43 / Bélier
C’est la créature qui engage le combat en première contre ses deux adversaires assez fous pour l’approcher. Sûr d’elle, elle décoche un coup rapide et puissant vers le voleur. Celui-ci l’esquive facilement, la créature n’est pas très rapide.
Après tout, cette connerie est morte…pourquoi serait-elle vive. Pense-t-il.
Profitant de l’ouverture ainsi créée dans la garde de son adversaire, Roland attaque dans son dos. Sa hache touche l’arrière de sa cuisse, un poil en dessous du pagne. Elle pénètre avec une facilité déconcertante dans la peau du zombie. L’estafilade qui résulte de l’attaque déverse un flot d’insectes. Blattes, cafards, araignés et autres nuisibles tombent sur le visage de Roland. Surpris et aveuglé, il ne voit pas arriver le coup de pied que la créature assène en levant brutalement sa jambe meurtri. Elle cueille l’homme à l’estomac et le soulève dans les airs. Il chute d’un bon mètre et s’étale de tout son long, sans lacher son arme. Il se tourne sur le dos, suffocant, ne pouvant pas inspirer la moindre goulée d’air.
Carseb, voyant son ami au sol retourne dans la danse, pour distraire le zombie. Il n’essaye même pas de blesser la créature, elle ne saigne pas, ne souffre pas. Il se contente de la ouspiller et lui tourner autour pour l’éloigner de son camarade.
Roland peine à retrouver son souffle. La violence du choc conjuguée à la chute lui fait voir des étoiles. A plusieurs reprises, à cause du manque d’oxygène, sa vision se brouille. Au sol il ne sert à rien, et ce n’est pas en s’échinant à se relever que son air reviendra. Il essaye donc de garder son calme et de reprendre une respiration normale. Mais comment s’apaiser quand une bête de plusieurs mètres de haut se bat contre votre ami à quelques mètres de là ?
Carseb voltige, virevolte, saute, roule et évite les attaques du mort-vivant. Sa première impression n’est pas fausse, son adversaire n’est pas très rapide. Mais il faut tout de même qu’il se concentre pleinement pour ne pas prendre un mauvais coup. Une seule de ses attaques mettrait le voleur en pièces, déchiquetant sa peau, réduisant son crâne en bouillie. Contrairement au zombie, Carseb est mortel et se fatigue. L’énergie qu’il dépense pour occuper le monstre n’est pas gratuite, et tôt ou tard il se verra dans l’incapacité de livrer combat.
Son ami est toujours étendu au sol, cela fait maintenant quelques minutes. Il ne parait pas si mal en point et le voleur jurerait qu’il voit son torse monter et descendre violemment. Il respire, c’est indéniable, mais pourquoi ne se relève-t-il pas ? Carseb ne se risque pas à s’approcher de Roland, ne voulant pas l’exposer à une éventuelle attaque. Quant aux guerriers de la tour, ils ne bougent pas non plus.
Tous ont les yeux rivés sur le combat. Comme assistant à un spectacle, ils observent les mouvements gracieux de Carseb face aux coups brutaux du zombie. Lorsque Roland a recu un coup à l’estomac, le silence le plus total s’est fait dans l’assemblée. Ils retiennent leurs souffles, attendant que leur chef de guerre se relève. Mais jusqu’ici rien ne se passe. Thanis observe, impuissant depuis le haut de la tour. Il a dépensé une quantité d’énergie incroyable en combattant contre les Vrocks, il se sent trop faible pour tenter quoi que ce soit.
Si ça tourne au vinaigre, j’en garde un peu sous le pied pour téléporter le plus de monde loin d’ici. Il faudra bien essayer de monter une résistance…Et je ne laisserai pas ces salauds s’emparer de l’empire sans leurs mettre des bâtons dans les roues…Markal, Vrael, si vous m’entendez…Faites quelque chose.
Au prix d’un gros effort de volonté, Roland réussit à retrouver ses esprits. Il garde les paupières fermées pour se concentrer sur son souffle. Il ne sait pas combien de temps il a passé à lutter pour ne pas perdre connaissance, mais il se sent maintenant prêt à se relever et livrer combat. Plus que ça, il ressent l’envie irrépréssible d’en découdre et de flanquer une raclée à son adversaire. Il ouvre les yeux d’un coup. Le soleil de milieu d’après-midi est en plein dans son champ de vision. Il n’est pas ébloui du tout.
