Chapitre 2
Par Laklandestine : https://www.atelierdesauteurs.com/author/251638085/laklandestine
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Nicolas Bianchi, Nick, est parvenu au sommet alors que tout le monde sait très bien qu'en réalité, ce mec n'en fout pas une. Ça a le don d'énerver les adeptes de la méritocratie qui arrivent tôt et bossent tard tous les soirs dans l'espoir d'une tape sur l'épaule et d'une promotion à la fin de l'année. Ils travaillent d'arrache-pied et on leur en demande toujours plus tandis que ce flemmard de Nick est le dernier au bureau et le premier dehors.
Ce type, occupé à peigner son poil dans la main, reçoit le salaire et les bonus qu'ils convoitent tous. Ils espèrent qu'il giclera un jour, laissant sa place à des gens comme eux, compétents et méritants. Dès son départ, toute une lignée hiérarchique va grimper d'un cran et chacun espère faire partie des élus. La boîte sera enfin efficace grâce à eux. Mais ce beau parleur - il faut au moins lui concéder ça - est difficile à déloger. Il tient bon et cela depuis longtemps. En plus, il semble être cul et chemise avec son boss Joseph Marhic, Jo pour les intimes.
Officiellement, Nick est le bras droit de Jo. Dans les faits, il passe son temps à organiser des "dîners" dans son hôtel particulier du 16e arrondissement. Il fait toujours venir un traiteur hors pair et sert des cocktails dignes des films hollywoodiens et des cigares tout droit sortis de la Havane. Il y a toujours du beau monde chez Nick qui semble avoir accès à une dope livrée par Pablo Escobar en personne.
Dans ses soirées, c'est open-bar. Du jacuzzi au sauna et de la piscine d'eau salée au salon des mille et une nuits, cet homme du monde sait recevoir comme personne et les belles filles sont toujours au rendez-vous. Nick a un réseau d'amis aussi puissants que riches et c'est pendant ces fêtes que se décident en réalité la plupart des promotions internes, des mises sur le marché et autres prescriptions en masse des produits de la compagnie. En toute discrétion, nombre de négociations se font chez lui entre deux lignes de coke sniffées à même les extras engagées pour la servir.
La veille de la découverte du corps dans son bureau, Nick a, d'entente avec Jo, quitté les locaux des ateliers InVivas très tôt. Le boss avait encore un "très gros contrat" à négocier dans la plus grande confidentialité, c'est-à-dire loin de tous les regards, y compris celui de sa secrétaire de direction Lilly et de sa femme Jane qui adore passer faire un petit coucou à son cher mari et parader dans le bureau avec ses achats quand elle revient de son shopping en ville. Le bureau du 36ème étage est un ajout au bâtiment construit sur le toit de la tour et, grâce à son petit ascenseur privé caché derrière une sortie de secours, il offre une discrétion absolue.
Jo avait de plus en plus souvent recours à la discrétion du 36ème étage ces derniers temps. La femme de ménage était à chaque fois chargée de passer tôt le lendemain matin pour effacer toute trace des "réunions" qui s'y déroulaient, capotes usagées et bouteilles vides comprises.
Qu'est-ce qu'il y faisait et avec qui exactement ? Personne ne le savait vraiment. Mais, de récents dégats avaient sonné le glas du magnifique tapis d'orient qui sublimait la pièce. Ses couleurs châtoyantes et sa douceur soyeuse avaient feutré l'ambiance de ce lieu unique et Nick s'était inquiété de voir que son boss ne maîtrisait pas la situation au point de laisser saccager cette oeuvre d'art. Sans elle, le bureau était devenu froidement clinique, et le sol allait bientôt revêtir une nouvelle création. Par contre, cet évènement avait confirmé à Nick son pressentiment : Jo était bel et bien en train de perdre pied, invitant des personnes peu fiables au sommet de cette tour et mettant ainsi leur réputation ainsi que celle de la compagnie en danger.
Ce jour-là, Julie la femme de ménage téléphona à Nick aux aurores. Après un bref échange, elle suivit à la lettre les instructions de celui à qui elle devait sa vie actuelle, avant de composer le numéro du poste de police.
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