois bien quelques pigeons, mais ils ne sont pas vindicatifs ! Ils ne chassent même pas les pies qui lorgnent leurs places. De temps à autre, un piaf part d’un balcon pour aller se percher sur la rambarde d’un immeuble formant un angle avec le sien. Comme il ne pleut pas, tous ses copains s’égaient, tournent dans le ciel dans un étrange ballet puis, sans doute parce qu’ils sentent la pluie revenir, retournent sagement reprendre leur faction.
Et la flotte qui n’en finit pas de se précipiter sur le sol ! Celui-ci n’a plus soif ! d’ailleurs, le béton et les briques ne boivent pas ! L’eau ruisselle lentement pour rejoindre le caniveau. Quel temps !
Paris, le 13 juillet 2021
Annotations
Versions