Curieux, aurait-il pensé s’il était maître de ses pensées. Mais le fait est que son cerveau est vide. Seul son adversaire occupe ses pensées. Si quelqu’un avait été proche de Roland à ce moment-là, et qu’il n’avait pas porté de casque, il aurait vu ses yeux. Il aurait remarqué qu’ils sont anormaux. Non plus blanc, mais jaune. L’iris rouge, injecté de sang et la pupille réduite à l’état de fente.
Il se relève, d’abord lentement, prenant appui sur sa hache. Lorsqu’il esquisse un mouvement pour se relever, les spectateurs de la tour ne peuvent s’empêcher de retenir un cri de joie. Carseb et le monstre sont déconcentrés, ils ne comprennent pas la raison de cette clameur et en cherche l’origine.
C’est durant ce flottement que Roland perd le contrôle. Totalement immaîtrisable, une rage sans égal se déverse en lui, dans tous les recoins de son corp. Ses muscles se gonflent, gorgés de sang, ses sens sont en alerte, même dans son cerveau quelque chose d’étrange se passe. Comme une lame de fond, une fureur noire déferle sur son esprit. Il n’y a plus que lui et le zombie.
Lui et son ennemi.
Un ennemi à abbatre.
Sans vraiment en avoir conscience, il se met à courrir. Droit sur la créature, qui est occupé par les cris. Il charge de toutes ses forces. Hache double en main, il la brandit et hurle. Non pas pour se donner du courage, il n’a pas peur, seul compte la destruction de son ennemi. Il crie plutôt pour alerter son adversaire, le prévenir de son arrivée. Pour que le combat soit égal.
Arrivé à cinq mètres de lui, Roland bondit.
Trop lent, le zombie se retourne pour voir l’homme en plein vol, fendant l'air dans sa direction. Surpris, il n’a pas le temps de parer l’attaque. Mettant toute la force qu’il peut, Roland abat sa hache sur le bras de son adversaire, au niveau du biceps. Comme paraissant couper du beurre, le fil de l’arme tranche net l’os de la créature. Son bras touche le sol, dans une explosion d’insectes, de lambaux de chair et de peau. Roland se réceptionne plus loin, au côtés de Carseb dans une roulade contrôlée.
Sans même un regard pour son ami, il repart au combat pris d’une frénésie meutrière. Le bras restant du Gobelours, tenant encore le gourdin, se prépare à l'assaut, décidé à ne pas se laisser faire. Un combat acharné s’ensuit. Roland ne prend même plus la peine d’esquiver, il pare les coups du géant sans se soucier de leurs forces. Ses muscles bandés, encaissent chaque attaque, sans fléchir.
Carseb observe, estomaqué.
Mais qu’est ce qu’il fout… ? Même Fitz ne frappait pas aussi fort…
Aucun des deux combattants ne semblent prendre le dessus. Jusqu’à ce que Roland, plus rapide tranche d’un violent coup une cheville de son adversaire. C’est comme fendre une bûche. D’un coup sec et dans un horrible craquement, le pied vole à une dizaine de mètres.
Désequilibré, le Gobelours chancèle. L’équilibre et l’agilité n’étant pas son point fort, se retrouver avec une jambe plus courte que l’autre l’handicape fortement. Un horrible rictus cruel barre alors le visage de Roland à la vue de son ennemi en mauvaise posture. Il fait un moulinet avec sa hache avant de repartir, infatiguable, à la charge. La blessure lui permet de submerger son adversaire. Sous le nombre, la vitesse et la puissance de ses attaques, le zombie est rapidement soummis. Au fur et à mesure, Roland démembre son adversaire. Sa jambe entière, puis son autre bras…
La créature se retrouve à l’état d’homme-tronc en moins de deux. Sans paraître diminuer la violence de ses coups, l’homme monte sur le torse de la créature, la piétine et la lacère du tranchant de sa hache. Ce terrible ballet prend fin quand le zombie est décapité. Sa tête tombe lourdement au sol, dans un nuage de poussière. Il plante sa hache dans le crâne de sa victime, elle y reste, solidement accrochée. Il saute du corps inerte, avant de se faire envahir par les insectes qui lui grimpent déjà aux jambes.
