Le lendemain, quand Fitz ouvre les yeux le premier, il ne remarque rien d’inhabituel. C’est quand il constate que Vrael ne se tient pas à son poste qu’il se demande si quelque chose ne tourne pas rond. Sans se lever, il jette un rapide coup d’oeuil à la couche de Vrael: vide. Celle de Markal: il ronfle. Celle de Thanis: de même. Celle de Carseb : vide. Avant de sonner l’alerte, Fitz se lève pour vérifier que ses deux compagnons manquants à l’appel ne sont pas juste éloignés. Il n’en est rien, ce n’est pas normal :

 "Réveillez-vous, Carseb et Vrael ne sont plus là !"

 Il se met à inspecter du regard les abords directs du campement. Effectivement, leurs deux compagnons paraissent s’être envolés dans la nature :

Mais où sont-ils partis ? Ça ne leur ressemble pas de s’enfuir, en plus ils ont laissé la majorité de leur équipement, il reste ici leurs sacs et le bouclier, réfléchis Fitz pour lui-même.

 - Moi j’ai bien une idée de ce qu’ils peuvent bien faire... commence Thanis, ça fait un moment qu’ils se tournent autour les deux, non ?

 - Vrael, raide comme la justice avec un vagabond comme Carseb ? répond Markal amusé, ça m’étonnerait.

 - Moi je pense qu’on a juste à patienter un moment et on les verra revenir sous peu…

 - Non, intervient Fitz, coupant court à la conversation... Carseb ne nous a jamais fait faux bond... II est fiable tant qu’on est correct avec lui. Quant à Vrael, elle prend ses responsabilités bien trop à coeur pour abandonner son poste de garde. Il s’est passé quelque chose.

 Les trois amis décident de patienter un moment pour voir s'assurer qu'ils ne reviennent pas d’eux même. Ils rangent leur matériel sans grande conviction, faisant traîner le travail pour leur laisser le temps de revenir. Ils se partagent les affaires restées sur place, Fitz est bien décidé à partir. Il envoie Markal, le plus expérimenté, essayer de retrouver leur trace. Penaud et au bout d’une vingtaine de minute, il revient :

 - Je ne parviens pas à déceler suffisamment d’indices qui me permettraient de savoir ce qu’il s’est passé… Je me suis limité aux abords direct du camp dans un rayon de vingt mètres, je n’ai pas l’expérience et la rapidité de Carseb pour me permettre d’évaluer un secteur plus large.

 - Tant pis, tu auras au moins essayé ! le rassure Fitz. Voilà ce que je propose, nous ne savons pas ce qu’il s’est passé cette nuit. Peut-être est-ce lié à la raison de notre venue ici, il se passe des choses étranges dans ces montagnes… Continuons à chercher l’origine du cri, cela nous mènera sûrement à Carseb et Vrael, dit-il fermement en tentant de se rassurer.

 Ils se mettent en route, avançant à l’aide de la carte et la boussole, ne sachant pas vraiment quoi chercher. Le groupe progresse vite et silencieusement. Personne n’a le cœur à faire la discussion, les nerfs sont tendus, attentifs à toutes choses. Une rafale de vent qui fait se balancer les frondaisons, un lapin qui détale laissant derrière lui une série d’empreintes dans la neige, le bruit des plaques de glace qui craquent çà et là.

 Chacun est sur le qui-vive, prêt à réagir. La journée avance, ils parcourent en quelques heures ce qu’ils ont fait en une journée le premier jour. Exténués, ils ne s’arrêtent que pour manger rapidement des lanières de viande séchées et boire de l'eau. L’envie de sauver leurs amis d’un danger potentiel les motive. De plus, ils sont stimulés par la verve de Fitz qui incite ses camarades à puiser dans leurs réserves.

 Cette cavale dure la journée entière, ils s’arrêtent quelques heures pour dormir et récupérer des forces mais aux premières lueurs du jour, ils se remettent en route.

 Thanis est le plus affecté par cette marche forcée. Plus frêle que ses deux compagnons, il a moins d’endurance et peine à avancer. Il se fait pousser par Fitz qui souffle comme un boeuf mais refuse de le distancer.

 Au soir du deuxième jour, ils sont exténués et s’arrêtent une seconde fois pour passer la nuit. Chacun s’endort sans prendre la peine d’allumer un feu, se contentant d’un frugal repas froid.