24/ Horarem
Durant le trajet jusqu’à l’exterieur, Thanis tire Vrael par le bras pour la faire ralentir et lui parler discrètement. Il impose un pas lent pour se laisser distancer.
Le reste du groupe est en train de débattre. Se rendent-il directement dans le désert ou faut-il d’abord repasser par La Guilde pour récupérer du matériel ? Tordek se lance dans un long monologue sur le désert et ses dangers, Thanis en profite :
"Que veux-tu dire par "je n'ai pas de compte à leure rendre" ? Ce sont tout de même eux et ton père qui t'ont envoyé ici non ? C'est ce que tu m'avais dis...
Il emploie un ton supsicieux et la regarde de travers.
- Mon père est un Dova, je ne t'ai pas menti, explique calmement Vrael. Je ne me suis pas étendue sur le sujet en public, mais puisque nous ne sommes que tous les deux, j...
- Non, non, non ! Dit précipitamment le magicien. Je sais que je ne suis pas toujours très finaud ou délicat, mais je n’ai aucune intention de te forcer à quoi que ce soit. Bien qu’entendre ton histoire me ravirait les oreilles, si tu n’y tiens pas ne le fais pas !
Vrael éclate de rire, un rire franc et joyeux. Elle a appris à connaitre l’elfe depuis leur rencontre, mais jamais elle ne l'a entendu soutenir un tel discours. Lui qui d'ordinaire est la plus grande des commères.
- Pas de soucis Thanis. Je ne suis pas extravertie, je te l’accorde, mais pas non plus taciturne comme Carseb ! C’est avec plaisir que je vais te raconter et répondrai à tes questions. Que veux-tu savoir ?
- Merci, dit-il reconnaissant. Pourquoi à chaque fois que tu fais mention de ton père, tu as l'air sombre et parle avec tant d’amertume ?
- Il est un être céleste. Pur, droit et bon. Les Dovas, sont très fiers. Les aasimars comme moi, fruits d’un croisement sont peu nombreux. Ma mère a accouché de moi, un être bâtard. Suite à son abandon m’a raconté mon père, il m’a emmené dans les cieux. Là, il m’a fait subir un lourd entraînement. Physique, mental, tout y passait. Contrairement aux dovas, je ne montrais pas d’aptitudes particulières et c’est bien normal, je ne suis pas comme eux. "Tu n’es pas comme nous !", combien de fois ai-je entendu cette phrase de la part de jeunes Dovas ? Ma formation a duré trois années de plus que pour un être de sang pur. J’ai l’amer sentiment que mon père ne m’a jamais aimé. Les êtres célestes mâles ne peuvent se reproduire que très peu de fois, parfois une seule...J’ai l’impression de n’avoir toujours était qu’une erreur, qu’une pâle imitation de la descendance qu’il aurait souhaité.
- Ha je vois… dit le mage en se grattant le menton. Je suis...désolé pour toi. Personnellement, je n’ai jamais connu mes parents. J’ai grandi dans un orphelinat. Je suppose que ça vaut mieux que d’être perçu continuellement comme une erreur par son père mais enfin bon…
Ils restent à distance du reste du groupe, toujours mené par Tordek vers la sortie.
- Et ta mère, continue l’elfe. Tu n’en as jamais appris plus à son sujet ?
- Rien de plus que ce que mon père m’ait répété. Ma mère m’a abandonnée, il m’a ensuite accueilli et formé. Je hais ma mère. C’est de sa faute si mon père n’a pas eu la descendance qu’il aurait voulu et si je me retrouve dans cette situation. Demi-humaine, demi-dova…Je ne suis chez moi nulle part. Personne ne me considère vraiment…A part vous.
Elle sourit au mage qui lui arrive plus bas que l’épaule. Elle hausse les épaules et continue.
- Mon père, a au moins eu la décence de m’accepter dans son monde.
- Je vois, et que peux-tu me dire des habitants de ce plan ? Bien que je maîtrise le renvoi inter planaire, je ne me suis jamais aventuré dans d’autres que celui-ci. Après tout nous allons rencontrer tes pairs… A quoi faut-il s’attendre ?
- En tant qu’habitants de plan matériel, attendez-vous à être traités comme des sous-êtres. Je te l’ai dit, les Dovas sont fiers, s’en est maladif. Quant à moi, je ne sais pas comment ils vont m’accueillir. Je suis pourvue d’ailes, un attribut, que je croyais jusqu’ici, réservé à ceux de sang pur…
- Et ce don qui t’as été accordé, ne serait-il pas dû à ta droiture, ton esprit pur et ton entraînement rigoureux...?
- Peut-être…Je ne sais pas trop, à ma connaissance, aucun aasimar n’est pourvu d’ailes. Si un jour, je suis rappelée dans le plan céleste, j’espère que j’y trouverai une réponse. Mais pour l’instant, je n’ai aucune envie d’y retourner. Je suis bien avec vous.
- Plaisir partagé, acquiesce le mage appuyé d’un large sourire. C’est bien plus agréable notre petite organisation que l’académie de magie. Je n’ai jamais supporté l’autorité, et ici au moins, je suis libre. Eeeeet…Dis-moi... tu me réponds si tu le désires bien sûr... c’est mon côté commère qui reprend le dessus…Il se passe quelque chose avec le beau Carseb ? lâche-t-il brutalement suivi d’un regard en coin lubrique qu’elle lui connait bien.
Vrael rit une nouvelle fois à gorge déployée. Les autres ont déjà atteints l’extérieur. Les deux amis sont presque sortis de la citadelle, des rayons de soleil pénètrent dans le couloir. Ils sont à quelques mètres du portail en fer forgé. Elle arrête le mage et se penche à son niveau.
- Rien qui ne te concerne, mon petit Thanis, dit-elle en lui tapotant le haut du crâne.
Elle déploie ses ailes et, d’un bond et quelques battements, elle atteint le reste groupe. Thanis arrive, clopin-clopant et bon dernier. Tordek est un pas en avant des cinq amis. Sur une incantation, les deux golems apparaissent. Fitz prend la tête et traverse le portail.
Vrael suit docilement et se retrouve les pieds dans le sable, éblouit par une intense lumière.
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