Il lève le regard vers Carseb.
Bordel, mais qu’est ce qui arrive à ses yeux ? pense-t-il alors.
Et sans prévenir, dans un puissant cri guttural, Roland lève les bras en signe de victoire. Il se tourne face à la foule de guerriers qui explose. Les armes s’entrechoquent créant un raffut incroyable.
Carseb observe, cette esbroufe, circonspect. Et puis, aussi soudainement qu’il a crié, le chef de guerre baisse les bras et pose ses mains sur ses genoux. Il halète quelques instants, la tête entre les jambes, chancelant. Carseb se précipite aux côtés de son ami avant qu’il ne s’effondre. Il le rattrape et le soutient, debout.
En effet, il ne faut pas traîner. Le voleur a remarqué d’autres ennemis qui arrivent de la forêt. Il faut décamper, retourner vers le gros des troupes.
Roland lève les yeux vers Carseb, reconnaissant. Ils sont redevenus normaux. Blanc et marrons, comme d’habitude.
Ouf, il a de nouveau l’air lui-même.
- Qu’est…Qu’est-ce qu’il s’est passé ? hoquète le guerrier.
- Quoi ? ...Comment ça "qu’est ce qu’il s’est passé ?"…Tu veux dire que tu n’as aucun souvenir ?
Le regard interrogateur alors lancé en dit long sur la réponse.
Le voleur montre derrière lui les membres du monstre éparpillés.
- Mais maintenant il faut y aller !
A l’orée de la forêt, se rassemblent les troupes ennemies. Des Vrocks à pieds sont là, les créatures que Thanis a appelé Erynie, et d’autres encore que Carseb ne reconnait pas. Ils se massent, certainement en vue d’un assaut final.
- Je vais t’aider !
Titubant, Roland s’appuie lourdement sur l’épaule du voleur. Il arrache sa hache, du crâne de sa victime, au passage. Au pied de la tour, les cris n’ont pas cessé, ils redoublent même au fur et à mesure que les deux amis avancent.
Leurs ennemis sortent peu à peu de la forêt et se positionnent en terrain dégagé.
Encore des morts-vivants ?? pense Thanis dans la tour. Mais qui est le con qui les relèvent ?
En première ligne, devant les troupes démoniaques, se pressent en effet de frêles êtres fragiles. Ils n’ont pas l’air solides, mais sont incroyablement nombreux.
Combinés à la sauvagerie des Vrocks et la vivacité des Erynies, nous serons écrasés…
Thanis n’a pas le temps de penser plus longtemps, les ennemis se mettent en mouvement. Lentement, puis de plus en plus vite, ils se rapprochent de la tour.
Tout est perdu…Il faut fuir.
Sans un mot, il se précipite dans les escaliers et les dévalent pour retrouver Carseb.
Où aller ? A La Guilde ? Même pas la peine…Markal et Vrael sont-ils ne serait-ce que vivant ? Merde…
Lorsque Thanis débouche à l’exterieur, quittant la pénombre du couloir, il remarque que Les regards sont en l’air. Tous, sans exception. Le ciel est bariolé de couleurs vives et criardes. Des rayons lumineux fendent l’air, créant des bourrasques colossales. Les cheveux des femmes et des elfes volent au vent, ainsi que les barbes des nains. Les quelques halfelins et gnomes se cramponnent aux jambes de leurs amis pour ne pas risquer de s’envoler. Roplarm se bat avec sa robe de mage pour ne pas se retrouver déshabillé à la vue de tous.
Thanis suit la trajectoire des rayons lumineux. Ils sont si nombreux qu’on ne peut pas vraiment dire vers où ils se déplacent. Jusqu’à l’horizon, le ciel est voilé de couleurs. Des cris de souffrance et de douleur attirent tout de même le mage.
Trop petit pour voir par-dessus ses compagnons, il saisit à la taille un homme baraqué à côté de lui. Sans lui demander son avis, il commence son ascension, jusqu’à terminer à califourchon, sur ses épaules. L’homme, trop occupé à regarder le spectacle n’a pas sourcillé.
Thanis comprend pourquoi.
