Le grand saut

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Contexte : Zoé, vingt-quatre ans, a échoué à son concours de journaliste une troisième fois et elle a perdu sa mère dans les mêmes années. Ayant besoin de se changer les idées, d’explorer le monde et de se retrouver, elle décide de partir comme fille au pair en Italie. Elle est accueillie par la famille Rinaldi.

Au moins dix mètres de vide séparaient la rivière de mon cœur battant. En short et brassière, j’étais perchée à l'extrémité du promontoire rocheux, les orteils agrippés à la semelle de mes baskets humides. Les quatre membres de la famille Rinaldi me faisaient signe d’en bas en attendant que je saute. “Alors, fais-nous voir que t’en es capable !” m’a lancé Giovanni. Sa silhouette bronzée et bien dessinée aurait suffit à me donner le vertige. Pourquoi fallait-il qu’il ait des idées pareilles, putain ! Il savait que j’avais peur du vide. J’aurais dû sauter directement. M’abstenir d’évaluer cette distance effrayante. Mes jambes tremblaient de plus en plus à mesure que je scrutais la surface de l’eau. “Vas-y, réfléchis pas !” cria Angelo de sa petite voix aiguë. Et voilà qu’un groupe de touristes se retourna vers moi. Tout le monde attendait le moment où j’oserais me lancer. Lucia, l’épouse de Giovanni, m’observait sous sa main en visière. On aurait dit qu’elle avait pitié de moi. Elle ne le savait pas mais je nourrissais le même sentiment à son égard. Son homme jouait les séducteurs avec moi depuis plusieurs semaines, et ça faisait son effet. Le moindre de ses regards sur moi provoquait une décharge électrique. Je faisais attention à chaque parole de ma part qu’il aurait pu entendre. Mon objectif tapi derrière chaque action, lui plaire, tout en restant discrète vis-à-vis du reste de la famille. Et voilà que j’avais débarqué la dernière de cette expédition en canoë. Jamais à cours d’imagination, il m’avait donné le gage de grimper en haut de ce rocher pour m’en servir de plongeoir. D’en bas, ça m'avait l’air faisable. Seulement d’en bas. Et si je laissais tomber cette idée stupide ? Il avait visé juste, il savait que j’étais aussi ambitieuse que dure avec moi-même. Il savait que s’il le disait, j’allais le faire. “Zo-é ! Zo-é ! Zo-é !” entamèrent les Rinaldi tous en chœur, accompagnés par quelques touristes qui frappaient dans leurs mains. Respire, respire un bon coup. “Allez Zoé, on est avec toi ! Cinq, quatre, trois,..” se mit à compter Giovanni. Mes pieds décollèrent du sol avant qu’il arrive au “un” et je lâchai un cri aigu en éprouvant le vide.

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