Les rayons frappent de plein fouet leurs ennemis. Ils transpercent les démons, de part en part, créant un fil de mort, qui bondit de victimes en victimes. Se sont les cris suraigues des Vrocks qui leur parviennent. Les zombies s’écroulent, un par un, sans un bruit. Les Erynies clignotent, Thanis le voit. Elles parviennent à esquiver les attaques lumineuses, mais tôt ou tard, un rayon finit par les cueillir.
Une fois le carnage terminé, les raies de lumières se désintéressent de la tour. Elles s’élèvent dans le ciel et continuent leurs courses, par-dessus la forêt, en direction du désert. Par moments, un rayon plonge vers la forêt pendant un court instant pour revenir ensuite avec le reste du nuage polychromatique.
Les bourrasques se font de plus en plus rare, jusqu’à disparaître définitivement. Tout redevient calme et silencieux, autour de Katdefa. Personne n’ose esquisser un mouvement, dire un mot ou même respirer trop fort. Le nuage s’éloigne encore et encore, disparaît presque à l’horizon.
Sans crier gare, dans un ensemble parfait, La Guilde laisse éclater sa joie. Hurlements, embrassades, pleurs, rires, larmes, hoquets…Chacun s’exprime comme il peut. Ce moment est celui de l’émotion et du bonheur. Thanis est désarconné, il descend précipitament des épaules du jeune homme. Il fonce vers Carseb, n’hésitant pas à user de flamèches brûlantes, du bout de ses doigts, pour écarter ceux qui lui barrent le passage. Il saute dans les bras de son ami alors que Roland s’assied, épuisé.
Thanis ne peut s’empêcher de commenter.
- Quel combat ! Un véritable choc des titans !
- A qui le dis-tu, renchérit Carseb. Je n’ai jamais vu un homme faire preuve de tant de bestialité !
Roland sourit sans dévoiler ses dents.
- Je ne sais vraiment pas ce qu’il s’est passé…Même si j’en ai ma petite idée. Je ne me souviens de rien à partir du moment où ce truc m’a couché d’un coup de pied. Carseb, as-tu vu mes yeux ?
- Et comment ! Ils étaient jaunes et rouges, tout fins ! Tu faisais vraiment peur…
- La rage du Berserker…conclu Roland. Mes ancêtres sont du Nord, au-delà des Volcans de Gurvard. On dit que dans ces contrés gelées et sauvages, même les femmes peuvent user de cette capacité pour se sortir du pétrin. Je n’en avais jamais fait l’experience. C’est un pouvoir qui se manifeste tôt chez les jeunes du Nord, toujours de manière impromptue. Je pensais que ma lignée est trop éloignée de ces peuples pour pouvoir faire preuve de pareilles aptitudes, mais manifestement je me suis trompé…
- Les potions de force, c’est du pipi de chat à côté ! ricane Thanis. Heureux que tu te sois découvert ce petit talent en tout cas !
Quelques minutes se passent encore, puis Roland prend à part Carseb et Thanis et leur dit.
- Il faut que l’on s’occupe de nos morts. Peut-être y-a-t-il des blessés sur le champ de bataille, que l’on peut encore sauver.
- Tu as raison, approuve Thanis. Tu veux parler aux Hommes ? Ils n’ont plus d’yeux que pour toi. Tu as été du début à la fin en première ligne, tu as mené nos guerriers, tu as terrassé un géant…
- Je vais faire de mon mieux, répond-il en se relevant.
- Tiens prend ça.
Le magicien tend une pilule bleue. La même qui a servit au début des combats. Roland l’avale et se met à parler, normalement mais sa voix est amplifiée, de sorte que tout le monde l'entend. Un profond silence les entoure alors.
- Mes amis ! Ecoutez moi ! Est-ce que tout le monde me voit ?
Il grimpe sur un petit monticule. Déjà plus grand que la plupart, il dépasse alors tout le monde d’une bonne tête. Avec sa voix tonitruante et en levant les bras, il attire l’attention sur lui.
- Fiers guerriers, archers, mages, druides, nains, halfelins, humains, elfes, demi-elfes ! Nous sommes victorieux !
Un tonnerre d’aplaudissements accompagne ses paroles. Il tente de calmer la foule pendant une minute, mais rien à faire. L’euphorie est telle qu’il doit hurler pour faire taire tout le monde.
- Silence ! Vous vous tenez devant moi, victorieux et en bonne santé, mais ce n’est pas le cas de tout le monde ! Des blessés nous attendent sûrement sur le champ de bataille. Nous devons enterrer nos morts. Nous nous sommes congratulés, mais notre devoir n’est pas terminé ! Rassemblez tout ce qui peut servir à creuser, nous allons ensevelir les braves tombés au combat ici même. Pour que ce lieu soit un souvenir. Souvenons-nous de tous ceux tombés pour défendre notre monde !
Un silence épais, lourd se fait.
Je n’aime pas jouer les rabats-joie…Mais il faut le faire. Nous avons triomphé grâce à ceux qui gisent sur le champ de bataille, sans vie. Nous leurs devons une sépulture décente.
- Rassemblez nos morts, creusez pour chacun d’entre eux une tombe ! Edifiez un charnier avec les corps de nos ennemis, nous les brûlerons.
Tout le monde, sans exception se met au travail. Les ordres sont executés à la lettre, sans entrain, avec respect, dans le silence.
Les cœurs sont heureux de la victoire mais lourds de la perte de camarades.
Roland, affaibli par la rage qui l’a animé pendant plusieurs minutes supervise les opérations depuis l’ombre de la tour. Thanis et les mages aident à creuser les tombes, grâce à la magie. Vahya s’est absentée pour se rendre dans la forêt. Elle souhaite essayer de retrouver Goldrinn et sa meute, pour les remercier et lui dire au-revoir.
Kozne vient taquiner Roland, à plusieurs reprises. Les deux se chamaillent gentiment quelques instants, puis le jeune homme retourne au travail.
Carseb aide à ramener les corps. N’y tenant plus, profitant d’un instant d’inatention, il s’éclipse dans la forêt. Il avance quelques minutes, d’un pas lent, puis finit par s’assoir, au milieu d’une clairière. Il se prend la tête dans les mains. Aucune larme ne coule de ses yeux, il a seulement le moral au plus bas.
On a gagné Fitz…Mais ta mort m’empêche de me réjouir. Tu m’auras décidément tout fait ! Depuis ce jour où on s’est rencontré entre Slar’Arik et Portuas…Ce jour où cette mage, …Jeksai je crois, t’es apparue…Ce jour où nous avons commencé à relever La Guilde…Qui savait jusqu’où cela nous mènerait…
Il sourit nerveusement, les yeux perdus dans le vague, tandis que ses pensées vagabondent.
J’espère au moins que tu es heureux aux côtés de Saint-Cutberth. Où que tu sois, essaye de nous regarder si tu peux. On a gagné. On a gagné grâce à toi. Sans ton sacrifice, nos ennemis nous auraient submergé…Déjà que là c’était juste. TU as gagné, Fitz ! C’est ton œuvre, tout ça…Huzumil…Cette bataille…Tous ceux qui se sont battus, qui t’ont suivi…Tu nous a réunis, pour que nous fassions de grandes choses…Et ce n’est pas fini !
Alors que ses pensées s’écoulent sans qu’il en ai vraiment conscience, il sent huit griffes acérées lui agripper doucement l’épaule. Il n’a pas peur, même pas un sursaut. Il se sent apaisé dorénavant. Triste, mais serein. Il tourne le regard vers la curieuse sensation et se retrouve nez à nez avec un faucon pèlerin qui le regarde lui aussi.
- Salut, toi, dit-il doucement.
Il lève son bras à hauteur de poitrine. L’animal en profite pour bondir souplement sur le membre à l’horizontal. Sans baisser son bras, Carseb se relève. Le faucon ne bouge pas, oscillant au rythme de ses mouvements. Il retourne d’un pas plus rapide qu’à l’aller, vers la tour. Son bras commence à le faire souffrir, il le baisse donc. L’oiseau anticipe ce mouvement, d’un battement d’ailes, il retourne sur l’épaule du voleur.
Alors qu’il débouche à l’orée de la forêt, il s’arrête et observe l’édifice. Il tient toujours, malgrés ce qu’ils lui ont fait subir. Il est admiratif et observe le sommet. C’est alors, qu’une faible lueure bleutée illumine le ciel.
Il s'élance alors vers les escaliers. Le faucon s’envole vers le haut de la tour.
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